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mon bonheur est dans la ville
16 janvier 2017

L'ETE DES RATS, de Martine Cadière

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Un polar dédié à Prévert (selon la jaquette)

Plutôt un été avec Jacques (pour moi)

Quelqu’un a décidé d’éliminer certains résidents de la luxueuse maison de repos « le Vieux-Manoir », et probablement ruiner Blanche Farlac, en se basant sur un poème qu’aurait écrit Jacques Prévert dans le livre d’or du Vieux Manoir, au temps où c’était une hostellerie de qualité, tenue par la grand-mère de Blanche.
Ce poème écrit à la manière de l’inventaire de Jacques Prévert. Cela commence par le dentiste, ensuite ce sera le tour du pharmacien, où cela s’arrêtera-t-il ?

Blanche Farlac est catastrophée. Déjà elle n’arrive qu’au prix de grandes difficultés à sauver les apparences, à donner le change sur ses sentiments,  depuis son tout récent divorce.
Un homme qu’elle aimait « gentiment » dira-t-on, depuis l’enfance, avec qui hélas elle n’a pu avoir un enfant ; elle a donc reporté cette énergie à bien mener cette maison de repos fort coûteuse tandis que  lui, agacé d’être la 5ème roue d’une charrette, a préféré les bras d’une jeune personne qui se retrouve enceinte.
Et il assène cela à son épouse, sans réaliser qu’elle aussi a dû gérer le manque d’enfant du mieux qu’elle le pouvait.
L’égocentrisme des hommes est si douloureux parfois !

Elle se remémore l’été 1955, le plus bel été de sa vie, celui où Jacques Prévert fut pour un été de passage à l’hostellerie – Prévert aimait les enfants et s’occupait plus particulièrement de Blanche, dont il percevait la tristesse, la solitude.

Quelqu’un d’autre se souvient de cet été-là, et de tous les autres moments d’ailleurs, où ses parents métayers de l’hostellerie, subissaient les humiliations constantes du régisseur d’alors.
Ce « quelqu’un d’autre » est le tueur en série, qui a décidé d’éliminer tous ces êtres prétentieux, ces résidents d’un lieu où ils leur étaient interdits d’entrer lorsqu’ils étaient enfants, lui et ses frère et sœur.
Surtout ne pas déranger, se montrer, à ces gens possédant de l’argent donc le pouvoir.

Le lieutenant de gendarmerie François Chasteleneuil, dont l’épouse est enceinte, a fait appel à son ami Ange Mattéi – rencontré lors de l’enquête « la dernière danse de Joséphine ».

Peu d’indices, ce ne sera que par hasard, alors qu’un suspect a fini par avouer, qu’Ange Mattéi, mécontent de ces aveux trop faciles, finit par lire le poème-inventaire.
Mattéi va enfin pouvoir retrouver son Antoinette à Gargilesse, maintenant que l’affaire est résolue.

Comme toujours, je suis tombée sous le charme de l’agréable écriture de la romancière belge Martine Cadière – dans un style simple (mais pas simpliste), avec un vocabulaire plaisant à lire, elle propose ici une histoire policière, laissant surtout la place à cet homme plein de charme qu’était Jacques Prévert. C’est ce qui ressort non pas uniquement de ce livre, mais aussi de l’intéressante conférence que Martine Cadière proposa la semaine dernière à l’ULB.
Elle est une conteuse hors pair, non seulement c’est un régal de l’entendre parler de ce qu’elle aime, avec charme et passion, mais aussi par écrit où cette passion transpire.

Ici nous assistons à un récit à « 3 voix » = celle de Blanche Farlac, petite fille en 1955, année où Prévert aurait passé quelque temps dans le sud-ouest, quittant temporairement St-Paul de Vence ; celle du tueur en série (imprimée en italiques) et enfin, l’histoire actuelle en 2010, le polar que doivent résoudre Ange Mattéi et François Chasteneuil.

Les rats du titre = des rats gros comme des chats, qui infestent le ruisseau au bas du Vieux Manoir, et qui étaient fort hardis cet été-là.

Quel joli portrait elle nous brosse de Jacques Prévert – on ne peut que l’aimer cet homme, ce poète qui a parfois donné des « cauchemars » aux écoliers d’école primaire devant apprendre ces poèmes par cœur.
A côté de ce beau portrait, il y a une enquête qui met le lecteur sur des charbons ardents, car il est évident que l’assassin va frapper plusieurs fois, avant qu’il ne soit découvert.

Par contre les portraits que la romancière brosse des résidents de la séniorie ne sont pas toujours des plus avenants – et ils le méritent bien, avec leurs mesquineries et exigences sous prétexte de payer cher.
Ils m’ont tous fait penser aux personnes de ce que l’on  nomme pudiquement « le 3ème âge », que je rencontre lors des inscriptions facultaires de l’université inter-âges.
Le portrait d’Emilienne de Lacour m’a particulièrement fait penser à l’une de ces femmes qui se prennent pour ce qu’elles ne sont pas et qui s’imaginent que tout le monde est à leur disposition (j’ai, je l’avoue sans fausse honte, peu d’estime et d'indulgence pour les gens de ma génération qui s’imaginent que tout leur est dû)

Pour Martine Cadière, le roman policier est un excellent prétexte pour mettre en scène des personnages ayant réellement existé, qu’elle admire particulièrement et dont elle parle si joliment. Ainsi ai-je déjà eu le plaisir de découvrir = George Sand, Joséphine Baker, Françoise Giroud, Sarah Bernhardt, Colette, 5 femmes d’exception, auxquelles  se joint cette fois, un homme = Jacques Prévert.

A l'occasion de la conférence de Mme Cadière,
j'ai eu le plaisir de découvrir - lu par serge reggiani -
ce poème de Prévert 
que je connaissais depuis de longues années

 

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Commentaires
L
Eliminer des vieux, voilà un sujet qui me plait :)<br /> <br /> ok je sors !!!!!
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A
Un polar avec Jacques Prévert, ça mérite que l'on s'y arrête ! Il faudrait que j'y pense pour le mois belge tiens ;-)
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T
Je vais en mettre un aussi dans ma tablette pour la découvrir.
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M
Depuis le temps que je me promets de découvrir cette romancière dont tu parles si bien !
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