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mon bonheur est dans la ville
7 novembre 2014

MARY QUEEN OF SCOTS, d'Antonia Fraser

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(tableau de samuel sidley
montrant la reine d'écosse face à john knox
source = photothèque google)

J’ai quelques tendances, parfois, à être monomaniaque lorsqu’un sujet m’intéresse.

Après avoir lu la belle biographie de Stefan Zweig (chronique ici) sur cette reine qui fit couler beaucoup d’encre elle aussi, j’avais entamé la lecture de l’excellente biographie écrite par Antonia Fraser- mais = plus de 600 pages, c’est vous dire si j’ai mis un certain temps, et même un temps certain, à lire cet essai, fort bien documenté, toutefois  parfois difficile à lire car très touffu (entamé au printemps  2011, enfin terminé à l’automne 2014 – faites le compte ! – il est vrai que lorsque je me trouve face à une « brique », je lis beaucoup d’autres choses entretemps, pour ne pas me lasser).

L’essai d’Antonia Fraser est un document qui se veut très précis sur la vie de Mary Stuart, ses impossibles maris (voir l’humour de Margaret Simpson  sur le sujet).

En fait, la biographe britannique tente de rétablir certains faits ayant, certes, apporté une touche de romantisme à la figure – et la légende - de la reine d’Ecosse, seulement dans la plupart des romans (là c’est normal) ou autres documents, on a tendance à mettre l’accent sur ses relations avec ses maris, dominée qu’elle était par son cœur – aussi par ses sens, pour certains auteurs, mais là en réalité aucune preuve ne peut être amenée, car ce n’est pas un sujet qu’une reine aborde, même dans ses documents personnels.
C’est pourquoi, même s’il est évident que James Bothwell enleva et profita de la faiblesse physique et morale de la reine pour s’imposer à elle, afin de l’obliger à l’épouser, elle ne sera jamais dominée par ses sens avec lui, comme on l’écrit partout.
En réalité, la reine souffrait d’une forte dépression consécutive au meurtre de son 2ème mari, Henry Darnley, et se rendait compte qu’elle était en train de perdre la couronne d’Ecosse – elle se raccrocha donc à celui qui deviendra son 3ème époux, par une cérémonie de mariage qui ressembla – aux dires de tous – à une veillée funèbre.

Mary Stuart, jeune veuve à la mort de François II, pas du tout aimée de Catherine de Medicis, ne fut que trop contente lorsque des ambassadeurs écossais - parmi lesquels son demi-frère James Stuart, comte de Moray, qui se retourna contre elle - lui demandèrent de venir en Ecosse pour coiffer la couronne.
Hélas, l’Ecosse était en butte aux luttes entre les clans ; dans un premier temps cette jolie jeune femme, cultivée, séduira ces rudes gaillards.
Néanmoins, la jeune femme n’était guère préparée à être confrontée à des hommes acceptant difficilement d’être gouvernés par une femme, une catholique qui plus est, dans un pays profondément attaché à la « nouvelle religion ». L’Ecosse avait besoin, selon Antonia Fraser, à l’époque  d’un dirigeant à la poigne de fer – or Mary Stuart voulait être « aimée ».
Ce qui exaspérait profondément John Knox,  chef de la congrégation protestante, cela évidemment en plus du fait qu’elle n’était qu’une « papiste », donc une hérétique à ses yeux (amusant d'ailleurs ce terme d’hérétique, car Mary la catholique l’appliquait à Elizabeth la protestante).

Entre ses prétentions au trône d’Angleterre – fortement influencées par le roi de France Henri II à la mort de Mary Tudor – et ses erreurs de jugement sur certaines personnes de son entourage, il n’est guère surprenant que Mary Stuart, reine d’Ecosse, développa des problèmes psychosomatiques, à côté de réels problèmes de santé – comme probablement cette porphyrie, maladie du sang,  qui s’est d’ailleurs transmise à toute la lignée descendant de cette reine.

Le rôle d’Elizabeth Ière n’est certes pas des plus beaux dans «  l’affaire  Mary Stuart » (19 années de captivité),  la souveraine anglaise ne voulait pas que les luttes entre catholiques et protestants reprennent, elle-même se savait menacée parce que beaucoup continuaient à la considérer comme « bâtarde » d’Henri VIII, donc n’ayant pas droit à la couronne. C’est d’ailleurs là-dessus que se basent les Guise, les oncles de Mary Stuart, pour la pousser à exiger la couronne d’Angleterre.
C’est Elizabeth qui poussa Henry Darnley dans la direction de l’Ecosse, sachant que Mary Stuart ne résisterait pas à ce beau parleur à belle prestance physique.
Darnley va se montrer rapidement un être veule, exigeant d’être roi et non prince consort – il sera le père de l’unique enfant de la reine, le futur James VI d’Ecosse et James Ier d’Angleterre puisqu’Elizabeth le désignera comme son héritier.
L’attitude de Darnley à l’égard de son épouse et des clans écossais va rapidement lui valoir d’être détesté de ces derniers – c’est l’ambitieux Bothwell qui achèvera Darnley à Kirk o’Field, et ceux qui disent que la reine l’ignorait se trompent complètement. Mary souhaitait elle aussi la disparition de ce triste personnage.

Vous l'aurez compris = une vie sur fond d'intrigues, d'alliances et trahisons, sur fond de guerres de religions. Après une enfance choyée, où elle fut littéralement adulée.

Je dois reconnaître en toute franchise que j’ai quelque peu préféré la biographie de Stefan Zweig, à celle d’Antonia Fraser, pour sa concision et, malgré cette concision, sa précision.
Le document d’Antonia Fraser est très riche de détails qui, à la longue, deviennent un peu lassants, puisque l’on fait sans cesse des bonds en arrière ou en avant, en guise de références aux situations. On sent que la biographe a réellement eu accès à tous les documents possibles sur le sujet et elle en a tiré un essai intéressant, mais plutôt destiné aux historiens.

L’essai d’Antonia Fraser a paru pour la première fois en 1969 – il a été souvent réédité depuis, notamment pour le 40ème anniversaire de sa première parution, en 2009 – c’est cette édition là dont je dispose, mais la couverture diffère de celle mise en ligne.

au-desus = 4 portrais de mary stuart (adolescente, jeune reine de france,
veuve (reine blanche) et un portrait peint après sa mort, la montrant à fotheringhay
au-dessous = les 3 maris, françois II de france, henry darnley, james bothwell
ansi que riccio le secrétaire assassiné et james stuart, comte de moray, demi-frère de la reine
 

mary3

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Commentaires
A
Tu m'ôtes un grand poids, Niki : je pensais être une des seules monomaniaques de mon entourage concernant la lecture (Tolkien, la Rome antique, les Tudors, l'Angleterre,...). Je me sens bien moins seule grâce à toi. :lol:<br /> <br /> Trois ans pour lire un ouvrage tel que celui-là ce n'est rien ! J'ai mis 13 mois pour lire les Piliers de la Terre, alors...
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:
A des manies comme celle-ci, tu peux te laisser aller...
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T
Hé bien 3 ans et demi après l'avoir commencé tu te souviens encore du début !!!<br /> <br /> <br /> <br /> Pas vraiment de problème de mémoire ;)
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A
J'ai lu également la biographie de Stefan Zweig mais je ne connais pas celle d'Antonia Fraser. Je vous recommande, par la même occasion, l'admirable biographie de Zweig sur Marie-Antoinette. Un pur chef-d'oeuvre, encore supérieur à l'ouvrage qu'il a consacré à Marie Stuart.
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