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mon bonheur est dans la ville
17 mai 2014

THE CHILD'S CHILD, de Barbara Vine

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Non encore traduit (traduction annoncée) 

Grace Easton prépare sa thèse universitaire sur le sort peu enviable, dans la littérature anglaise, des jeunes femmes enceintes, non mariées, dont la seule issue est parfois le suicide – rejetées par leurs familles, si elles sont d’un milieu bourgeois, ou jetées à la rue si elles sont des servantes (souvent engrossées par le maître de maison !).
L’amant de son frère se moque d’elle d’ailleurs, pour lui elle ferait mieux de parler du mal fait aux homosexuels qui souffrent autrement plus de leur situation illégale à travers les siècles.
Bref ces deux là ne sont pas vraiment faits pour s’entendre, malgré l’affection et l’amour qu’ils portent tous les deux à Andrew Easton.
Lorsque le frère et la sœur héritent d’une grande propriété, ils décident d’y vivre ensemble, chacun occupant la moitié de la maison, tout se passe à merveille jusqu’à ce   l’amant d’Andrew l’y rejoint, la mésentente entre James et Grace devient un poids pour Andrew.
Ayant été témoins d’un meurtre brutal, Andrew et James seront amenés à témoigner, mais James craque complètement, n’arrive plus à écrire (il est romancier) et dans un moment d’égarement mutuel Grace et lui se retrouvent dans les bras l’un de l’autre, avec pour conséquence que Grace tombe enceinte. Comment en parler à Andrew ?

Andrew a reçu d’un ami éditeur un manuscrit intitulé « The Child’s Child » - non seulement le sujet pourrait compléter sa thèse – le manuscrit a été rédigé dans les années 1950, mais l’histoire (véridique) s’est passée au début des années 1930.
Grace, bien vite, se passionne pour l’histoire de Maud Goodwin, fille d’une famille bourgeoise, méthodiste ; Maud a 15 ans, un avenir scolaire prometteur pour une fille des années 30 mais « pour voir ce que ça fait » a couché avec le frère d’une amie et se retrouve enceinte. 
La réaction de la famille Goodwin est d’une férocité incroyable = Maud devra se cacher jusqu’à l’accouchement dans une institution pour ses « semblables » et puis l’enfant sera donné en adoption. La jeune femme se rebelle et trouve un allié en son frère John, homosexuel. A cette époque, il ne faut pas que cela se sache, John finirait en prison.

ll propose à Maud de le rejoindre dans une maison de campagne, où ils passeraient pour femme et mari. Maud accepte cette proposition généreuse, aucun des deux ne réalise vraiment bien tout ce que cela impliquera de compliqué – mais au moins, Maud est-elle « libre » de son horrible famille.
Elle va pourtant prouver qu’elle est digne d’eux car lorsque John ose lui avouer son homosexualité et son amour pour le jeune Bertie Webber, elle le traite avec dégoût et mépris, oubliant toute la bonté de ce frère qui lui permit d’avoir son enfant.
John Goodwin n'a pas non plus envisagé les problèmes qui pouvaient naître de leur situation, à l'égard des voisins par exemple.

Au fil du temps, Maud qui adorait sa petite Hope enfant, va s’avérer être une femme amère et jalouse de sa fille. Elle se complait dans une solitude qui ne peut qu’avoir des répercussions négatives sur son caractère de plus en plus étroit d'esprit.

John, de son côté, vit dans les tourments de l’amour, mais aussi se débat financièrement pour faire vivre sa sœur, sa nièce et son amant.

J’aime énormément es romans de Ruth Rendell et encore plus ceux qu’elle écrit sous son pseudonyme de Barbara Vine, car pour la romancière il est évident que les 2 types d’histoires qu’elle écrit ne doivent pas être comparées (les éditeurs français n’ont jamais respecté ce souhait et publient tous les romans sous le patronyme de Ruth Rendell, estimant que les romans de Barbara Vine se vendraient mieux de cette manière -  cela me choque toujours que les desiderata d’un romancier soient aussi peu respectés).

Une fois encore ici,  l’histoire m’a séduite avec ce regard sur un passé où l’homosexualité était  soit condamnée à mort, ou passable d’une lourde peine de prison.
Tout comme une jeune mère célibataire était littéralement marquée au fer de l’opprobre  choisissait de se tuer parce que ce poids était trop lourd à porter. 

Le personnage de Maud est tout sauf sympathique – après un premier mouvement de pitié que l’on ressent par la manière dont elle est traitée par sa famille, elle s’avère rapidement aussi étroite d’esprit qu’eux et traite son frère, plein d’humanité et de bonté, avec le même mépris que sa mère a affiché lorsqu’elle s’est rendu compte que Maud était enceinte.
Pour elle John est « sale ».

Roman dans le roman, la manière dont la romancière nous propose tous les personnages, aussi bien John le généreux frère, qui sera bien mal remercié pour sa bonté, que les parents et les sœurs ayant bien décidé de rayer Maud de leur vie, ainsi que le vulgaire Bertie, le voisinage curieux de la petite ville de province, est criante de vérité = j’ai eu l’impression, tout au long de ma lecture, de les voir devant moi – agir, parler, ressentir.
Une belle étude de caractères, de mentalités. Chaudement recommandée.

Par contre, je ne partage pas l’avis de la 4ème de couverture où il est dit que Grace Easton, qui vit aussi avec son frère et l’ami de lcelui-ci, qui est également enceinte sans possibilité, sans envie de se marier, Grace donc établit un parallèle entre sa propre histoire et celle du manuscrit qu’on lui propose d’éditer – le seul parallèle possible est qu’elle attend un bébé hors mariage et que son frère est homosexuel, plus l’animosité qui l’anime à l’égard de l’amant du frère.
En dehors de cela, ils vivent au 21ème siècle où ce type de situation n’est pas couvert d’opprobre (même si parfois certaines étroites mentalités pourraient y faire songer).

Un roman à découvrir absolument lorsqu’on aime les  études de caractères.

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Commentaires
C
La dernière phrase de ta note me fait très envie ! Je n'ai pas encore lu l'auteur mais j'ai déjà noté plusieurs de ces titres... (En effet tous sous le nom de Ruth Rendell...)
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M
Il me tente mais en même temps, j'ai peur que ces esprits étroits me tapent sur le système !
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M
À surveiller quand il sera traduit. Ça semble un très bon roman! :)
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S
comme je le disais, de par son métier, grace lit le manuscrit - c'est un roman dans le roman - il y a effectivement 2 histoires = celle du présent et celle ud passé que grace lit dans le cadre de sa thèse
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M
Oui, ce roman me tente beaucoup, j'aime bien R. Rendell j'en lis de temps en temps... ( moi je trouve que le sujet est d'actualité ! Les différences par rapport à la norme ne sont jamais bien acceptées quelle qu'elles soient !
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