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mon bonheur est dans la ville
10 novembre 2014

RETROSPECTIVE CONSTANTIN MEUNIER

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Victor Rousseau - Buste du Sculpteur Constantin Meunier

buste de constantin meunier, par victor rousseau

Une exposition aux musées des beaux-arts de bruxelles

(ma chronique est basée sur les explications de la guide/historienne d’art sarah cordier, grâce à qui j’avais déjà eu la possibilité de visiter la maison de Constantin Meunier à Ixellesladite maison, à cause des coupes sombres dans les budgets culturels, est désormais fermée au public  en semaine ; on n’y accède que sur rendez-vous, les week-ends, et à condition formelle d’être au moins 10 personnes – sans commentaire)

Source des illustrations = phothèque google et le site du musée des beaux arts de bruxelles (s’agissant d’une exposition temporaire, les photos étaient interdites)

L’exposition a été établie selon un parcours thématique – néanmoins, notre sympathique guide préféra nous emmener de manière plus  chronologique dans le parcours de ce sculpteur d’immense talent, ami entre autres de Camille Lemonnier (surnommé le Zola belge), mais aussi d’Auguste Rodin qui hélas lui fit de l’ombre par sa célébrité – toutefois, nul n’étant prophète dans son pays, Constantin Meunier était connu et apprécié en France et en Allemagne.
Alors que dans sa maison d’Ixelles sont exposées ses œuvres les plus connues, l’exposition offre aux visiteurs la possibilité de découvrir ses œuvres de jeunesse, même celles des tout débuts – (et il est réellement déplorable que cette rétrospective n’attire pas plus de monde n.d.l.r. de ce blog).

Constantin Meunier est né en 1831, à Etterbeek (agglomération bruxelloise), au lendemain pratiquement de la révolution de 1830 – il était le dernier de 6 enfants. Son père se suicide suite à la faillite qui suivit la révolution. Afin de faire vivre sa famille, sa mère divisa leur maison en appartements loués à des artistes – c’est par eux que Constantin Meunier aura ses premiers contacts avec l’art. C’est l’un d’entre eux qui conseilla à la maman de laisser son fils suivre des cours à l’académie des beaux-arts, ayant décelé chez le jeune garçon un futur grand talent.
A l’académie, le jeune garçon suit des cours de sculpture et devient apprenti chez Charles-Auguste Fraikin, qui hélas, ne lui confiera que des plus basses besognes, sans réellement lui apprendre la sculpture, au point que Meunier – dégoûté – se dirigea vers la peinture, qui à l’époque « bouge » beaucoup que ce soit en Belgique ou en France, mouvement plein de rénovation artistique.
Il devient élève de François-Joseph Navez ; rencontre alors Charles Degroux, peinture du réalisme social,  qui aura une grande influence sur le jeune artiste. Il sera aussi ami de Gustave Courbet qui lui aussi faisait partie du mouvement naturaliste, empreint de réalisme social.

Constantin Meunier dira toujours qu’il a eu « 2 vies d’artiste » = avant 50 ans, la peinture ; autour de la cinquantaine, il retrouve le plaisir de la sculpture – la voie statuaire sera sa deuxième vie.
Il sera l'un des fondateurs,  avec ses amis,  du mouvement de la Société Belge des Beaux-Arts, l’équivalent bruxellois du Salon des Refusés à Paris.

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Au début, influencé par un certain esprit religieux de l’époque – même s’il se disait non croyant – Constantin Meunier peint quelques toiles dans le style de Degroux, avec un « regard de croyant »  – il mettra d’ailleurs un certain temps à se débarrasser de cette influence, tout en conservant l’amitié de son mentor.
Encore sous l’influence des quelques cours de sculpture qu’il reçut, on peut voir dans ses premières toiles, une tendance à rendre les personnages statiques, à étudier de manière (trop) précise les vêtements des religieux = comme la coiffe des religieuses dans « Les Orphelines », ou les robes des moines dans l’autre toile « Enterrement d’un trappiste ».
Il fera d’ailleurs régulièrement – de 1857 à 1875 – des retraites à l’abbaye de Westmalle , partageant la vie des religieux (travaux, silence). 
Sa toile « Le martyre de st-étienne » date d’alors – la 1ère version ne sera pas appréciée = Etienne fut lapidé et Meunier a montré le réalisme de la lapidation dans le corps ensanglanté du martyr.

La « première vie » de Constantin Meunier ne sera certes pas aisée matériellement. Marié à une musicienne française, celle-ci donnera des cours de piano pour faire bouillir la marmite. Le couple a alors 5 enfants = 2 filles et 3 garçons.
A l’époque, un peintre vit surtout de commandes, et l’artiste peine à en trouver.
Pour faire vivre sa famille, il faut qu’il vende. L’autre facette de son talent se retrouve dans  des portraits – il les peint un peu à la manière d’Alfred Stevens (un autre de ses amis), mais il faut bien dire qu’il n’a pas la même patte que celui-ci pour rendre ses dames aussi vivantes que celles de Stevens.

1878 est une date importante dans la vie de Constantin Meunier = il se rend au « pays noir », surnommé ainsi parce que région industrielle  - c’est là qu’il découvre sa vraie vocation artistique – il est ému par ce qu’il appelle la beauté tragique et farouche de cette région.

Il y prend de nombreux  croquis, mais ayant accepté des commandes pour ce qu'on a appelé alors un « musée des copies » -  des artistes belges chargés de se rendre à l’étranger et copier des toiles qui ne « voyageaient » pas, afin de permettre au public belge de découvrir des œuvres d’art d’autres artistes. Le musée ne verra jamais le jour, mais Constantin Meunier dut se rendre à Séville en mission rémunérée.
Séville sera aussi une révélation dans la vie de Constantin Meunier ; il y prendra de nombreux croquis et peindra deux magnifiques tableaux = « la Fabrique de tabac » et l’ambiance flamenco des tavernes sévillanes. Il y découvre un monde où les femmes travaillent, emmenant leurs enfants auprès d’elles (les crèches n’existent pas à cette époque). Comme tout le monde, il a lu Prosper Mérimée et sa « Carmen ».
Ces tableaux comportent beaucoup de couleurs, de vie – différents de ce qu’il peindra dans le futur.

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Après Séville commence réellement sa vie de sculpteur. 1883 est à nouveau une date importante dans la vie de Meunier. Ses sculptures sont en bronze ; il considère le marbre « trop noble et pompeux », peu adapté à ce qu’il veut faire.  Les scientifiques ne s’accordent pas sur la méthode utilisé = à la cire perdue ou au sable.

Dans les statues de Constantin Meunier, comme dans certaines peintures, on retrouve le même visage = il leur donne un caractère fier, il veut que le public se mettre à honorer le travail manuel – ses ouvriers sont fiers de leur travail. Ces visages ne sont pas des portraits, c’est la vision de Constantin Meunier, son admiration face aux travailleurs, comme dans « le Débardeur ».
Ses toiles d’époque montrent le réalisme sans misérabilisme, montrant là une forte évolution par rapports aux premières peintures. On retrouve dans ses toiles, le même visage fier que celui du « débardeur » - on le retrouve aussi dans les statues du semeur, du faucheur.

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La période est pourtant pénible pour Constantin Meunier ; non seulement la situation financière de la famille n’est pas brillante, il doit alors accepter un poste d’enseignant à l’académie de Louvain, ce qui lui vaut des navettes, fatigantes et ne lui laissant pas beaucoup de temps de création.
De plus, il perd ses deux seuls garçons, pour cause de maladie.

La célébrité lui viendra presque en fin de vie, grâce à Edmond Picard, un avocat, mécène et actif dans le monde artistique – ami, entre autres, d’Octave Maus. Il est aussi l’ami d’Henri Van de Velde et Picard le présente à Samuel Bing, (né Siegfried Bing, avant sa naturalisation française), qui organisera une rétrospective des œuvres de Constantin Meunier à ce moment-là.

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Avec son grand ami Camille Lemonnier, Meunier entreprend son 2ème voyage dans le Borinage – l’un prenant des notes pour un livre, l’autre prenant des croquis pour de futures toiles. Notamment de l’explosion de la mine de La Boule – il en créera une sculpture aussi belle qu’une « Pieta » .
Est fort touchante également est cette statue du "Cheval de Mine".

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Constantin Meunier a aussi entrepris les croquis et les préliminaires d’un magnifique « Monument au Travail » (figurant à Laeken), qu’il ne pourra terminer mais pour lequel il avait travaillé en collaboration avec l’architecte Victor Horta, mais ce dernier fut « oublié » à la réalisation définitive, confiée à un certain Mario Knauer, architecte, ce qui mit Horta fort en colère.
Ce « Monument au travail » résume tous les thèmes qu’aimait Constantin Meunier = les 4 éléments (feu = industrie, eau = le port, air = la moisson, terre = la mine) ; ainsi que la vie (maternité) et l’avenir (le semeur) , tous 2,  représentants de la fertilité – aux angles, un vieillard (passé et tradition), le mineur (charbonnages) et le forgeron (métallurgie).

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Commentaires
P
Je me réjouis de visiter cette expo : j'y vais ce dimanche avec quelques amis :-)
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T
Très beau billet, Niki. J'ai aussi trouvé cette rétrospective Meunier passionnante, je la recommande à tous ceux que je rencontre. Le jour où j'y suis allée, il y avait du monde. (Je vais ajouter un lien sur mon blog, où j'ai peu abordé la biographie de l'artiste.)
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M
Tu me fais découvrir là un bien bel artiste!
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T
Très éclectique comme Œuvre !!
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