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mon bonheur est dans la ville
19 avril 2015

LE JUSTICIER D'ATHENES, de Petros Markaris

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Une enquête du commissaire Kostas Charitos

Deuxième volet de la trilogie de la crise grecque

Cela ne va plus du tout en Grèce depuis que la crise a rattrapé le peuple, victime des riches fraudeurs fiscaux.
Après le suicide de quatre vieilles dames qui ne peuvent plus payer leurs soins médicaux, laissant un mot d’une profonde tristesse, le commissaire Charitos est appelé sur les lieux d’un crime, sur un site archéologique, où un riche fraudeur est retrouvé empoisonné à la ciguë.
Il sera le premier d’une série de crimes « à l’antique » = empoisonnement à la ciguë, morts par flèches trempées dans la ciguë… L’assassin a décidé de s’en prendre aux fraudeurs, ceux qui cachaient soigneusement d’importants revenus tout en déclarant le minimum au fisc.
Celui qui se nomme « le percepteur national » devient pratiquement un héros aux yeux de la population, mais par contre les ministres et les supérieurs de Charitos le pressent de découvrir le coupable.
Comment pourrait-il découvrir le coupable = il n’a aucun, mais alors réellement aucun indice. Sauf les lettres émises par l’assassin, dont la presse finit par avoir copie.
Dans ces lettres sont exposées clairement la manière dont les riches fraudaient.
Le « percepteur » reverse  l’argent sur le compte du fisc grec, il ne conserve même pas l’argent.  
Parce qu’en plus d’être quelqu’un de bien informé, notre assassin est aussi un brillant hacker – qui s’est introduit sans aucun problème dans les dossiers du fisc.
C’est grâce à une profileuse que Kostas Charitos et son équipe vont avoir un premier indice qui finalement les mènera au coupable, non sans avoir auparavant avoir eu quelques problèmes avec ses supérieurs, alors qu’on lui avait promis de l’avancement.

Les meurtres ne sont hélas pas les seuls malheurs, d’autres suicides suivent, des jeunes gens qui ne voient pas d’avenir, un commerçant qui n’a plus les moyens d’acheter de la marchandise.

Parallèlement à son enquête, Kostas fait face à une crise familiale, car sa fille a reçu une proposition de travail intéressante mais qui l’obligerait à quitter la Grèce pour l’Afrique.
Adriani Charitos et les beaux-parents de Katérina sont aux cent coups, Charitos ne sait plus que dire à leur fille pour qu’elle renonce à ce projet.

Sur fond de crise économique grave en Grèce, prisonnière de la Troïka (Commission Européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne), Petros Markaris propose une intrigue policière intéressante, dans laquelle on souhaiterait presque que le coupable ne se fasse pas prendre, tant ses motivations sont compréhensibles. J’avoue avoir beaucoup de difficultés à comprendre ladite crise grecque, mais le roman policier est un prétexte pour dénoncer toutes les magouilles politiques et financières, ainsi que les drames que traverse la classe moyenne.
Ces drames sont accentués – dans l’histoire – par trois suicides bouleversants.

J’avais découvert le commissaire Charitos au début des années 2000, avec son premier polar « The Late Night News » (billet ici). J’avais apprécié sans plus. 
Toutefois, lassée des polars scandinaves et de leurs flics aux problèmes existentiels, j’ai eu envie de dépaysement.

J’ai l’impression que le personnage de  Kostas Charitos a évolué un peu au fil des histoires  car il me semblait nettement plus bougon dans le premier roman lu.  Mais la comparaison avec Maigret m’a paru plus nette ici puisqu’on a surnommé le commissaire Charitos le « Maigret d’Athènes ».
Il avait à l’époque pas mal de problèmes avec tout le monde = subalternes et supérieurs confondus – ici il semble s’être « assagi » car il a des relations normales avec tout le monde, d’autant plus qu’on lui promet un avancement.
Ses relations familiales ne sont pas trop mauvaises, même si ce n’est pas la folle entente avec son épouse, foncièrement pessimiste.
Pour Adriani quand les choses vont mal, ça ne signifie pas qu’elles ne vont pas empirer. 
Avec la presse ce n’est pas l’amour fou, un seul journaliste chevronné et respectueux des règles trouve grâce à ses yeux.
Son passe-temps préféré est toujours la lecture du dictionnaire lorsqu’il rentre chez lui et qu’il attend le souper.

Comme Petros Markaris est également scénariste, traducteur et dramaturge, il ne consacre pas tout son temps à l’écriture de romans, c’est pour cela que je l’avais un peu oublié.
J’aimerais toutefois assez découvrir sa trilogie (qui sera peut-être une tétralogie) de la crise grecque Cahaque roman de cette trilogie peut, néanmoins, se lire totalement indépendamment des autres.
Magouilles, corruptions, fraudes ont mis un nœud coulant au cou de la Grèce et la situation du pays est pire que tout ce que l’on peut imaginer.
Comme partout ailleurs, les fraudeurs encouragés par le grand capital ont mis le pays sur la paille – et ce sont les « petits » qui en payent le prix.

Polar passionnant de bout en bout, qui une fois encore prouve que le polar est un formidable témoin de son époque.

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Commentaires
M
Tiens, tu me fais encore découvrir un autre auteur de polar que je ne connais pas du tout : très drôle, le "maigret d'Athène" ! Ca peut être intéressant pour le contexte grec, ça change des romans policiers nordiques !
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D
Bonjour sheherazade, même si j'ai préféré l'intrigue de Liquidations à la grecque, ce deuxième tome est très bien aussi (tout comme le troisième) et puis j'aime beaucoup le personnage de Charitos entouré de sa famille. Bonne après-midi.
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S
absolument :)
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T
Très actuel ce récit !
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A
C'est un auteur que j'ai l'intention de lire ... un jour.
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