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mon bonheur est dans la ville
23 novembre 2016

THE WHITE GARDEN, de Stephanie Barron

white garden

Titre français = le Jardin Blanc

La paysagiste de jardins, Jo Bellamy, est particulièrement enthousiaste d’avoir reçu une nouvelle commande de la part du richissime couple Westlake = reproduire dans leur nouvelle propriété le Jardin Blanc de Sissinghurst. Malheureusement ce bonheur professionnel est terni par un malheur personnel = après qu’elle lui eût annoncé ce nouveau travail, le grand-père de Jo s’est pendu, sans laisser d’autre mot d’explication d’une vieille lettre concernant des excuses pour la « Lady ».
Elle découvre qu’il a vécu dans le Kent, avant de s’enrôler dans l’armée en 1941, puis venir s’installer aux USA avec celle qui deviendra sa grand-mère.
Désormais, Sissinghurst devient plus que l’objet d’un jardin dont s’inspirer, à copier, mais aussi savoir ce que faisait son grand-père. Et ce, jusqu'à l'obsession.

La responsable du jardinage, Imogen Cantwell,  ne raffole pas beaucoup de ces touristes (surtout américains) qui viennent sans scrupules parfois voler des boutures, prendre des photos. Jo cependant lui fait une relative bonne impression, il est évident que cette jeune femme s’y connaît en jardinage et horticulture.

Jo découvre que son grand-père qui avait été apprenti-jardinier à Knole House, avait été « prêté » à Sissinghurst lorsque la 2ème guerre mondiale est déclarée, pour aider l’équipe dont les effectifs étaient réduits.
En aidant Jo à trouver des notes éventuelles, conseils pour son travail, Ms. Cantwell ouvre une boîte d’archives et à la surprise des deux femmes, y trouve un carnet, aux pages jaunies, ayant été écrit en 1941 et dont le texte est celui d’une femme, en apparence, pourchassée – par des personnes lui voulant du mal ou par ses propres fantasmes ?

Jo demande à pouvoir emporter ce carnet pour la soirée, le lire à l'aise – seulement voilà, pour être certaine qu’il s’agit d’un carnet de notes écrit par Virginia Woolf, il faudrait l’avis d’un expert et la jeune femme décide – sans en référer à Imogen Cantwell – de s’adresser à un expert en livres rares chez Sotheby’s.
La rencontre avec Peter Llewellyn, l'expert,  va s’avérer désastreuse dans une certaine mesure car ce naïf jeune homme a l’idée de s’adresser à son ex-épouse, obsédée par Virginia Woolf, une des têtes pensantes d’Oxford.
Or cette jeune femme est sans scrupules et a bien l’intention de faire en sorte que ce soit « sa » découverte.

A partir de là, l’histoire de Jo Bellamy devient une véritable chasse au trésor, une course contre la montre également, avec non seulement les peu scrupuleux personnages de Sotheby, d’Oxford, sans oublier le commanditaire de Jo, venu dans l’espoir de la séduire, et Ms. Cantwell qui veut récupérer son bien – et celui de la famille Nicolson – à tout prix.

Roger_Fry_-_Virginia_Woolf

portrait de virginia woolf par roger fry

Et si Virginia Woolf ne s’était pas suicidée en ce jour de mars 1941, mais avait seulement voulu échapper à l’emprise de son mari, Leonard, qui l'étouffe dans sa solicitude, convaincu de sa folie ?

Partant de ce postulat, la romancière Stephanie Barron construit une uchronie – genre littéraire  que j’aime beaucoup = partir d’une situation, d’un personnage connu, pour bâtir une théorie aboutissant à une toute autre histoire, aussi plausible, à condition de jouer le jeu.
Comme je suis bon public, je joue ce type de jeu avec plaisir.

« The White Garden » parle de la « double » construction du  superbe jardin blanc de Sissinghurst = celle à l’origine, par Vita Sackville-West et celle qui doit en être la copie pour les Etats-Unis – c’est un roman qui a bien des points intéressants pour lui, en dehors de la relation Woolf-West-Nicolson, on y parle jardinage, les saisons à Sissinghurst  défilent à travers  les pages, le printemps et l’automne anglais, pluvieux, parfois nébuleux, comme le sujet qui se développe au fur et à mesure.

La quête pour savoir ce qui mena au suicide de son grand-père se poursuit lentement, jusqu’à la découverte de ce qui sera un  rebondissement à la fin, dévoilant enfin  tout aux lecteurs  sans doute légèrement perplexes comme moi.
On y va du Kent à Londres, puis Oxford, Cambridge et le Sussex où vivaient les Woolf et la sœur de Virginia, la femme peintre Vanessa Bell.
C’est non seulement passionnant à suivre, mais aussi divertissant.

En dehors de l’enquête littéraire, on y trouve aussi une mise en abyme avec des extraits de ce court journal de Virginia Woolf, dont le corps ne sera retrouvé dans la rivière Ouse qu’un mois environ après son suicide.
C’est ce mois "de vide" qui est exploité dans ce roman.

J’ai un petit peu regretté que l’auteure fasse de Jo Bellamy une femme si « typiquement américaine », c'est-à-dire peu intéressée par la culture, sauf celle des plantes – je comprends qu’une architecte-paysagiste ait d’autres préoccupations, mais ici ce sont des références littéraires basiques (comme Bloomsbury) qu’elle ne connaît pas – or comment peut-on se rendre à Sissinghurst, s’intéresser à Virginia Woolf et ne rien savoir de cette riche époque littéraire ?

Le livre est une chasse au trésor littéraire passionnante, on passe d’un lieu « woolfien » à l’autre, on y lit des extraits du journal que Virginia a écrit pendant ces journées où elle se réfugie à Sissinghurst ; par contre, j’ai été moins intéressée par les atermoiements pseudo-amoureux des protagonistes, qui n'ajoutent pas grand-chose à l’histoire, qui est avant tout une  bonne enquête littéraire  (à la manière de « Possession » d’A.S.Byatt) et qui devient un thriller lorsque des  personnages peu scrupuleux posent leurs mains indiscrètes sur le manuscrit, cette partie-là est plutôt un thriller psychologique, tandis que savoir ce qui arriva réellement à Virginia Woolf en ce printemps 1941 est  un vrai thriller qui nous fait trembler pour la romancière si perturbée.

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Stephanie Barron est une romancière américaine, qui a écrit plusieurs polars historiques ayant Jane Austen en guise d’enquêtrice.
Elle naquit Francine Stephanie Barron en 1963 dans l’état de New York, la dernière de 6 filles. La famille passait ses vacances à Cape Cod ; elle a une passion pour Nantucket et la côte du New England.
En 1981 elle entre à Princeton ; elle devint membre de l’équipe d’escrime et commença à écrire des informations pour le Daily Princetonian. Ce passetemps-là la mena à devenir journaliste mener de front 2 jobs à temps partiel pour le Miami Herald et le San Jose Mercury News. C’est le cours de littérature de John McPhee « Literature of facts » qui aura la plus grande influence sur Barron.
Elle poursuivit des études pour un doctorat d’histoire – elle travailla pendant quelques années pour la CIA (j’avoue ne pas avoir compris ce qu’elle y fit, en tout cas cela lui donna l’envie et le temps d’écrire).
Stephanie Barron s’est lancée dans l’écriture en 1992 et quitta l’Agence un an plus tard. 

Depuis 15 livres ont paru, entretemps se sont ajoutés à sa vie des maisons, des chiens, des enfants (pas nécessairement le bon ordre de citation =^-^=).
Elle aime le jardinage, ce qui se sent dans ce roman « The White Garden ».

l'avis de milly-lamaisondemilly, par qui j'ai découvert ce roman

sissinghurst, comme je le découvris en 2010
(j'aurai le plaisir d'y retourner en 2013)

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Commentaires
M
"trembler pour la romancière" ? Je n'avais pas aimé ce livre cousu de fil blanc, même si on apprend deux ou trois choses intéressantes au passage
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A
Je suis comme Tania, un peu réticente devant l'utilisation de personnages connus, mais pourquoi pas, si l'occasion se présente.
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T
Une histoire que je lirais volontiers, même si je suis un peu réticente devant l'utilisation de vies célèbres dans une fiction. V. W. parle si souvent de Vita et de Sissinghurst dans son Journal. Pour toi qui as visité ce jardin, l'intérêt est aussi multiple.
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L
Bon ben il ne me reste plus qu'à le lire, quoi !
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T
Allez , je le met dans ma PAL, un de plus :( ;)
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