LA MAISON ASSASSINEE, de Georges Lautner
Adaptation du roman éponyme de Pierre Magnan
Scénario Jacky Cuker & Georges Lautner
Dialogue de Didier van Cauwelaert
Un soir d’orage de septembre 1896, en Haute Provence, peu avant la st-michel, toute la famille Monge, à l’exception du bébé de 3 mois, est brutalement égorgée. Un jeune compagnon a été témoin d’une partie du crime, mais a fui par peur d’être accusé. Autour de la maison rôdaient des ombres, qui étaient-elles ?
Six ans après la fin de la première guerre mondiale, le jeune Séraphin Monge revient au pays, où il immédiatement très mal accueilli. Tout le monde souhaite qu’il s’en aille et le lui fait comprendre.
Cependant, Séraphin a été engagé comme cantonnier, avec le sympathique Brigue, il a aussi reçu un logement en ville. Toutes les jolies filles du patelin lui font les yeux doux = la fille du producteur d’huile d’olives, la fille du boulanger, la fille d’un notable.
Bien qu’il n’ait guère envie d’en parler, Brigue devant l’insistance de Monge et lui conte le drame qui eut lieu 25 ans auparavant.
L’image de sa mère, égorgée comme les autres, se glissant vers le berceau pour sauver le bébé le hante et Séraphin décide de détruire la maison et ensuite se venger car il a trouvé des preuves de ceux qui ont en voulaient à sa famille
Chaque fois qu’il décide de tuer le coupable, quelqu’un le devance.
Il a fait la connaissance de Patrice Dupin, le fils du notable, une gueule cassée de la grande guerre, avec qui il se lie d’amitié.
Zorme, un illuminé qui se croit investi de pouvoirs, lui clame qu’il doit partir. Comment partir sans avoir rendu justice ? Pour tous il n’est qu’un étranger au village, qui apporte le malheur, dont personne ne veut.
Cette adaptation d’un roman de Pierre Magnan ne pouvait que m’attirer, car c’est un auteur que j’aime particulièrement comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire sur ce blog.
Le tournage eut lieu là même où Magnan a sa maison, c'est-à-dire à Forcalquier, mais aussi à Sauve. La façade de la maison fut construite sur un causse, où en principe il était interdit de construire, ce qui ne rendit pas le tournage sympathique, sauf lorsque le réalisateur autorisa les habitants à venir se rendre compte de la « construction ».
Bien que devenu un classique du cinéma français, le film n’est pas un classique dans la filmographie de Georges Lautner, plutôt connu pour ses comédies ou drame policiers (Tontons flingueurs, Le Professionnel, Les Barbouzes, Les Seins de glace, le Monocle , etc).
C’est en tout cas, pour moi, une belle adaptation d’une histoire poignante, où l’on est forcément un étranger si l’on n’est pas semblable aux autres.
L’appât du gain des paysans est bien évoquée, mais aussi les superstitions villageoises.
L’interprétation est fort bonne = Maria Meriko (la Tricanote, vieille rebouteuse, férue en herbes), Roger Gendly (l’inquiétant Zorme, l’homme du diable), Christian Barbier (Brigue), l’excellent Yann Collette (Patrice Dupin, la gueule cassée et seul ami de Séraphin Monge).
C’est Patrick Bruel qui interprète Séraphin Monge et il en fait un personnage attachant, dont on se méfie néanmoins. Martine Sarcey est l’épouse du boulanger, la seule aussi à accueillir Monge gentiment.
Les amoureuses sont Anne Brochet (Marie Dormeur), Agnès Blanchot (Rose Pujol) et Ingrid Held (Charmaine Dupin).
Une intéressante découverte, avec en toile de fond les Basses-Alpes. Beau paysage, mais où les passions couvent comme dans les pires quartiers d’une sombre ville.