LAST BUS TO WOODSTOCK, de Colin Dexter

Titre français = Le Dernier Bus pour Woodstock

En ce mercredi de fin septembre, à la nuit tombante,  deux jeunes filles attendent l’autobus qui doit les mener à Woodstock au nord d’Oxford. Celui-ci n’arrivant pas, elles s’impatientent et décident de faire du stop au rond-point.
Là elles grimpent dans une voiture de couleur rouge. Plus tard au creux de la nuit, l’une des deux jeunes femmes, la blonde et jolie Sylvia Kaye est retrouvée morte sur le parking d’un pub, le crâne enfoncé par un « objet contondant ».

Celui qui l’a trouvée est un jeune homme, accro aux films et magazines pornographiques mais il sera bientôt éliminé de la liste des suspects.
Ces derniers pourraient s’avérer très nombreux, mais l’inspecteur en chef Morse, aidé par le sergent Robbie Lewis à qui il a trouvé une « bouille honnête », procède par élimination.
Leur seul témoin, la dame qui se trouvait à l’arrêt en même temps que les deux jeunes femmes, a bien insisté sur le fait qu’elles sont montées dans une voiture rouge et elle a aussi donné une description de l’autre jeune femme, qui malgré l’appel à témoins ne s’est pas manifestée. 
Nos enquêteurs contactent les colocataires de Sylvia, dont l’une d’elles correspondrait éventuellement à la description de la dame. Cette jeune femme semble prendre un malin plaisir à répondre à toutes les questions par la négative, très ironique à l’encontre de Morse et Lewis – pour l’inspecteur en chef, une jeune femme intelligente qui semble les mener en bateau, mais est ce suffisant pour l’inculper ?

Ayant retrouvé le seul propriétaire d’une voiture rouge dans Oxford, ils ajoutent ce Bernard Crowther à la liste des suspects – son ménage bat de l’aile et il avoue avoir eu des aventures mais il a mis fin à celles-ci car il voudrait sauver son mariage.
Trop tard hélas car son épouse se suicide en cours d’enquête. Morse et Lewis ont l’impression d’avoir fait fausse route, la liste des suspects déjà peu nombreux, se rétrécît encore.

Ayant visionné récemment la 3^ème saison des enquêtes de Morse (Endeavour en anglais), il m’est venu l’envie de retrouver les enquêtes de l’inspecteur en chef Morse et le sergent Robbie Lewis (qui a aussi eu une série à son nom (dans laquelle il est désormais inspecteur).

Dans cette première enquête, que je n’avais jamais lue, les deux enquêteurs se rencontrent un peu par hasard et Morse trouvant que Lewis a une tête d’homme honnête, il le prend comme sergent pour l’assister.
Il n’hésite pas à complimenter Lewis de temps à autre, mais le caractère assez arrogant voire impatient de Morse reprend vite le dessus quand son sergent ne répond pas à ses questions comme il le voudrait – de plus en bon intellectuel qu’est Morse, il supporte mal les rapports mal écrits de Lewis (fautes d’orthographe, manque de style, etc.).

Ceci dit l’enquête est passionnante et je n’ai pas deviné la personne coupable parmi la liste des suspects, ni parmi les autres personnes rencontrées en cours d’enquête.
C’était fort bien amené, fort bien imaginé.

Par ailleurs, il y a le chapitre consacré à la méthode de déduction pour en arriver à la voiture rouge qui m’a fait sourire car le roman date tout de même de l’année 1975, et Morse utilise la technique de déduction que l’on confie désormais à un ordinateur.
Il y arrive d’ailleurs parfaitement sans technologie et tout aussi rapidement.

Les personnages sont intéressants à suivre, surtout le couple Crowther et leurs infects adolescents d’enfants – c’est un portrait familial assez désespéré, je n’ai pas été étonnée que l’épouse Margaret mette fin à ses jours.
L’inspecteur Morse est aussi fidèle à sa réputation de séducteur car il éprouve un coup de foudre pour l’une des jolies colocataires.

Ce que j’ai un peu moins apprécié, toutefois, est que l’on parle de viol dans ce roman comme si tout d’abord la jolie morte l’avait « bien cherché », comme si le viol était ce que toute femme souhaite un jour dans sa vie, ou encore comme si une tenue vestimentaire un peu légère, considérée comme provocante,  rendait ce geste immonde normal.

Je mettrai cette conversation, qui m’a choquée (et je ne suis pas pudibonde), sur l’époque où le harcèlement n’était pas encore puni, que ce soit physiquement ou en langage – même si je ne suis pas facilement choquée, j’ai vraiment trouvé ces dialogues peu corrects.  Heureusement, ce chapitre est très court dans l’histoire et sans doute l’auteur avait il une raison valable pour l’introduire dans le roman puisque la victime aurait été violée.

Colin Dexter a commencé l’écriture de ce roman en 1972, au cours d’un séjour au pays de Galles avec sa famille ; comme il pleuvait et que toute promenade était vaine, et surtout comme il s’ennuyait beaucoup, il a jeté quelques lignes sur papier, l’histoire d’un inspecteur qu’il appellerait « Morse ». Dexter avait déjà décidé que l’intrigue se situerait à Oxford, comment le polar se terminerait. Dix-huit mois plus tard le roman était né.

 morse & lewis dans la série télévisée 1980-90

Comments

[Aline1102]

Je n'y avais jamais pensé, mais je viens de le remarquer grâce à ton billet : c'est vrai que certain passage des enquêtes de Morse sont parfois un peu misogynes...

Mais bon, j'aime bien quand même ces romans :-)

[lewerentz]

Je crois que j'ai vu TOUS les épisodes de la série originale que j'adore. Mais, paradoxalement, j'ai lu que deux ou trois romans. Pourtant, je les ai aimé...

[aifelle1]

Je n'ai jamais lu Colin Dexter, je note plutôt la lecture que la série ..

[Anne]

Mais dans la série "Les enquêtes de Morse", Morse est un jeune agent qui travaille (et est protégé) par l'inspecteur Thursday... Cela correspond peut-être aux nouvelles écrites par Colin Dexter ? (j'ai consulté wikimachin)

[Anne]

J'ai suivi la série "Morse" et "Inspecteur Lewis" sur France 3, je crois bien avoir lu l'un ou l'autre Colin Dexter il y a (vraiment) fort longtemps et j'aimerais bien reprendre cette série. La dernière photo que tu proposes, c'est celui qui joue le Lewis actuel en plus jeune ?