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mon bonheur est dans la ville
7 novembre 2015

CE QUE DISENT LES CONTES, de Luda Schnitzer

9782732034195FS

(mon édition étant nettement plus ancienne,
la couverture diffère fortement de celle-ci)

Pour Marie-Louise von Franz (disciple de C.G.Jung), les contes de fées apportent la délivrance.
Pour Jack Zipes, les contes sont l’art de la subversion.
N’oublions pas Bruno Bettelheim qui nous a proposé son incontournable psychanalyse des contes de fées (livre qui me fit toujours dire que finalement il valait peut-être mieux que nos enfants lisent « Playboy » que les contes de fées =^-^=).

Luda Schnitzer, que je ne connaissais pas avant de découvrir son livre dans une bouquinerie, fait une belle analyse de ce que disent les contes et insiste sur le fait qu’ils n’ont rien de simple. Contrairement au contexte réducteur où ils ont été réduits par les dessins animés de Walt Disney ou mangas japonais.
Il est vraiment bon de rappeler régulièrement que le conte n’est à l’origine pas du tout une littérature enfantine. Il fait partie de ce que l’on se racontait le soir à la veillée. Au 19ème siècle, on redécouvre l’univers du conte. Le vrai conte s’adresse à tous, sa morale est simple = si vous ne faites pas le bien, vous serez puni d’une manière ou d’une autre, quelle que soit l’astuce que vous utiliserez pour échapper au juste châtiment. Celui-ci vous rattrapera toujours.
Si vous tentez de tromper les autres, cette tromperie se retournera contre vous – cela se retrouve dans tous les contes et légendes populaires depuis la nuit des temps.
Le christianisme et son syncrétisme ont gommé ce que le conte avait de réaliste parce qu’il le considérait comme pervers.

Le livre de Luda Schnitzer aborde  différents sujets = riches et pauvres, puissants et simples paysans, sont égaux dans la punition s’ils sont envieux, perfides et avides d’encore plus de richesses. Cette impartialité peut sembler suspecte, pourtant il s’agit bien de récompenser l’orphelin courageux ou le prince valeureux, ou le paysan astucieux. Mais il parle aussi de l'homme et la nature et  de l'homme face à lui-même.

Le conte ne vieillit jamais d’après l’auteure – on ne connait pas vraiment son origine – toutes les civilisations ont eu et ont encore leurs contes que ce soit dans une version archaïque ou une plus moderne.
D’où vient le conte ? du petit village d’à côté ou de celui des antipodes ?
Ce qui est certain c’est qu’il mélange habilement le fantastique avec le monde réel, dans ce qu’ils ont de plus sombre ou de plus merveilleux.

Dans le vrai conte populaire, dans ceux du folklore oriental notamment, le savoir est très important. Dans le conte occidental par contre, toujours empreint de religion chrétienne, le savoir doit rester le privilège des puissants, le savoir des pauvres est très mal supporté. A côté de ceux très moralisateurs, il y a le regard acéré sur la société de l’époque ; Hans Christian Andersen propose un jugement et une ironie mordante sur les gros bourgeois et sur le clergé avec son hypocrisie.
Le conte est le monde de l’ingéniosité du pauvre dans un monde de riches = quand on ne possède rien, seule l’astuce aide à vous défendre contre l’adversité, ou alors vous mourez (comme « la petite fille aux allumettes »). 

Le femme des contes tient une place prépondérante dans les solutions astucieuses pour arriver au but – elle n’a aucun rapport avec l’image d’Eve – elle est Lilith, l’égale d’Adam.
Comme le dit avec humour Luda Schnitzer « c’est pour cela que le mariage n’a pas marché » ! L’égale de l’homme … je vous demande un peu !

Le conte oriental accepte une femme égale voire quelquefois supérieure aux hommes par son audace, son courage.
Alors qu’au contraire, dans le conte occidental la femme se doit d’être douce, consolatrice, soumise au sort qui l’accable (voir la malheureuse Griselidis de Perrault).
Elle ne parvient à se libérer que grâce à une aide extérieure (personnages ou animaux fantastiques).  Si elle se montre audacieuse, on y décèle un pacte avec le diable (toujours la religion en occident !).

Il paraît, d’après Luda Schnitzer, que chacun de nous possède un conte préféré, qui lui reste dans l’esprit tout au long de sa vie.
Sans vouloir faire autrement que les autres, j’ai TROIS contes préférés, inoubliables =
-      La petite fille aux allumettes – parce qu’à travers toutes ses souffrances elle retrouve enfin sa chère et tendre grand-mère
-      Le chat botté, parce qu’évidemment il y a un chat
-      Le petit chaperon rouge, parce qu’elle désobéit

Luda Schnitzer- de son vrai nom Ludmilla Makowsky -  est une auteure française, née en 1913 et décédée en 2002. Elle a été sculptrice, pigiste et traductrice,  avant de se lancer comme romancière. Elle est connue et appréciée pour ses nombreux recueils de littérature enfantine ; dans l’ouvrage qui fait l’objet de ma chronique elle aborde les différents aspects du conte populaire ; cet ouvrage s’adresse aux adultes qui savent l’importance des contes.

contes

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Commentaires
T
Tu as très joliment illustré ton choix ( j'ai beaucoup aimé tes raisons).
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A
Je ne connais pas l'auteure dont tu parles aujourd'hui, par contre j'ai lu Bettelheim et surtout plusieurs livres de M.L. Franz, toujours passionnants. Le livre de Clarissa Pinkola Estes "Femmes qui courent avec les loups" s'appuie aussi beaucoup sur les contes sud américains. Bref, c'est un sujet inépuisable :-)
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T
Dans une de mes lointaines lectures - ne me demande pas laquelle, je ne sais plus - j'avais effectivement compris qu'il valait mieux donner Play Boy aux enfants comme tu l'écris si bien :lol:<br /> <br /> <br /> <br /> J'avais noté également qu'on retrouvait toute une série de contes quasi semblables dans diverses civilisations pourtant très éloignées les unes des autres.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand au savoir des pauvres !! Effectivement c'est une catastrophe car cela les fait réfléchir ! Et ils n'ont pas besoin de ça ! Ils doivent juste s'assurer et assurer le bonheur, la tranquillité, l'aisance et l'opulence des riches. <br /> <br /> On comprend pourquoi notre civilisation va à vau-l'eau ! Quelle bêtise d'avoir voulu donner le savoir aux pauvres ! ;)
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