PETER PAN, de Régis Loisel
Roman graphique en 6 tomes – librement adapté du classique de la littérature britannique « Peter Pan » de James Barrie
1. LONDRES - 2. OPIKANOBA - 3. TEMPETE -
4. MAINS ROUGES - 5. CROCHET - 6. DESTINS
Avant toute chose, oubliez la version de Walt Disney, édulcorée comme tous les films des studios Disney, même si leur charme est indéniable.
Ici, nous sommes dans un roman graphique nettement adulte, où la violence le côtoie à la cruauté.
Ici nous sommes dans la réécriture d’un livre mythique, et j’aime assez les réécritures de contes et légendes. Ne l’oublions pas = les contes n’ont jamais été écrits pour les enfants, les frères Grimm et Hans Christian Andersen ont adaptés et/ou réunis dans des recueils ce qui se contait au coin du feu, le soir à la veillée.
Même si j’ai beaucoup aimé les dessins de Régis Loisel, qui sont réellement beaux, j’ai été déroutée par cette version qui mêle « Jack l’éventreur » aux aventures du « petit garçon qui ne voulait pas grandir ».
Il est vrai qu’ils vivent tous deux dans le sinistre quartier de Whitechapel, fréquenté par les ivrognes et les prostituées – ou du moins s’y côtoient.
Aux dires de Loisel lui-même, cette version serait "un prequel" - en quelque sorte l'histoire de "Peter avant Peter Pan".
Peter est un enfant pauvre des rues du Londres du 19ème siècle, où le sordide le mêle au pathétique (Dickens n'est pas loin) – les enfants y sont réduits à la mendicité et confrontés sans arrêt à la cruauté des adultes ou d’autres enfants.
Un petit groupe d’enfants écoute régulièrement les aventures que leur conte Peter, un enfant plein de rêves et d’imagination – avivée par ce que lui raconte un vieil ivrogne dans un pub, Mr. Kundal.
La mère de Peter est alcoolique et le rejette sans cesse, les rêves de Peter sont tourmentés. Pourtant, grâce à eux, il parvient au Pays Imaginaire, où les fées, les sirènes, les corsaires côtoient ou se battent avec des lutins, centaures, un jeune satyre musicien, des indiens aussi et d’autres animaux fantastiques.
Tout commencera lorsqu’il découvre une ravissante petite fée, qui s’est égarée, qui l’adopte, qu’il surnomme « Clochette », mais qui est d’un caractère jaloux et réellement teigneux.
Elle ne reculera devant rien pour que Peter soit à elle et rien qu’à elle.
La Clochette de Loisel n’a physiquement pas grand-chose de commun avec la Clochette disneyenne, même si cette dernière est aussi très jalouse de Wendy.
Peter va faire ses « classes d’homme » sur le bateau du capitaine Crochet, à la recherche d’un trésor que Peter a promis de lui trouver. Sans oublier le sinistre crocodile. Se battre, souffrir, perdre des amis.
La fin, dans « Destins », est aussi déroutante que toute cette version parfois très dure, dont il manque indéniablement – pour moi – l’infinie mélancolie du roman de Barrie.
Mon ressenti est mitigé, pourtant je ne peux que conseiller de découvrir les 6 tomes qui constituent ce roman graphique, pour l’imagination et une certaine poésie qui s’en dégage, même si elle est teintée de moments très durs.
Toutefois = un grand coup de chapeau à la version Loisel de la fée Clochette.
(Merci à Marilyne pour m’avoir fait découvrir cette version).