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mon bonheur est dans la ville
5 février 2014

LE REVE BOTTICELLI, de Sophie Chauveau

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Illustration de la couverture = l'un des archanges de "Les Trois Archantes et Tobie" de Filippo Lippi, dont on pense qu'il représente Sandro Botticelli jeune - Botticelli de son côté s'est représenté dans le tableau "l'Adoration des mages"

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Sandro Botticelli était-il maniaco-dépressif ?

On pourrait  se poser la question à la lecture de cette biographie romancée de ce peintre que j’adore depuis toujours – depuis que je découvris, très jeune, sa « Judith », dans « le retour à Bethulie » - cela restera pour toujours l’un de mes tableaux favoris.

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Sans arrêt il tombait dans de profonds accès de tristesse, le paralysant littéralement pour peindre ou dessiner, puis parfois il se mettait à faire des farces, à imaginer des blagues pas toujours du meilleur goût dans les rues de la Florence des Medicis.

Ce qui est certain c’est qu’il était depuis l’enfance d’une extrême mélancolie, un enfant rêveur, trop différent de cette famille de « botticelli » (petits tonneaux – tous noireaux, aussi larges que hauts).
Le surnom avait été donné à la famille, bien avant la naissance du jeune Alessandro Filipepi, qui adopta rapidement ce surnom qui l’amusait beaucoup. Il est vrai qu’il avait peu d’affection pour cette famille de tanneurs, qui par ailleurs le lui rendait bien, tant il était différent d’eux – déjà physiquement il ne leur ressemblait pas…  Sa mère n’était plus très jeune lorsqu’elle le mit au monde, elle le prit apparemment rapidement en grippe, un enfant qui n’aimait pas manger, qui était souvent malade.

Pas étonnant que toute sa vie il souffrira d’un manque, d’une grande tristesse de ne pas avoir été aimé par cette famille de parasites, qui le rejettait pour sa différence mais vivait à ses crochets , le poussant à accepter de plus en plus de commandes. On ne guérit jamais de ne pas avoir été apprécié de ses parents.

C’est pourtant son frère Antonio, l’orfèvre, avec qui il partagera l’atelier toute sa vie, qui comprit les dons exceptionnels du jeune garçon. Lorsqu’il entre comme élève dans l’atelier du grand peintre, célèbre de l’époque, Filippo Lippi, celui-ci comprend immédiatement qu’il a là un véritable génie du dessin et de la peintre. Il deviendra rapidement son élève préféré et c’est au sein de la famille Lippi que Sandro découvrira l’amour d’une famille = la belle Lucrezia Lippi lui témoigne autant d’amour qu’à ses deux enfants, Filippino et Alessandra, la filleule de Sandro.
Plus tard, le joyeux Pipo devint à son tour l'élève de Botticelli.

A travers la vie de Botticelli, Sophie Chauveau nous fait revvre la Florence sous Laurent de Medici, dit le Magnifique, la belle Florence des fêtes, des jeux, des femmes belles et parfois un peu trop libres pour l’époque.

De la conjuration des Pazzi à la théocratie de Savonarole et ses bûchers des vanités, nous assistons à 40 années d’histoire de la vie d’une ville et de l’un de ses peintres préférés.
Aussi de son amitié, teintée de rivalité, avec Leonard de Vinci, qui devra s’exiler à Milan parce qu’incompris par les Florentins, qui le rappelèrent lorsque sa fortune sera faite à Milan.
Les villes italiennes sont autant en concurrence que les artistes !

La romancière nous fait aussi partager les amours de Botticelli, son tout premier grand amour étant Pipo Lippi (Filippino, fils de son maître).
Est vrai, ou non ? qu’importe, il semblerait néanmoins que malgré sa liberté des mœurs, Florence n’acceptait guère les homosexuels et cela joua aussi sur le caractère de cet artiste, qui détestait l’hypocrisie, qui ne supportait pas les grandes réunions sociales auxquelles il était obligé de participer en raison de sa reconnaissance par les Medicis.
Lorenzo de Medici, cousin de Laurent le magnifique, sera un autre amour dans sa vie, un amour qui se changera rapidement en amitié profonde et réelle, Lorenzo deviendra l’un de ses principaux mécènes. 

Il eut pour ami, en dehors de Leonardo, Ange Politien et Pic de la Mirandole, deux philosophes dont il partageait les idées. Bien que n’ayant pas eu de grand goût pour la lecture, Botticelli adorait le poète Dante – « l’Enfer » étant son livre préféré, qu’il illustra à titre personnel.

Sophie Chauveau nous dresse aussi une certaine genèse des principaux tableaux du maître = le Printemps, et la Naissance de Venus – on a toujours dit que les personnages principaux féminins principaux avaient été inspirés par la belle Simonetta Vespucci – ce n’est qu’en partie vrai, il semblerait que la très belle filleule Alessandra ait aussi été une grande source d’inspiration – notamment pour la pudique « Venus » de la « Naissance » ou celle qui figure à côté de « Flore », dans le « Printemps ». 

Le Printemps est pour moi l’un des plus beaux passages du livre, lorsque Botticelli découvre la campagne.

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Elle nous parle aussi des années où les peintres florentins furent « prêtés » à Rome, au pape Sixte II, qui voulait décorer les murs de la chapelle Sixtine, avant que Michel-Ange ne soit requis pour le plafond bien des années plus tard.
Rome où les frasques humoristiques de Sandro laissèrent quelques mauvais souvenirs. 

J’ai des sentiments almbigus pour cette biographie – il est évident que Sophie Chauveau s’est fortement documentée pour écrire sa « trilogie florentine » dont ce roman-ci est le 2ème opus, il suffit de lire la bibliographie en fin de volume. L'époque est joliment mise en scène - même l'épisode de la peste à Florence, tout y est intéressant.
Néanmoins, c’est réellement un peu trop romancé pour moi. 

En tout je retire de cette lecture un fait aussi important à mes yeux que le talent de l’un de mes peintres préférés = il adorait les chats il considérait qu’eux seuls le comprenaient réellement, et ils avaient d’ailleurs élu domicile dans son atelier, le protégeant parfois contre son envahissante famille.
C’était forcément un grand artiste.  =^-^=-
Ce petit clin d’œil personnel mis à part, Sandro Botticelli était et reste l’un des plus importants artistes de la Renaissance italienne.

 chauveau

Sophie Chauveau est journaliste, comédienne et romancière. Elle s’occupe aussi de mise en scène.  Elle a, à ce jour, publié quelques 2& ouvrages – romans et essais, biographies d’artistes et livres d’art.

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Commentaires
M
Moi je ne suis pas très biographie, donc je les préfère romancées mais celle-ci ne me tente pas. Par contre, je suis bien heureuse d'apprendre sa passion pour les chats ;-)
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L
Je tourne autour de ce roman depuis bien longtemps déjà et ton très bel article me donne envie succomber sachant que le côté "romancé" ne me gêne pas en général. ;-)
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T
Un peu trop romancé ? Dans ce cas, je me contente de ton billet et j'y apprends l'un ou l'autre détail qui me plaisent aussi.
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A
Merci pour ce bel article. Il y a eu récemment à la télévision une émission consacrée à Florence, absolument passionnante, où toute l'histoire de la ville, de ses mécènes et de ses artistes était magnifiquement évoquée et illustrée. Et, bien entendu, le grand Botticelli. Comme vous, c'est un peintre que j'adore pour sa grâce incomparable.
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T
Petit tonneau !! Je ne savais pas ça :lol:
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