LES CHOUANS, d'Henri Calef
Réalisé en 1947 – scénario de Charles Spaak & Pierre Brive, d’après le roman d’Honoré de Balzac
Dialogues de Charles Spaak
Directeur de la photographie = Claude Renoir
La France est sous le consulat en 1799. Pourtant, en Bretagne, la chouannerie n’abdique pas, même si elle n’est plus ce qu’elle était – les chouans attaquent surtout les voyageurs et les diligences.
Afin que les paysans bretons se battent vraiment contre ceux que les Blancs nomment les usurpateurs, arrive le fringant marquis de Montauran, fidèle au roi, assistant la belle madame du Gua, une farouche résistante aux troupes révolutionnaires.
Les Chouans attendent avec impatience un envoyé avec des espèces sonnantes et trébuchantes, afin d’armer leurs troupes défaillantes. Hélas, l’homme est arrêté à Alençon, où le couvre-feu est déclaré. Mme du Gua et le marquis sont bloqués.
Une jeune femme, madame de Verneuil est également arrivée à Alençon. On fait comprendre au représentant du comité révolutionnaire que cette dame doit passer outre le couvre-feu – il y a des raisons pour cela en haut lieu.
Du coup, elle fait profiter le marquis et sa compagne de cette opportunité de quitter la ville. Madame du Gua ne témoigne aucune sympathie à cette femme qui les aide si facilement, elle est convaincue que cela cache quelque chose, ce en quoi elle n’a pas tort.
Un certain Corentin, ambitieux révolutionnaire, policier peu scrupuleux, fait comprendre à la jeune femme où est son devoir, hélas à elle aussi l’amour joue des tours et voilà nos deux amoureux considérés comme traîtres dans leur camp respectif.
Tout cela va forcément très mal finir.
Si Jean Marais ne me convainc pas toujours comme acteur dans les histoires psychologiques (les Enfants terribles – les Parents terribles), je dois reconnaître que dans des films historiques et d’aventure, des histoires de cape et d’épée, je l’aime bien.
Il est un fringant marquis, tombant amoureux de qui il ne faut pas, mais l’amour se commande-t-il !
Le bel objet de cet amour est Madame de Verneuil, une révolutionnaire convaincue, prête à le trahir mais ne pouvant s’y résoudre, elle est jouée par Madeleine Lebeau, épouse de Marcel Dalio dans la vie. Après quelques films mémorables (dont Casablanca), elle ne tournera plus rien de valable.
Madeleine Robinson est la passionaria des royalistes, Madame du Gua. Cette comédienne pleine de talent, fait parfaitement passer la jalousie et la haine qu’elle éprouve à l’égard de sa rivale.
Corentin, le révolutionnaire cynique, utilisant madame de Verneuil, pour qui seul compte "la cause", est joué par Marcel Herrand. Très convaincant aussi.
Louis Seigner interprète un prêtre chouan, qui n'a que "pour dieu et le roi" à la bouche. Quant à Pierre Dux, il est le représentant du peuple à Alençon.
Les romans d’Honoré de Balzac – comme ceux de Madame de la Fayette avant lui – sont des romans à clefs ; on y trouve des personnages fictifs teintés de personnages ayant réellement existé, comme cette jolie madame de Verneuil, devant faire tomber le marquis de Montauran qu’elle n’arrivera pas à trahir, malgré leurs convictions opposées. Ils seront trahis par Madame de Gua, acharnée à la cause royaliste et qui hait madame de Verneuil.
Après avoir visionné le film, j’ai très envie de découvrir le roman, qui comme par hasard figure dans ma p.a.l.
Cette romantique histoire d’amour, avec tous les ingrédients de ce type de drame historique = jalousie, trahison, l’union dans la mort – m’a fait penser à un autre film sur pratiquement le même sujet = « les révoltés de Lochmanach », avec Dany Robin et Jacques Castelot, entre autres.
Malgré la belle photographie noir et blanc de Claude Renoir, on ne peut pas dire que le film marque fortement les esprits – néanmoins, le réalisateur Henri Calef, tente de démontrer que dans un conflit, tout n’est pas tout blanc ni tout noir (dans un film en noir et blanc, ça s'impose !).
On a aussi dit que par cela il a voulu se démarquer de la période « d’épuration » qui a suivi la 2ème guerre mondiale.