MEMOIRES D'HADRIEN, de Marguerite Yourcenar
Je vais probablement – en donnant mon avis – une fois de plus jeter un pavé dans la mare de tous les grands prix littéraires et lauriers attribués à la romancière.
« Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar n’est rien d’autre qu’un roman historique, une « fausse » autobiographie, dont certains passages sont inventés comme souvent dans un roman historique – confirmé d’ailleurs par l’auteure elle-même dans les notes qui suivent le roman.
Celui-ci comporte 6 chapitres = un prologue, 4 chapitres, un épilogue, dont les titres sont à chaque fois une partie d’une citation latine.
C’est à propos du prologue que j’ai eu un problème au point d’avoir envie d’abandonner le roman - je ne peux m’empêcher de dire qu’il s’agit de l’un des textes les plus prétentieux qu’il m’ait été donné à lire.
Cela n’enlève évidemment rien à l’intérêt que suscite un beau texte, bien documenté et écrit, avec un riche vocabulaire – et c’est là que le bât blesse = la romancière se gargarise littéralement de beaux mots.
J’ai failli arrêter ma lecture pendant ce premier chapitre, tant cet exercice de style, pompeux, sur le corps qui se délite pour cause de vieillesse s’étale, se prolonge.
J’ai d’ailleurs vu dans ce 1er chapitre le ressenti de Marguerite Yourcenar sur la vieillesse, ressenti extrêmement négatif, amer et déprimant, dont elle ne s’est jamais cachée = je me souviens avoir entendu un interview d’elle où elle exprime textuellement les paroles du chapitre.
Au 2ème chapitre, heureusement, cela se calme, le vocabulaire – tout en restant élégant – est moins prétentieux. Il est une lettre qu’Hadrien écrit à son petit-fils adoptif, le jeune Marc Aurèle.
Hadrien décide de poursuivre, après le premier chapitre, en racontant toute sa vie.
Une page d’histoire se dévoile petit à petit au lecteur.
Du jeune Hadrien - admirateur des philosophes grecs, impatient de changement, frustré dans ses projets, n’appréciant pas certaines manœuvres de Trajan, son père adoptif (acte d’adoption contesté par les ennemis d’Hadrien) – jusqu’à ce vieillard désabusé, c’est une page de l’empire romain qui se déploie.
Un empire avec ses luttes intestines, ses courtisans, les ennemis avides de pouvoir, les luttes de succession, les assassins toujours prêts à frapper afin d’arriver à leurs fins, secrets d’alcôve….
L’empire romain a posé les jalons pour les futurs empires et royautés à venir dans l’Histoire – toutes les cours du monde vivront cela plus tard, l’Histoire s’étant construite sur les ruines, les cendres et le sang d’autres civilisations refusant de se soumettre, et ce malgré les belles paroles d’Hadrien prétextant préférer la paix.
Ce n ‘est d’ailleurs pas fini, lorsqu'on lit l'actualité.
Marié à Sabine, il n’en éprouvera aucun bonheur – le grand amour de la vie d’Hadrien sera le jeune Antinoüs. Le suicide de ce dernier poussera Hadrien à créer une cité à son nom.
Il ne faudrait cependant pas croire que les femmes ne l’intéressaient pas.
Il eut pour meilleure amie, Plotine, l’épouse de Trajan, qui le protègera et l’aidera par des conseils avisés.
Une phrase du livre m’a frappée à ce propos = aucun souverain ne mesure que son successeur va devoir vivre et construire sur les conséquences des meurtres commis. On assassine au nom de la paix et ces morts deviennent alors des martyrs aux yeux des ennemis.
Je ne regrette donc pas vraiment cette lecture que j’aurais manquée si j’avais laissé tomber dès le 1er chapitre qui m’a si irritée.
J’ai surtout apprécié le carnet de notes de l’auteure à propos de son roman, plusieurs fois remanié avant publication.
hadrien, antinoüs et marc-aurèle (jeune)