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mon bonheur est dans la ville
23 décembre 2014

COLETTE, de Yannick Bellon

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  1. Le-Palais-Royal-Paris-1st

Suivi de SOUVENIRS D’UN TOURNAGE, de YANNICK BELLON

En 1951, Yannick Bellon réalise un document écrit par Colette, sur Colette – celle-là même  qui disait à propos du cinéma  « qu’il crée des prodiges de poésie ».
Rien de surprenant dès lors qu’elle se prêta avec bonhomie de « se révéler », à 78 ans,  face à la caméra de la réalisatrice française alors âgée de 27 ans.
Le film est tourné en noir et blanc, ce qui n’ôte strictement rien à la poésie qui en émane. 

Introduction = la caméra se promène dans la chambre-bureau de Colette, dont l’une des fenêtres ouvre sur les allées du Palais Royal à Paris, puis « balaie » la pièce = livres, collection de jolis presse-papiers en verre…
Enfin elle paraît, de dos d’abord, installée par la fidèle Pauline, gouvernante-cuisinière-femme de chambre, à qui la lie une sympathique  complicité.

téléchargement

Paraît aussi  Maurice Goudeket, son 3ème mari, qui lui demande où elle en est avec ce film que l’on veut réaliser sur elle, sur les lieux où elle vécut… ce qui lui fait dire que ça risque d’être long, puisqu’elle ne déménagea pas moins de 18 fois, sans compter les maisons de campagne.
Là voilà donc partie avec humour, gentillesse, tendresse dans ces souvenirs de jeunesse, contés avec cet accent typique, où elle roule les « r ».

A commencer par la maison de son enfance heureuse  à St-Sauveur en Bourgogne.
C’est un régal de l’entendre parler jardins, plantes, arbres, de son amour pour ses parents, la mère surtout, l’exigeante Sido.
Ensuite vient le logis de la jeune mariée, logis parisien exigu, situé rue Jacob, où lui tient compagnie un gentil petit bouledogue. Lui tient aussi compagnie, l’écriture (récupérée par son mari  Henri Gauthier-Villars, dit Willy, ndlr du blog).
Enfin ! une nouvelle maison à la campagne que l’on ne peut garder – pour subvenir à ses besoins, la revoilà dans la pantomime, sous la direction de Georges Wague (celui qui enseigna l’art du mime à Jean-Louis Barrault pour son rôle de Debureau – ndlr du blog).
Il prend plaisir à raconter à Yannick Bellon ces années en compagnie de Colette, de sa discipline = « elle a joué la pantomime comme personne » - Colette racontera dans « La Vagabonde » ces souvenirs d’années de music-hall et théâtre « je voyais l’envers de ce que chacun voyait à l’endroit ».

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Puis c’est Passy, avec la naissance de Bel-Gazou, sa fille (Colette), ses chats, le petit chien, et toujours l’écriture pour subsister. Vient ensuite l’intermède breton et l’écriture du « Blé en herbe ».
Elle signe enfin ses romans de son nom à elle car jusqu’en 1923, les droits d’auteur seront encaissés par Willy ! (d’après la conférencière-historienne Martine Cadière).

Aux belles images de la Bretagne succède le midi de la France et la maison de St-Tropez – sera-t-elle la dernière maison ? celle que l’on abandonne pas ?
Non, car Paris la tient et elle découvre le Palais-Royal – la campagne dans Paris comme lui fait remarquer Jean Cocteau, voisin, devenu un grand ami.
Pauline apparaît avec les produits du marché, légumes et fruits pour cette grande gourmande qu’était Colette.
Car si elle n’est plus très vaillante physiquement à cause de l’arthrite, elle est toujours pleine d’allant et de verve.
Elle déteste d’ailleurs qu’on lui parle de sa santé ; elle reproche à Cocteau de la quitter toujours pour travailler, lui la traite gentiment d’ « oisive ».
Elle pour qui l’oisiveté, c’est faire plein de petites choses diverses.

Jean Cocteau la quitte sur l’expression « tu fais l’école buissonnière », qu’elle adore.
Il dira, lorsqu’il apprendra son décès en mai 1954 =  « Colette a quitté le Palais-Royal sans prévenir. A présent elle vient le visiter à la manière des chats, en traversant les murs ».

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Le film des souvenirs se clôture par une dernière image de Colette brodant, avec un sourire à la fois rêveur et mutin, et sur cette phrase de Colette  que je trouve si belle  =
« tout au long de ma vie je me suis penchée sur les éclosions, je ne cesserai d’éclore que pour mourir ».

Ce film noir et blanc sur Colette est suivi par un court métrage d’un quart d’heure, tourné en 2011, dans lequel Yannick Bellon raconte cette rencontre et le tournage du film. Comment il parle de la complexité de Colette et de ses multiples « renaissances » après les aléas de la vie.

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Yannick Bellon est née en 1924 à Biarritz – elle est réalisatrice, scénariste, productrice.

Pour moi, revoir ce document figurant dans ma bibliothèque, s’imposait  directement après avoir assisté  à une passionnante conférence donnée par Martine Cadière, romancière belge, auteure de romans policiers, dans lesquels l’intrigue policière joue un rôle secondaire pour introduire des femmes d’exception, comme dans « Sang pour Sand », « Sarah mourait si bien » (j’aurai d’ici peu le plaisir de vous parler de son roman dans lequel plane l’ombre de Colette – une partie des citations qui jalonnent ma chronique ont d’ailleurs été communiquées par Madame Cadière au cours de sa conférence).

 portrait de Colette par Jean Cocteau

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Commentaires
K
Ah Colette et ses chats, l'une de mes auteurs préférés !!!
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T
Oh voilà un document précieux que j'aimerais beaucoup visionner.
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A
Ça me fait toujours drôle de réaliser que Colette était encore en vie lorsque je suis née .. J'ai appris qu'il y avait un projet pour sauver sa maison de naissance qui doit être menacée. Je ne suis pas allée voir les détails.
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T
Une amoureuse des félins ;)
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