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mon bonheur est dans la ville
28 janvier 2016

LE SIECLE DE DIEU, de Catherine Hermary-Vieille

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A travers les destins parallèles, mais néanmoins croisés,  des deux cousines de Kerdélant, l’une Anne-Sophie la fille choyée (et gâtée) de petite noblesse bretonne, et de sa cousine Viviane qui se préparait au couvent mais a accepté de suivre Anne-Sophie à Paris, les lecteurs assistent à tout le siècle de dieu, alias Louis XIV, car ce roi – comme tous les autres – s’estimait totalement au-dessus de tout, et surtout au-dessus du peuple.
Que son pays souffre le martyre de la pauvreté, soit causée par des phénomènes naturels (hivers très rudes,  pluies, canicules), soit par des impôts exorbitants lui était totalement indifférent.
Encouragé par des courtisans désireux de s’accorder des privilèges, encouragé par un clergé catholique qui  n’était pas sans fanatisme (comme le célèbre Bossuet, alias  «  l’aigle de Meaux »), Louis XIV après sa prise de pouvoir et après la révocation de l’édit de Nantes sera sans pitié, comme le despote tyrannique qu’il sera.
Il est « le Roi Soleil », il est au-dessus de tout, il est dieu.

Le sud de la France, acquis aux idées de la religion protestante, sera victime des tristement célèbres dragonnades.
Sans oublier les guerres et la conscription qui privait les campagnes de leurs jeunes gens, force de travail nécessaire aux paysans. Avec les rues de Paris où les gens crevaient dans le ruisseau, rues remplies d’immondices (et donc de rats), de boue, de truands, d’enfants jetés là pour mendier.

Tout cela vu à travers les yeux de Viviane de Kerdélant, dont la vocation religieuse se tournera vers les hospices et l’aide aux enfants  abandonnés puisqu’elle a promis de ne pas entrer au couvent – ceci l’éloigne néanmoins quelque peu de sa cousine qui, après avoir fait la conquête de ses beaux-parents de Vieilleville au fils desquels on l’a mariée à 16 ans, devient  la coqueluche des salons de Mademoiselle de Scudéry et de Ninon de Lenclos.
Lorsque le roman commence, le superintendant Fouquet vient d’être arrêté et il ne fait pas bon critiquer ouvertement cette arrestation, quand un roi est jaloux, mieux vaut se taire, ou alors accepter de subir le sort de celui que l’on défend.

Anne-Sophie s’estime  mal mariée au maladroit et timide Charles de Vieilleville, chacun vivra donc de son côté. La jeune femme bénéficiant de sa fortune personnelle ne va pas hésiter à se parer sans compter, pour plaire en cour – certains pensent même qu’elle deviendra la maîtresse de Louis XIV, mais Athénaïs de Montespan veille au grain.
Anne-Sophie accepte d’aider financièrement les œuvres de sa cousine, mais malgré les conseils de cette dernière à se rapprocher de son époux, rien n’y fera et le couple se sépare.
Pendant que Viviane se dévoue corps et âme, sa jolie cousine semble perdre la sienne – Viviane se penche sur le destin malheureux de la jeune Marie-Aimée, abandonnée comme beaucoup d’autres sur le porche de l’hospice des enfants trouvés, pendant qu’Anne-Sophie se retrouve prise dans le filet d’un noble breton qui va faire son malheur pendant un certain nombre d’années, elle sera même forcée à l’exil au moment de l’affaire des poisons. C’est à Madame de Maintenon qu’elle devra son retour en grâce à la cour, mais entretemps la jeune femme a mûri ; à la mort de son mari, elle trouvera la paix grâce à son nouvel époux, dont elle aura même un fils, Nicolas.
Pendant que Marie-Aimée, ne trouvant pas la paix du cœur, va fuir ses bienfaitrices.

J’ai apprécié cette lecture qui résume en à peu près 400 pages un siècle de fastes et de misères.

Catherine Hermary-Vieille en plusieurs chapitres et au travers des vies d’Anne-Sophie et Viviane de Kerdélant nous fait profiter des salons parisiens, de cette cour royale où il n’était permis que de rire, danser, surtout ne jamais parler de mort ou de maladie. Pendant que dans les rues de Paris ou les campagnes françaises les pauvres tentaient de survivre.
La romancière, dans le style vif qui lui est coutumier - et surtout son talent d'historienne bien documentée -  dresse un portrait sans concession de la cour de Louis XIV,  aussi bien du roi que de ses maîtresses et courtisans, tous plus lâches et méprisables les uns que les autres.
On croise au passage son frère, le célèbre Monsieur,  célèbre parce qu’il ne cachait pas son homosexualité – bien que marié à la princesse Palatine qui l’appréciait – mais surtout parce qu’il était un brillant stratège, que Louis XIV jalousait particulièrement.

Le roman fourmille de détails, jamais ennuyeux.

Je n’ai pas eu une sympathie démesurée par la frivole Anne-Sophie qui toutefois mûrit au cours de son histoire. Sa cousine, Viviane, est émouvante dans son amitié pour les quiétistes et Jeanne Guyon. Ces quiétistes ne trouvèrent évidemment jamais grâce aux yeux du roi puisqu’ils le critiquaient, aussi après avoir éliminer toute trace du jansénisme, il entreprit de se débarrasser aussi de cette « secte »  dont Fénelon partageait les opinions jusqu’à en entreprendre une polémique avec Bossuet – qui fera tout pour envoyer Fénelon dans un coin de province où ne pourra plus influencer personne.
Le quiétisme sera considéré comme une hérésie et avec sa défenderesse Jeanne Guyon sera mise au ban de l’église – abandonnée par Madame de Maintenon, désireuse de rester dans les bonnes grâces du roi.

Un intéressant roman historique pour les amatrices/teurs du genre.

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Commentaires
A
Je n'ai lu que "le jardin des Henderson" d'elle, avec plaisir d'ailleurs. Je n'ai pas eu l'occasion de la relire.
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T
Oh la belle image du roi soleil !!
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