PRENEZ SOIN DU CHIEN, de J. M. Erre
Dans la rue de la Doulce-Belette il y a deux immeubles, le numéro 5 et le n°6 – totalement identiques en construction, qui appartiendraient au même propriétaire que l’on ne voit jamais, les immeubles sont gérés par la société Naudet.
Les immeubles se font rigoureusement face, ce qui veut dire que le locataire du 2ème étage, en l’occurrence Eugène Fluche, a une vue directe sur l’appartement que vient d’occuper Max Corneloup, auteur de feuilletons radiophoniques. Fluche de son côté est peintre sur œufs – du moins sur leur coquille.
Immédiatement, Eugène Fluche prend Max Corneloup en grippe, persuadé que ce dernier l’espionne. La paranoïa n’est pas que de son côté, bien vite l’écrivain de feuilletons se sent aussi observé et menacé.
Chaque immeuble est entretenu par « sa concierge » - Madame Ladoux veille particulièrement au grain de la propreté au numéro 5, un immeuble qu’elle considère de haut standing, abritant des célébrités … mouais si on considère Corneloup et le cinéaste tordu Zamora comme des célébrités, cela en dit long sur l’état des neurones de ladite dame. Dont l’imagination fertile fait immédiatement de Corneloup et Zamora des amoureux ! Zamora est un cinéaste d’un genre assez particulier = il réalise ses films à partir de bouts d’autres films !
Elle déteste cordialement Madame Polenta, la séduisante concierge nu n°6, qui fait fantasmer certains locataires. A commencer par l’écrivain Lazare Montagnac. A ce même n°6 habite aussi, voisin de Fluche, monsieur Dumoget, qui adore et élève des gerbilles dans son appartement – les charmantes petites rongeuses sont même arrivées chez Fluche en grignotant les parois.
En plus de ces « artistes », il y a encore la mère de Bruno et ce rejeton sorti tout droit de l’enfer apparemment – il est la terreur du n°5 et de Max Corneloup qui se voit déléguer le rôle de répétiteur.
Corneloup s’est découvert un ami en Gaspard, le fils autiste– surdoué des chiffres, fils de sa femme de ménage et qui lui propose des idées intéressantes pour son feuilleton radio.
Finalement, cerise sur le gâteau du numéro 5 = madame veuve Brichon, la mémère à son chien-chien Hector – je vous l’avais dit = les immeubles abritent de drôles de phénomènes !
Des lettres anonymes vont pourrir la vie de Max Corneloup, qui de son côté n’hésitera pas à empoisonner l’existence de son voisin d’en face.
Et pourquoi les appartements directement situés au-dessus des étages de Corneloup et Fluche sont ils inhabités ? Mais le sont-ils vraiment ? parfois une légère lueur brille dans l’un d’eux.
La mort de madame veuve Brichon dans des circonstances bizarres (bizarres, vous avez dit bizarres !), nous vaut l’entrée en scène d’un commissaire de police aussi étrange que les drôles de paroissiens qu’il interroge.
La paranoïa est désormais à son comble, tout le monde se méfie de tout le monde et tout le monde imagine le pire de son voisin.
Depuis « Le Mystère Sherlock », je suis conquise par J.M. Erre – difficile de trouver des romans plus loufoques – ici, une fois de plus, cela devenait tellement passionnant que je n’ai pas pu lâcher le roman avant d’avoir terminé cette lecture.
Le roman m’a beaucoup fait penser au roman suivant de cet auteur à savoir « Série Z » (Zamora le cinéaste fait beaucoup penser à « Série Z », lorsqu’on a lu ce 2ème opus de J.M. Erre avant "prenez soin du chien").
Cela tient du polar déjanté où tout le monde pourrait être à la fois coupable et innocent.
Point d’écriture linéaire ici – on saute sans cesse du journal d’Eugène Fluche à celui de Max Corneloup, puis au courrier que Yolande la concierge adresse à sa défunte mère.
Sans compter quelques insertions, dont l’auteur est probablement le romancier lui-même, imprimées en italique, sur l’art de concevoir une histoire et ses protagonistes. Sans oublier des bouts de dialogues écrits par Corneloup pour son feuilleton radio.
Je ne suis pas parvenue à découvrir le pot aux roses final – je vous incite donc vivement à découvrir cette lecture qui redonne le sourire en ces jours de grisaille hivernale.
Je vous recommande le billet de teki - d'autres avis sur le roman chez yspaddaden, critiqueslibres, leslivresdegeorge,