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mon bonheur est dans la ville
28 mars 2014

TO THE POINT

Sans titre 1

Lumière – science et couleur – un art neuf, une nouvelle manière d’aborder la peinture

Le Pointillisme, aussi nommé néo-impressionnisme – 1886-1905 

(chronique basée sur les explications de notre guide/historienne d’art Sarah Cordier – source des photos = photothèque google, la prise de photos étant interdite - sauf les affiches)

Cette exposition est novatrice dans le domaine de partager le pointillisme = elle n’est consacré qu’aux portraits.

Le pointillisme naît avec la célèbre toile de Georges Seurat = un dimanche d’été à la Grande Jatte – un paysage, où même le cadre était peint. Elle fut exposée lors de la 8ème et dernière exposition des impressionnistes, qui s’insurgèrent contre le tableau, estimant qu’il ne correspondait nullement à l’impressionnisme, ce qui est évident puisqu’il marquait la naissance d’un genre nouveau.
Néanmoins, là où la critique des peintres impressionnistes n’est pas du tout objective, c’est lorsqu’ils estiment que l’impressionnisme c’est la lumière, ce qui n’est pas le cas de ce « néo-impressionnisme », or justement s’il est bien un genre qui étudie la lumière de manière technique et scientifique, c’est bien ce pointillisme justement.
Edgar Degas et Alfred Stevens furent 2 des voix qui s’élevèrent de manière virulente contre cette nouvelle peinture. Stevens aurait même été jusqu’à distribuer des pièces d’or afin que certains visiteurs aillent huer la toile !

Un-dimanche-apres-midi-a-lile-de-la-Grande-Jatte-De-Georges-Seurat

Ce qui est évident, c’est qu’en France, seuls les amis proches de Seurat, comme Paul Signac, le défendront. Seurat ne peindra qu’un seul portrait et ne peindra que 4 toiles dans sa brève existence – il décède à l’âge de 31 ans.
Peindre « la Grande Jatte » lui avait pris 2 ans. Il en fit de nombreux projets préliminaires, nommés « croquetons », à la différence des croquis, car ces croquetons n’étaient pas non plus effectués de manière spontanée.
Le pointillisme est un style de peinture qui, contrairement à l’impressionnisme, est exempt de toute spontanéité.

C’est le manuel de Michel-Eugène Chevreul, (770 pages !!!) un chimiste des 18ème/19ème  siècles qui sera le point de départ du pointillisme (pas de jeu de mots ici) = notre œil voit la « couleur  lumière » et adapte spontanément ce qu’il voit. Dans notre manière de voir, les « couleurs primaires matière », ce que l’on apprend tout petit, ne sont pas les « couleurs lumière ». La synthèse se fait par notre cerveau.

220px-Michel_Eugène_Chevreul

Chevreul fut contacté par Louis XVIII afin d’expliquer aux tapissiers pourquoi les couleurs des tapisseries ne correspondaient pas exactement à ce qui existait en projet. Chevreul lui-même peindra dans son recueil avec la technique des petits points afin de mieux expliquer son point de vue (oui jeu de mots).
Ce chimiste expliqua également dans un autre manuel comment réaliser des jardins harmonieux, en se basant sur les couleurs.

Avec le pointillisme, les couleurs ne se mélangent plus non plus sur la palette du peintre – l’exposition nous offre d’ailleurs une des palette de Seurat pour en faire la preuve. Ce seront les petits points posés côté à côte qui apporteront la synthèse dans la peinture.
Les premiers pointillistes français seront Henri Delavallée, Albert Dubois-Pillet – les portraits qu’ils réalisèrent étaient figés, manquant de naturel.
Tout comme ceux d’Achille Laugé, fortement maniériste. Toutefois on retrouve dans leurs tableaux – comme dans la plupart des tableaux pointillistes – on trouve le thème de la fenêtre, une ouverture sur le monde extérieur et la lumière, tellement importante aussi dans le néo-impressionnisme.
Pour preuve le joli tableau peint par Lucien Pissarro (fils de Camille), montrant son jeune frère devant le chevalet, à côté d’une fenêtre  (je n’ai hélas trouvé aucune reproduction de ce tableau, que j’ai beaucoup apprécié).

La technique du pointillisme étant tellement contraignante, la plupart des peintres l’abandonnèrent au bout de 4 années – la densité des petits points était très dure pounr les yeux et les nerfs – cette densité étant nécessaire pour apporter du relief au sujet.
Seul Théo van Rysselberghe, le plus célèbre d’entre eux, tint le coup pendant 16 ans, mais ses dernières toiles pointillistes montrent une certaine fatigue  à l’égard de la technique.

Pourquoi Bruxelles fut-elle aussi importante pour ce mouvement pictural ?
Parce que l’on s’enthousiasma très vite pour le mouvement, ce fut un véritable engouement, notamment de la part des « XX », ce mouvement artistique créé pour promouvoir l’avant-garde dans l’art, tant en Belgique qu’en France.

Les Vingtistes organisaient une exposition une fois par an – ils invitaient généralement un peintre français ou autre nationalité, et la toile de Seurat rencontra un énorme succès.

Plus tard, les « XX », sous la houlette d’Octave Maus, leur secrétaire, devinrent le mouvement de la « Libre Esthétique », et Maus en prit le commandement en veillant à ce que tout ce petit monde d’artistes (Ensor, Rops et tant d’autres) cessent d’avoir des querelles de clocher.
Son assistant était Théo van Rysselberghe et Maus lui conseilla de s’ouvrir à cette nouvelle technique picturale.

C’est grâce aux « XX » que le pointillisme fut reconnu en tant que mouvement artistique, et ne fut pas conspué comme en France.
C’est grâce à Bruxelles que le pointillisme a pu exister.

On trouve parmi les pointillistes belges = Henri van de Velde, plus connu comme architecte, mais qui fut au départ un peintre autodidacte.
Georges Lemmen
, un grand ami de van Rysselberghe, qui le soutint en lui trouvant des commandes, car Lemmen avait moins  de succès en ce domaine. Ci-dessous, portrait de l'épouse de Lemmen.

images (2)

Si Théo van Rysselberghe obtint une telle renommée, c’est parce qu’un médecin, Auguste Weber, avait son portrait peint par cet artiste et il fit en sorte de l’inviter à ses cocktails afin que ses amis fassent la connaissance du peintre. De plus son portrait figurait  dans son cabinet médical et intriguait les visiteurs.

auguste

alice sethe, qui deviendra mme henri van de velde

Theo-Van-Rysselberghe-Maria-Sethe-at-the-Harmonium

rysselb-alice-stgermain2 copie 

l'un des portraits préférés de notre charmante guide,
j'avoue que cette femme qui semble défier le visiteur
me plaît aussi beaucoup

theo-van-rysselberghe1862-1926-1347940311_org

L’un des meilleurs amis du peintre fut sans conteste l’écrivain Emile Verhaeren, un humaniste  pour qui j’ai une tendresse très particulière, son écriture symboliste me plaisant beaucoup.
Une vitrine propose aux visiteurs des objets personnels ayant figuré dans le bureau du romancier- ce bureau se trouve désormais à la bibliothèque royale dite l’Albertine, malheureusement il est très difficile de pouvoir le visiter. (Pas de réponse à ma questin « pourquoi », personne apparemment n’en sait rien).

emile

 portrait de l'épouse de théo van rysselberthe

images

ci-dessous maria van rysselberghe, lisant et leur fille s'ennuyant =^-^=

images (1)

L’exposition se termine par quelques « tests » sympathiques, pour bien comprendre le spectre de Newton. Avec cette belle conclusion =

La couleur est = lumière, matière, sensation et code (des noms et numéros, parce qu’il existe une telle infinité de coloris qu’il est impossible de s’en ternir aux couleurs de base).

Un autre billet sur cette exposition chez tania-textes&prétextes

la lecture d'émile verhaeren, par théo van rysselberghe
(cette toile ne figurait pas dans l'exposition,
mais c'est l'une de mes préférées, pour la vie qui s'en dégage)

la lecture

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Commentaires
T
C'est bien agréable de revisiter l'exposition ici, merci pour le lien, Niki.
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M
C'est une expo Belge ? J'aime beaucoup Seurat ! Je ne savais pas que ce fut un engouement en belgique. très drôle ta remarque sur les points qui met les nerfs à vif, je comprends !
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L
Comme d'habitude, un billet histoire de l'art très intéressant et rafraîchissant !
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A
J'ai une tendresse particulière pour le pointillisme. On l'a testé à l'école primaire et c'est la seule de mes "oeuvres" qui ressemblait à quelque chose à l'issue du cours de dessin. :lol:
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A
Pardon, qu'ils se "soient"!
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