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mon bonheur est dans la ville
25 août 2013

ECRAN SOLAIRE = THEY SHOOT HORSES, DON'T THEY ? de Sydney Pollack

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Titre français = On achève bien les chevaux !

Scénario de James Poe & Robert E. Thompson d’après le roman d’Horace McCoy

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Les Etats Unis, en pleine dépression. Un jeune homme naïf,  aimant le soleil et la nature, plein d’illusions sur la nature humaine, aimerait devenir metteur en scène à Hollywood. Les pieds dans  le Pacifique, avec le vent lui balayant le visage, il se souvient des événements qui vont le conduire en prison.
Il se promène non loin de la jetée de San Monica, près de Los Angeles et s’inscrit à un marathon  de danse dirigé par le maître de cérémonies, Rocky.

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Parce que son partenaire n’est pas en suffisamment bonne santé, Gloria se retrouve sans partenaire et finit par s’associer à Robert. Gloria surprend Robert par son amertume, ses désillusions sur le monde en général et les humains en particuliers.
Ses réflexions cyniques sur le monde surprennent et attristent un peu Robert, qui vient de sa campagne et n’a aucune notion des villes et leurs difficultés, essaie de lui faire voir un autre aspect des choses, mais Gloria a trop vécu malgré sa jeunesse.

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Les autres concurrents sont un jeune couple, dont la femme est enceinte, ce qui horripile Gloria qui n’arrête pas de demander à la jeune femme comment elle compte nourrir son enfant puisqu’elle et son mari n’ont pas d’argent, ce qui lui vaut des agressions verbales de la part du mari – si Robert ne s’interposait pas, le mari n’hésiterait pas à frapper.
Un marin, ayant servi durant la 1ère guerre mondiale, fait également partie des concurrents – ce marathon est loin d’être son premier, mais sa compagne par contre ne s’attendait pas à ce qu’elle découvre = l’angoisse d’être évincé, la fatigue, les douleurs corporelles…
Il y a aussi la jolie Alice, qui aimerait réussir à Hollywood et qui s’est donné le look Harlow ; la jeune femme a les nerfs très fragiles et le marathon va se prouver être une épreuve trop pénible au cours de semaines.
Car le  marathon  s’étend sur plusieurs jours, parfois plusieurs semaines.

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Rocky observe tout cela d’un œil sans pitié, lui ce qu’il doit faire c’est faire en sorte que le public en ait pour son argent = régulièrement il demande donc aux concurrents de se produire = Ruby la femme enceinte chantera, Alice la future star fait un petit numéro d’actrice, pathétique, le marin propose un numéro de claquettes.  Rocky a aussi organisé des « derbys » afin que l’intérêt du public ne faiblisse pas, le marathon de danse s’avérant parfois « ennuyeux » pour eux. Ces derbys sont une épreuve atroce pour les concurrents = ils sont habillés comme des coureurs de fond et doivent courir autour de la piste, transformée en piste de course à pied – les 3 derniers couples sont éliminés.

Parce que Gloria et Robert sont un couple qui attire le regard, Rocky leur propose un mariage devant les spectateurs – devant le refus de Gloria, il remarque avec cynisme qu’elle pourra divorcer après le marathon, mais que grâce à cela, ils bénéficieront de dons du public.
Il dévoile aussi, avec le même cynisme, les réalités du marathon = il ne suffira pas de gagner le prix de 1500 $, il y aura des frais à rembourser pour les gagnants. Gloria s’en va, totalement désabusée, suivie par Robert qui tente de la consoler. Lorsqu’elle sort un petit revolver de son sac, elle lui dit « Aide moi, je n’en peux plus de cette vie ». 

Vu à sa sortie, j’avais envie de revoir ce film car je me souvenais – non seulement de cette histoire sans aucune fioriture sur les années 1930, sur la manière dont le public se repaît de la souffrance – « Hunger Games » n’a rien inventé croyez-moi.
Il s’agissait, en fait, pour le public, d’oublier ses propres misères pendant quelques heures, le "panem & circenses" de la Rome antique.
En 1932, ces marathons de danse étaient très populaires dans les années 1920-1930. Bien des gens, attirés par le mirage d’une belle somme d’argent  à gagner, ou d’un éventuel producteur de cinéma dans la salle qui leur apporterait une gloire éventuelle, s’y jetaient à corps perdu.
Pendant les journées que duraient le marathon, ils étaient logés, nourris et éventuellement soignés si nécessaire

L’auteur du roman, Horace Mc Coy,  dont le film de Sydney Pollack est une excellente adaptation, a lui-même été employé à la sécurité de marathons de danse dans sa jeunesse.  Son roman est donc un témoignage sur des drames vécus – il fut très mal reçu lors de sa première édition dans les années 30, les critiques littéraires et les autorités estimant que c’était là une très mauvaise image du « rêve américain ». Par contre, il fut découvert en France tout juste après la 2ème guerre mondiale – comme beaucoup de romans noirs (un roman noir n’est pas nécessairement un polar, il n’y a pas nécessairement crime, c’est seulement une histoire désespérée où ce qui va mal, va aller de mal en pis - ndlr)

L’interprétation de Jane Fonda & Michael Sarrazin, dans les rôles de Gloria et Robert, est formidable – Fonda est excellente en jeune femme totalement désabusée, d’un cynisme souvent méchant, comme sa hargne à l’égard de Ruby la jeune femme enceinte.
Michael Sarrazin fait très bien passer la gentillesse naturelle du jeune provincial, confronté à la « vraie vie » et tentant désespérément de se raccrocher à ce qu’il aime et connaît = la nature. Mais comment lutte-t-on sur la perte des illusions ?

Ruby est interprétée par une toute jeune Bonnie Bedelia, son époux est joué par Bruce Dern.
Quant au marin, il est joué avec maestria par Red Buttons, un acteur souvent choisi pour être le « comique de service » - ici il est épatant dans ce marin pathétique, qui voudrait avoir de quoi vivre décemment.
Susannah York interprète avec talent la fragile Alice, persuadée qu’il suffit d’être jolie pour réussir.

Gig Young est le maître de cérémonies, un homme qui en a tellement vu que son cynisme est sans pareil – pour lui seules comptent les rentrées d’argent et il est prêt à donner un maximum de spectacle pour son public. Il obtint un oscar pour son interprétation, et malheureusement ce fut un cadeau empoisonné – il n’obtint plus jamais de rôle de cette envergure – alors qu’il n’avait jusque là obtenu que des seconds rôles, il espéra enfin obtenir un premier rôle de la même importance, où il pouvait prouver ses capacités dramatiques. Ce fut peine perdue, l’acteur déjà alcoolique se suicida avec sa 5ème épouse.
Pour lui, la réalité comme c’est souvent le cas hélas dans ce monde d’acteurs, dépassa la fiction.

« They shoot horses, don’t they » est réellement une histoire très noire et émouvante, d’une totale désespérance, dans la lignée de « Grapes of wrath » de Steinbeck.  On n’en sort pas totalement indemne, et je ne peux que faire le parallèle avec notre époque actuelle – où nombre de jeunes sont sans emploi et au bord du désespoir parce que le monde de la finance régit désormais le monde et ne tient pas compte du facteur humain.
D’avoir revu le film me donne envie à présent  de relire le roman.

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Commentaires
A
Je note avec beaucoup d'intérêt. Cela me rappelle le résumé d'un Stephen King enseveli sous ma PAL, "marche ou crève". Une espèce de téléréalité avant l'heure.
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C
Le titre est très beau. La noirceur me fait un peu peur mais je note tout de même, livre et film ;-)
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T
C'est étant ado que j'ai vu ce film pour la première fois (et la dernière) et j'en ai un souvenir horrible, d'une inhumanité totale.
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