Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
2 mai 2016

LES TROYENNES, d'Euripide

les-troyennes-d-euripide

Par le théâtre Y-GREC, dans une adaptation de Jean-Paul Sartre

Mise en scène de Yannis Gavras

Décor et costumes de Christian Guilmin et la maison Costhea – perruques de Hair club

Poseidon entre en scène, il constate la destruction de ce qui fut sa ville, la magnifique Troie  bâtie avec Apollon – bien qu’il se soit joint aux dieux favorables aux Grecs, il ne peut que regretter les ruines et voue les Grecs aux pires tourments, qu’il se fera un plaisir de leur apporter – comme il le dira en fin de la pièce = vous crèverez, tous ! Il appelle sa nièce Athena, la rancunière, celle qui s’est acharnée à la ruine de Troie parce que Pâris-Alexandre préféra Aphrodite.  Mais les Grecs ont profané son temple – Cassandre s’y était réfugiée, elle y fut arrachée, traînée par les cheveux et violée sur les marches du temple. Les Grecs doivent payer.

A ce jeu de dupes auquel se sont amusés les dieux,  toute une cité et ses habitants ont été massacrés – tous les hommes et les enfants mâles ont été tués, égorgés – les femmes sont désormais vouées à l’esclavage chez l’ennemi – arrive Hecube et le chœur antique composé des femmes survivantes, celles qui furent les citoyennes de Troie et qui ne sont plus rien désormais que des malheureuses dont se gausse Talthybios, hérault de l’armée grecque –  Hecube maudit les Grecs, sait qu’elle va devoir accompagner Ulysse, l’hypocrite,  le beau parleur, celui par qui le massacre arriva. Elle semble oublier  que le premier à avoir apporté le malheur sur la cité était  le beau Pâris, le lâche fils préféré,  qui ne respecta même pas les lois de l’hospitalité en séduisant la femme de son hôte et l’encouragea à fuir.  
Hecube, amère, maudit aussi Zeus qui n’a rien fait pour éviter ce massacre, à commencer par celui de Priam, son roi, égorgé sur l’autel de son temple.

Arrive alors Cassandre, qui dans un rire hystérique, dans une crise de prophétie vraie hurle à sa mère qu’elle deviendra la concubine d’Agamemnon, mais que sa couche sera sa mort, comme celle du roi des rois qui a enfin soumis  une cité dont il convoitait les richesses depuis longtemps.
Puis c’est au tour d’Andromaque, accompagnée de son petit Astyanax – elle ne sait pas encore qu’Ulysse a convaincu les Grecs que l’enfant devait mourir = il aurait pu dans le futur lever une armée pour venger sa ville et sa famille. Andromaque désormais ose montrer tout son mépris à Hecube qui ne l’a jamais appréciée – elle était l’épouse d’Hector, celui qui défendait la ville, qui allait suivre Priam sur le trône – tout cela est désormais réduit en cendres.
Allons dira le hérault donne moi l’enfant et qu’on en finisse rapidement = nous avons du cœur nous aussi !

Finalement paraît Hélène, réclamée par Menelas, qui promet de la faire lapider à Sparte – mais Menelas est lâche lui aussi, il est bien le frère suiveur d’Agamemnon  et Hélène vêtue de ses plus beaux atours, fardée, alors que toutes les autres femmes sont en guenilles, manipule son mari, elle se moque même ouvertement d’Hecube, à qui elle reproche aussi d’avoir laissé vivre Pâris qui l’a séduite.
C’est oublier un peu vite lui dira la vieille reine que la reine de Sparte vivait chichement dans un pauvre palais dans des atours simples, sans bijoux – elle a vite compris ce que Pâris avait à offrir = l’or de Troie, la richesse tellement convoitée par tous. 

Sous un dernier brasier, les derniers murs de Troie s’écroulent sous les ordres de Talthybios ; les femmes se rendent au bord de la mer où elles doivent embarquer sur les navires ennemis ; Hecube va vers Ulysse mais Poseidon lui promet qu’elle n’ira pas à Ithaque, il fera en sorte qu’elle tombe à l’eau et soit changée en rocher, pour rester sur les rives de ce qui fut Troie et dont elle ne veut pas être séparée.

D’un récit où interviennent des dieux capricieux, vindicatifs, qui s’amusent aux dépens des humains, Euripide – pourtant Grec lui aussi – a fait un formidable réquisitoire contre toutes les guerres et leur cruauté.

Le texte, adapté par Sartre, n’est pas seulement adapté à un récit mythique, au récit homérique, il est adapté à toutes les guerres – Euripide a voulu prouver par cette pièce que dans une guerre il n’y a ni vainqueur ni vaincu = chez les soi-disant vainqueurs, il y a des morts aussi – et en dix ans, beaucoup de Grecs moururent en terre troyenne – ce qui fera dire aux Troyennes qu’elles au moins ont pu enterrer leurs morts dans leur cité, contrairement aux Grecs, morts sans sépulture en terre étrangère, aride et rendue stérile par les combats.
Pour le dramaturge, les premières victimes à souffrir d’une guerre sont les femmes, les filles, les enfants – ce n’est pas l’actualité qui lui donnera tort.

J’ai toujours été fascinée par cette pièce d’Euripide, qui fut brillamment adaptée au cinéma par Michael Cacoyannis,  qui malheureusement n’est pas disponible en dvd, je me demande pourquoi puisque les 2 autres films de sa trilogie ont été édités.

Euripide, comme Eschyle et Sophocle, écrivait des drames qui furent souvent moqués par Aristophane qui préférait la satire aux drames. 
Contrairement à ce que l’on a souvent écrit sur Euripide, il n’était pas fils de boutiquiers, ses parents que l’on qualifieraient de bourgeois à notre époque, firent en sorte qu’il ait une excellente éducation et fréquenta les grands philosophes, Socrate notamment.
C’était toutefois quelqu’un qui n’aimait guère la vie sociale, préférant la quiétude de sa bibliothèque personnelle, chose rare à son époque. Il aimait se consacrer totalement à la littérature.

J’ai apprécié la mise en scène sobre du directeur du théâtre Y-Grec, Yannis Gavras – les décors le sont tout autant = des cubes représentant les ruines sur lesquelles sont assises les Troyennes attendant leurs nouveaux maîtres.

Des effets d’éclairages et de sons pour signifier les flammes. Quant aux costumes, ils sont actuels, tant pour les soldats que les Troyennes – Hécube (excellente Patrizia Carollo) est en cape de veuve, Andromaque (Véronique Skekeres) en tailleur noir, le chœur en brun foncé ; la seule à sortir du lot est Hélène (Monika Nogaj) en robe rouge. Les dieux Poseidon et Athena en blanc (Etienne Lemal et Olympia Samyn).
Menelas (Bernard Renneson), Talthybios (Georges Vancampenhout).
Je ne connais aucun des comédiens qui interprètent ces Troyennes et Grecs – le jeu d’Andromaque ne m’a pas énormément plu, mais dans l’ensemble c’était fort bien joué, notamment Cassandre (Angeliki Kallianou) dans une scène difficile d’hystérie.

 l'incendie de Troie par Simon de Vliegier

Homere_14

Publicité
Publicité
Commentaires
T
La guerre de Troie a donc bien eu lien ;)
Répondre
V
ah tiens, ça m'aurait vraiment intéressée de voir ça! Et tu me donnes envie de lire la pièce, lacune pour moi...
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 197
Archives
Derniers commentaires
Publicité