L'ETE SE LIVRE AVEC LAVIOLETTE
L’ARBRE, de Pierre Magnan
Oui, Laviolette, mais pas celui des enquêtes contemporaines, plutôt celui de « La Folie Forcalquier », à savoir le Brigadier Laviolette, grand-père du commissaire. Pendant les vacances passées chez ce merveilleux conteur qu’était son grand-père, notre jeune Laviolette – pas encore commissaire – découvre la formidable légende du chêne, celui qui se mettait à flamber en présence d’une personne qui mourrait bientôt.
Il dominait le village de Montfuron et attisait bien des convoitises = les fils n’hésitaient pas à y mener leur vieux père, afin de savoir s’il serait parmi les « bienheureux » qui le voient flamber – ils ne savaient pas, ces jeunes sots, que ce ne sont pas ceux qui voient l’arbre flamber qui meurent, mais bien ceux qui ne voient rien !
A force de susciter tant de convoitises, le chêne attira celle d’Alix Peyre – elle aurait pu avoir un bien meilleur parti que le Polycarpe Truche, mais lui avait l’arbre dans son domaine, et Alix était amoureuse de l’arbre ; comme elle était jolie et très mince, le Truche l’aima – lui il n’aimait pas les femmes fortes.
Ils déchantèrent rapidement tous les deux = Alix ne vit jamais l’arbre « flamber » et du coup se mit à grossir, quant à Polycarpe, il ne toucha plus jamais son épouse car son tour de taille imposant désormais lui coupait tous ses moyens.
C’est alors qu’arriva au village un certain Florian Constantin, un « estranger », qui arriva à se faire accepter du vieux Tasse, qu’une vieille querelle oppose depuis la nuit des temps au marquis de Dion-Mortemart.
Et ce Florian Constantin – qui n’est pas un paroissien des plus honnêtes, loin s’en faut – est particulièrement intéressé par les appâts de la belle Alix, plus elles sont rondes, plus ils les aiment. Il espère acheter pour une bouchée de pain la propriété du vieux Truche, mais à malin malin et demi.
Pendant ce temps, le chêne trône sur les hauteurs de Montfuron, au fil des saisons, inconscient de ceux qui sont prêts à tout, même à tuer pour lui.
Un arbre, devenu une légende, qui scelle le destin des personnages qui l’entourent, voilà une idée originale et digne de ce magnifique conteur qu’était Pierre Magnan.
Le lire, c’est plonger dans un bain de Provence, de poésie, de nature, on sent pratiquement le vent sur le visage en lisant. C'est sûr qu'il l'aime sa Provence, notre romancier, pour en parler avec autant d'affection.
Beaucoup d’humour aussi dans la description des personnages, même les moins honnêtes. Et dans la paysannerie, on est plus intéressé par le gain que par l’honnêteté – personne ne vous dira le contraire.
A lire absolument pour les rebondissements et situations drolatiques qui m’ont fait glousser tout le long de ma lecture. J’ai particulièrement apprécié l’hongre, le cheval de Florian Constantin, qui possède une belle personnalité bien à lui.
Cette novella fait partie du recueil « Les Secrets de Laviolette ».
une vue actuelle du village de Montfuron