THE TAMING OF THE QUEEN, de Philippa Gregory
Lady Latimer, née Kateryn Parr, soigne avec dévouement son vieil époux malade, après avoir aussi soigné un premier mari, plus jeune mais de santé fragile. Elle est âgée de 31 ans et très érudite – elle parle couramment français, latin, italien, à la mort de lord Latimer, qui fait d’elle une veuve avec du bien, lui permettant de vivre confortablement, elle devient dame de compagnie de la princesse Mary Tudor.
Lady Latimer espère épouser celui qu’elle aime depuis longtemps, même si l’homme a une réputation de séducteur – Thomas Seymour, l’un des oncles du jeune Edward. Seulement, à la cour, Henry VIII est séduit par son maintien, son allure élégante, son intelligence. Et il la demande en mariage !
Kateryn Parr sait qu’elle ne peut refuser un tel « honneur » - inutile de dire que l’honneur est fortement teinté de crainte car tout le monde le sait, Henry VIII se débarrasse facilement de ses épouses dès qu’elles n’ont plus l’heur de lui plaire.
Le problème d’Henry VIII est qu’il s’imagine à 60 ans passés d’être toujours le vert et fringant jeune homme qu’il était ; or, le roi est un tyran obèse, qui se goinfre à table tout comme il se goinfre dans son lit le soir, avec aussi un petit en-cas s’il se réveille la nuit.
Il a aussi une blessure à la jambe qui suinte régulièrement du pus, qui lui occasionne des douleurs dont ses proches font les frais, bref pas vraiment le meilleur parti qui soit, mais c’est le roi.
Qui a l’âge d’être son père en plus.
Devenue reine, Kateryn prend soin des enfants de lord Latimer et fait en sorte que les enfants du roi rejoignent enfin la cour auprès d’elle et de leur père – la princesse Mary, bien que n’approuvant pas la religion réformée dont Kateryn Parr se fait le champion, apprécie cette femme, la jeune Elizabeth montre un formidable penchant pour les études et le jeune Edward est heureux de ne pas être systématiquement traité en malade.
L’envers du tableau est que la nouvelle reine a eu 5 reines qui l’ont précédée et donc elle reçoit ce qui leur appartenait = fourrures, bijoux, meubles – sauf les perles de celle qu’Henry VIII a transformé en sainte, à savoir Jane Seymour, la jeune intrigante qui remplaça Ann Boleyn.
La seule chose qu’elle possède en titre sont ses livres et parchemins et hélas ils seront à l’origine de ce qui risqua de causer sa perte.
C’est le fait qu’elle se fasse l’avocate de la religion réformée qui fera que Kateryn Parr deviendra la proie des nobles, des prêtres et courtisans toujours ralliés à l’ancienne religion.
Car que l’on ne s’y trompe pas, la réforme, que Thomas Cromwell avait peu à peu établi dans le pays, est menacée – Henry VIII se veut le roi de tous ses sujets et puisque une partie de ceux-ci se veulent encore catholiques, il écoute d’une oreille favorable l’évêque Gardiner, particulièrement ennemi de la nouvelle reine.
Pourtant lorsqu’Henry VIII décide de reconquérir Boulogne, il nomme son épouse régente du royaume. Kateryn Parr prouvera alors quelle étonnante régente elle est – le pays sera pendant de longs mois fort bien gouverné par une jeune femme pleine de sagesse et d’intelligence.
Lorsque le roi revient, il se dit le conquérant de Boulogne, hélas pour les témoins du siège, cette campagne militaire fut un désastre moral – la dysenterie détruisit la moitié de l’armée anglaise, les tactiques militaires du roi s’avèrent particulièrement mauvaises et il traita la population de Boulogne avec un manque total d’humanité.
Partager le lit du roi est, pour Kateryn Parr, un vrai calvaire = Henry VIII est obèse, il sent hélas très mauvais et pas uniquement de la jambe.
Elle se méfie aussi de son amour intact pour Thomas Seymour, un simple geste pourrait trahir ce qu’elle ressent et il n’en faudrait pas plus pour qu’elle soit accusée d’adultère.
Ce qui n’empêche pas le roi de se tourner de plus en plus vers la jolie veuve de Charles Brandon ; on parle déjà, dans les couloirs du palais, qu’elle pourrait remplacer la reine ! mieux vaudrait donc ne pas donner au roi motif à destituer Kateryn. Qui n’est toujours pas enceinte, ce qui aux yeux du roi, qui se croit totalement puissant dans ce domaine-là aussi, n’a pas trop l’heur de lui plaire.
Lorsque l’amitié que la reine porte à Anne Askew, une réformiste très indépendante et pourtant respectueuse du roi, lui fait prendre la défense de celle-ci devant le roi et les courtisans, son sort est pratiquement scellé = elle fait la leçon au roi ! elle ose lui donner tort – encouragé par les catholiques et Gardiner, le roi signe le décret d’arrestation de la reine pour trahison.
Elle va alors, pour sauver sa vie, humblement présenter des excuses au roi, qui accepte exceptionnellement de la recevoir – devant son humilité, reconnaissant ses « erreurs » de jugement, il fait preuve de clémence et se réconcilie avec elle. La garde, n’étant pas au courant de cette réconciliation, vient arrêter la reine alors qu’elle se promène avec le roi – qui entre dans l’une de ses épouvantables colères, le laissant au bord de l’apoplexie.
J’ai une réaction plutôt mitigée à propos de ce roman historique – le livre est répétitif = l’histoire racontée du point de vue de Kateryn Parr, 6ème épouse d’Henry VIII – et pas la dernière si ce dernier n’était pas mort, car il envisageait de la remplacer par la veuve de son ami Brandon – mais tout au long de son histoire, la reine n’arrête pas de répéter à quel point elle est fière d’avoir écrit et publié un livre, elle en écrit un autre, elle pense sans cesse à Thomas Seymour dont elle était amoureuse avant d’être sélectionnée par le « serial marieur » de l’histoire d’Angleterre.
Tous les romans historiques de Philippa Gregory sont des fictions, il est important de le rappeler lorsqu'on entame un de ses romans, même si le fond historique est exact.
Autour de situations avérées, elle brode énormément, adaptant l’histoire à sa manière, avec parfois quelques inexactitudes.
Effectivement la sixième reine était une érudite, elle prit soin avec amour des enfants du roi, elle a transformé les chambres de la reine en un joli lieu où les conversations, les traductions tournent autour de la bible.
Tous les témoignages d’époque le certifient = elle fut une excellente régente lors de l’absence du roi.
Ce qui est aussi rigoureusement exact, c’est le caractère épouvantable d’Henry VIII, un être capricieux, tyrannique, qui aimait liguer les gens les uns contre les autres, sans avoir l’air d’y toucher – par un mot, par un acte, par des promotions il faisait et défaisait les courtisans, et toute la cour sans exception tremblait devant ses changements d’humeur.
S’il fut un excellent souverain au début de son règne, la vieillesse le changea en ogre, physiquement et moralement. L'un de ses traits de caractère était sa versatilité.
De plus, il y a une scène dans le roman, que j’ai trouvée horrible, qui donne son titre au roman « The Taming of the queen », c'est-à-dire « le dressage de la reine » - c’est une scène d’une violence conjugale réellement indigne de la vérité.
Dans la postface, la romancière dit avoir voulu prouver que la violence au sein d’un couple a toujours été présente de tous temps, que le harcèlement moral et physique n’est pas nouveau, et elle a donc inventé cette scène pour que l’on comprenne bien le caractère du roi.
Sincèrement, cette scène fait partie des pages inutiles du roman.
Qui aurait pu se réduire à une novella. Il est découpé en chapitres, portant à chaque fois le lieu où se situent les situations dont il est question.
Kateryn Parr fut une reine hors du commun, tout comme Ann Boleyn, malgré sa réputation de "bas bleu", elle était jolie et pas ennuyeuse du tout – le problème est qu’Henry VIII n’aimait que les épouses soumises comme Jane Seymour, qui mourut en couches en mettant l’héritier de la couronne au monde.