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mon bonheur est dans la ville
16 mai 2016

CITIZEN KANE, d'Orson Welles

Citizenkane

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Titre français en Belgique francophone et au Québec = Le Citoyen Kane

Scénario d’Herman Mankiewicz et Orson Welles

Montage réalisé par Robert Wise

Musique de Bernard Herrmann (qui devint plus tard le compositeur attitré d’Alfred Hitchcock)

Photographie (superbe) de Gregg Toland

Xanadu,as_shown_in_Citizen_Kane

 Considéré désormais comme l’un des meilleurs films de tous les temps, novateur dans le domaine de la mise en scène, de la musique et de la narration, « Citizen Kane » est certainement aussi l’un des films qui fit le plus  scandale à sa sortie (et pendant le tournage) pour avoir mis à nu sous forme de biographie romancée la vie du magnat de la presse William Randolph Hurst, un homme que les scrupules n’étouffèrent jamais pour écraser ceux qui le contrariaient. Orson Welles en fit la malheureuse expérience lorsque son film fut terminé ; bien que les critiques furent très positives, la force de frappe de Hurst auprès des sociétés de distribution fut telle que le film ne parut que dans très peu de salles et fut donc un échec commercial.

Pourtant, rien que l’approche du domaine de Xanadu, laissé à l’abandon, avec son zoo privé, délabré, domaine de mégalomaniaque s’il en fût, est un moment de pur esthétisme photographique, avec ses ombres, son éclairage très expressionniste, sa manière de donner au spectateur l’impression qu’il passe outre le panneau « propriété interdite » afin d’entrer dans le saint des saints.
Originale aussi est la « non-présence » physique du journaliste Thompson, chargé de l’enquête – nous n’entendons que sa voix ou n’apercevons que son ombre, ou celle de son chapeau.

A propos du scénario, il semblerait qu’Herman Mankiewicz ait eu dans ses tiroirs un texte pour un film de ce type, mais pas encore très au point et l’homme étant un alcoolique invétéré ne semblait pas décidé à en poursuivre l’écriture.
Orson Welles l’ayant découvert le reprit (à son compte) pour le réécrire.  Les 2 hommes réécrivirent plusieurs fois ce que l’autre avait écrit, jusqu’au scénario définitif.
Finalement il fut très difficile de savoir qui avait tout écrit, cela conduisit aussi à une dispute pour la reconnaissance du scénariste lorsque le film fut édité ; finalement Welles se vit forcé d’ajouter le nom de Mankiewicz dans la distribution.

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Ce que le film raconte = Charles Foster Kane, magnat de la « yellow press » (= presse à scandales), se meurt dans son domaine de Xanadu. Ses dernières paroles sont « rosebud » et la « boule de neige » qu’il tenait à la main tombe sur le sol et se casse. 

Sous forme d’actualité cinématographie la vie de Kane défile sous les yeux des spectateurs, mais ce qui intrigue  le producteur des infos est cette dernière parole. Il met donc un journaliste sur le coup afin d’interroger tous ceux qui firent partie de la vie de Kane. Thompson le journaliste en question approche la fondation Thatcher, fondée par le banquier Thatcher, afin de lire les mémoires de ce dernier,  à qui fut confié l’enfant Charles Foster Kane. Celui-ci vécut les premières années de sa vie dans la pauvreté, sa mère s’occupait d’une pension de famille ; un jour, un client lui ayant cédé un titre de propriété d’une mine d’or, celle-ci révéla soudain un filon rendant Mrs. Kane très riche.
Alors que le petit garçon joue dans la neige avec sa luge, il est arraché à ce moment de bonheur par ses parents et le banquier, Mary Kane souhaitant que son fils ait une excellente éducation. 

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Ce moment de la jeunesse perdue poursuivra Kane toute sa vie. Lorsqu’il entre en possession de sa fortune à l’âge de 25 ans, après s’être bien souvent disputé avec le banquier, un homme sévère et le jeune Kane n’étant pas du style obéissant,  Charles Foster Kane peut  enfin faire ce qu’il veut et avec son meilleur ami, Jed Leland, décide de devenir un magnat de la presse.
Malheureusement, à cause du krach de 1929 perd le contrôle de ses intérêts financiers et est obligé de les céder à Thatcher, le banquier qu’il n’a pas arrêté de vilipender dans son journal.

Poursuivant son enquête, Thompson le journaliste approche Bernstein, le directeur s’occupant des affaires de Kane, qui lui confirme que Kane, visionnaire, engageait les meilleurs journalistes ; l’Inquirer devint célèbre par la manière dont Kane avait l’art de manipuler les lecteurs. Ensuite, vint le mariage avec la nièce du président des USA.
Thompson poursuit ses interviews avec Jed Leland, l’ex-meilleur ami de Kane. Celui-ci se souvient très bien du mariage avec Emily Norton, mais aussi l’intérêt que Charles Kane porta à Susan Alexander, alors qu’il espérait être élu en tant que gouverneur de l’état de New York.  Ce mariage se désintégra peu à peu, pour arriver à sa fin lorsque leur fils unique mourut.
L’épouse n’étant pas stupide, elle le fit suivre, l’adultère fut exposé et le scandale qui en suivit mit fin aux espoirs politiques de son ex-mari. L’image du couple qui se délite s’observe à travers les divers petits déjeuners que prend le couple – petit à petit, on se parle moins, les tenues vestimentaires de l’épouse deviennent plus strictes, etc.        

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Leland lui raconte aussi comment Kane voulut transformer sa maîtresse, devenue sa seconde épouse, en chanteuse d’opéra, ce pourquoi elle n’était absolument pas faite et surtout n’en avait pas la voix.
Ce seront les critiques de Leland dans ce domaine et le refus d’écrire un article positif qui mirent fin à leur amitié.
Enfin Thompson parvient à obtenir un rendez-vous avec Susan Alexander, dont Kane a divorcé, elle lui parle de son échec sur les planches, de l’égoïsme de Charles Kane, de la manière dont il l’isolait dans le domaine de Xanadu. Lorsqu’elle le quitte, il saccage sa chambre à coucher de rage, mais lorsqu’il découvre la « boule de neige » il finit par se calmer.

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Retour au présent, Thompson n’a pas compris ce ou qui était « rosebud ». Seuls les spectateurs le découvriront pendant que le domaine est vidé et que certains objets estimés sans valeur sont brûlés.

La distribution comporte les habitués du Mercury Theatre, car Orson Welles était fidèle à sa troupe = Joseph Cotten (Leland), Agnes Moorehead (Mrs. Kane), Dorothy Comingore et Ruth Warrick (les 2 épouses), Everett Sloane (Bernstein, le directeur), George Coulouris (le banquier Thatcher), Orson Welles bien évidemment interprétant Charles Foster Kane, et bien d’autres.

Après le phénoménal succès de « War of the worlds », Orson Welles fut attiré à Hollywood par un contrat formidable, dont les termes furent dictés par lui = carte blanche sur toute la production, contrôle artistique. L’homme étant « larger than life » le film dépassa largement les délais et le budget prévu, ce qui ruina pratiquement la RKO et obligea son directeur à démissionner car le producteur était resté fidèle à Welles et le défendit devant la commission de contrôle.
Ce contrat fut particulièrement détesté par l’industrie cinématographique car aux USA ce sont les producteurs qui ont le dernier mot concernant une réalisation contrairement à l’Europe où c’est le réa qui a tout à dire.

Orson Welles refusa toujours de confirmer que son film mettait en scène la vie du magnat de la presse William Randolph Hearst, un homme qui faisait la pluie et le beau temps par les articles qu’il publiait – il avait à son service une flopée de journalistes, tous déterminés  à détruire la réputation de quelqu’un si leur patron le demandait.
Hedda Hopper fut l’une de ses envoyées spéciales préférées à Hollywood.
Hearst, marié, avait pour maîtresse la jeune actrice Marion Davies, qui fut particulièrement choquée de se voir dépeinte en « Susan Alexander », qui comme elle passait ses journées à faire des puzzles.

L’épisode de « rosebud » fut entièrement attribué à Mankiewicz, qui mettait là par écrit un événement de son enfance = l’enfance perdue à travers son vélo volé alors qu’il était à la bibliothèque.
Sinon, il est évident pour les historiens du cinéma que la plupart des personnages de « Citizen Kane » furent inspirés par des personnages réels.
W.R. Hearst mit tout son pouvoir, toute sa force de persuasion pour que le film ne soit pas distribué dans le pays – seules quelques petites salles osèrent le mettre à l’affiche, et encore pas très longtemps.

Personnellement, j’ai aimé tout l’aspect technique du film, mais j’ai trouvé que l’histoire proprement dite avait vieilli.
Bien sûr, j’aime aussi l’aspect « petite histoire du cinéma » et tout ce qui tourne autour du film, qui reste un monument du cinéma et qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie (je crois que le fait de l’avoir vu et revu 3 fois a mené à ma lassitude concernant l’histoire =^-^=).

Voir sur le site laplume&l'image les excellents articles  concernant "citizen kane" et  orson welles

 "citizen" Hearst, comme on le surnomma après

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Commentaires
L
Un classique que je me suis promis de voir un jour... ;-)
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M
Je 'lai en DVD, ca fait 50 fois que je dois le voir... Mais il y a tellement de films qu'ils sortent que je manque de temps...
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T
Grand classique s'il en est !! <br /> <br /> Pour une fois, j'ai vu un film que tu présentes :D
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