Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
31 juillet 2016

FLEURS D'EQUINOXE, de Yasujiro Ozu

Flagey-logo

yJLf1tJnnPhzHJhL6rfR1W8RPEG

Yasujiro_Ozu_cropped

Higanbana

Titre original japonais = Higan-bana

Titre anglais =Equinox Flower

Scénario de Yasujiro Ozu & Kogo Noda d’après le roman de Ton Satomi

Mr Hirayama est un homme d’affaires, aisé, qui se montre toujours compréhensif, à l’écoute de ses amis. En tant que parrain de la mariée, fille de l’un de ses amis, il offre un discours qui loue le fait que les jeunes mariés se soient rencontrés et ont fait un mariage d’amour, non arrangé.
Ce discours est un bel exemple d’une certaine hypocrisie, car chez lui, Mr Hirayama est un vrai tyran domestique, il a peu de respect pour son épouse, et lorsqu’il apprend que sa fille aînée est amoureuse, il est furieux et empêche la jeune fille de retourner à son travail et l’envoie dans sa chambre avec interdiction de sortir de la maison. Il ne tient absolument pas compte des propos de Setsuko qui tente de se défendre et de dire que les intentions du jeune homme sont honorables puisqu’il l’a demandée en mariage. La jeune sœur de Setsuko défend sa sœur elle aussi.

images

Il interroge un subalterne au bureau, lui demandant s’il connaît le jeune homme en question, et tout le monde n’a que des louages à son sujet. Ce qui  ne convint pas le père, il a un candidat en tête et ne veut pas que sa fille se contente d’un employé de bureau.

Entretemps, l’un de ses amis est venu le voir pour lui parler de sa fille qui a quitté la maison avec un jeune homme de son choix, un pianiste de jazz ; leur vie n’étant pas facile, la jeune femme travaille dans un bar. Mr Hirayama décide d’aller dans le bar en question et discuter avec la fille – qui insiste sur le fait que son père est un homme rigide dans ses convictions, vieux jeu qui voulait qu’elle se marie avec un homme de son choix à lui. Hirayama écoute tout cela, sans broncher, et promet qu’il tentera de parler à son ami.

Pendant ce temps, la meilleure amie de Setsuko a un plan pour aider celle-ci. Elle consulte Hirayama car, dit-elle, sa mère veut lui faire épouser quelqu’un qu’elle n’aime pas mais par contre elle a rencontré un jeune homme qu’elle aime. Du coup, il lui dit de suivre son cœur et ne réalise que trop tard qu’il s’est fait piégé puisque forte de ses conseils, Yukiko lui dit que dans ce cas il est d’accord qu’il faut se marier par amour et qu’il donnerait son accord à Setsuko !
Hirayama est furieux mais n’a plus le choix. Il assistera à ce mariage à contre-cœur, c’est un autre de ses amis qui servira de parrain à la jeune mariée.

L’histoire se termine sur un dernier dîner des « anciens » - les compagnons d’études et amis de Hirayama, où il est évidemment beaucoup question de la difficulté d’être parent, surtout de filles, qui désormais veulent vivre à leur façon.

Il a beaucoup été dit que les scénarios d’Ozu tenaient en peu de place écrite – pour lui la manière de se déplacer de ses personnages était plus importante, même l’intrigue lui importait peu – il attachait surtout de l’importance à la manière de se mouvoir, de s’exprimer.
Il est vrai qu’à bien y regarder – et me basant sur mes expériences à ce jour – les récits se ressemblent = conflits parents / enfants, les parents n’arrivant pas à s’adapter au fait que désormais les jeunes, surtout les filles, désirent choisir leur compagnon et non pas être mariées contre leur volonté avec, parfois, un/une parfait(e) inconnu(e).

Ce film « Fleurs d’Equinoxe » est le premier long métrage en couleurs d’Ozu – je redoutais un peu la couleur, je le reconnais, ayant été sous le charme du clair-obscur de sa période noir et blanc qui exprimait si bien les sentiments en demi-teintes, mais j’avais tort, il y avait du charme dans la couleur.
La gamme des rouges notamment  qui rappelle la fleur d'équinoxe.
La fleur d’équinoxe en question (Higan-bana) est un amaryllis, fleur qui s’épanouit à l’équinoxe d’automne.
On dit qu’elle est le symbole d’une nouvelle saison, après que la précédente, en l’occurrence l’été, soit passée. Ce titre a été choisi parce qu’il représente justement ce changement dans les comportements filiaux = la nouvelle génération  qui veut la modernité, à laquelle les parents – les pères surtout – n’arrivent pas à s’adapter.
Cette métaphore me plaît énormément.

Comme toujours dans les films d’Ozu, les sentiments sont exprimés avec pudeur et discrétion – les larmes qui coulent sont rares et lorsqu’elles coulent, c’est pour exprimer la fin d’une tension très forte.
Chez Yasujiro Ozu  les décors aussi se font discrets, mais avec infiniment de subtilité, il propose au spectateur de vivre au niveau des personnages, sur le tatami, et ça et là, on trouve une théière, un vase, un objet qui ne semblerait pas à sa place. Il met dans son  film, comme dans ses autres réalisations, les lieux qu’il aime = l’intérieur des maisons, avec leurs portes coulissantes, les gares aussi.

Contrairement aux autres films d’Ozu que j’ai vu jusqu’à présent, celui-ci est nettement moins mélodramatique, il y a même certains passages amusants qui dédramatisent un peu les situations et puis, le film se termine sur une note optimiste contrairement aux réalisations précédentes.

A nouveau dans la distribution, des visages connus au fil des différentes réalisations d’Ozu = Shin Shaburi, Kinuyo Tanaka, Ineko Arima, Yoshiki Kuga, Chishu Ryu, Nobuo Nakamura, etc.

Je veux donner une mention spéciale à l’interprétation de l’épouse de Hirayama – une femme à l’ancienne, soumise, discrète qui pourtant n’hésitera pas à dire à son tyrannique époux ce qu’elle pense de son comportement incohérent. Elle est bien interprétée par Kinuyo Tanaka

800px-Higanbana_in_a_woods

Publicité
Publicité
Commentaires
T
Au fil de tes billets, je mesure mon ignorance cinématographique, mais je me délecte de ces billets japonais.
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 226
Archives
Derniers commentaires
Publicité