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mon bonheur est dans la ville
6 mai 2013

TOWER OF LONDON, de Rowland V. Lee

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lee

Titre français =  La Tour de Londres

Version  1939

Scénario  « original »  de Robert N. Lee

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L’Angleterre se remet à peine de la guerre des Deux Roses – cette fois la maison d’York a gagné, descendants directs des Plantagenets.
Le séduisant Edward IV, marié à Elizabeth Woodville, est entouré de ses frères George, duc de Clarence et Richard, duc de Gloucester. Ce dernier est le préféré de son frère aîné, pour qui il nourrissait d’ailleurs une grande admiration.
Richard et George se détestent copieusement et George se plaint sans cesse de son cadet à l’aîné, qui s’en fiche royalement (c’est le cas de le dire).

La Tour de Londres où habite tout le monde est un univers en soi = un château où vivent les nobles et leurs familles, et des donjons sombres où croupissent les prisonniers, à côté des salles de torture. Celles-ci sont sous la direction de Mord, un homme affligé d’un pied-bot, qui vénère Richard de Gloucester qui ironise souvent sur eux = l’union du pied-bot et du bossu !
Richard est un être ambitieux, avançant ses pions de manière subtile, distribuant des conseils à son frère aîné de manière à ce que ce soit toujours lui, Richard, qui en sorte gagnant. Sixième dans l’ordre de succession du trône, il a dans sa chambre, caché dans une armoire, un  théâtre miniature où figure sa famille. A chaque fois qu’il parvient à faire éliminer un prétendant au trône, il retire une figurine. Petit à petit, le théâtre se vide.
Amoureux d’Anne Neville,  devenue veuve après avoir été mariée pour satisfaire aux ambitions paternelles, Richard espère cette fois l’épouser, il l’aime depuis leur enfance.

 

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Son frère le duc de Clarence brigue la fortune d’Anne, qui est sa belle-sœur – aussi la fait-il se cacher comme servante, mais Mord a retrouvé sa trace et Richard parvient à obtenir sa main de la part d’Edward.

De rage, George de Clarence lance un défi à son frère = boire du vin de Malvoisie (Malmsey wine) jusqu’à ce que mort (mais pas de soif) s’en suive !
Vu que lui, Clarence, est un ivrogne notoire, il est sûr de gagner.
Pas de chance, non seulement, Richard tiendra le coup, mais de plus George finira dans le tonneau.

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Lorsqu’Edward IV se meurt, il nomme Richard de Gloucester « lord protecteur » - bien vite les deux petits princes seront enfermés dans une partie de la tour dont on ne revient plus, ne reste plus auprès d’Elizabeth Woodville l’intrigante que ses deux filles.
Un ami fidèle des Lancaster décide de voler le trésor de la tour afin de pouvoir lever une armée contre Richard devenu roi.

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La bataille de Bosworth sera décisive, le roi sera lâchement tué. Et Henry Todor pourra monter sur le trône sous le nom d’Henry VII.

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une adaptation de la pièce « Richard III » de Shakespeare, le scénariste Robert Lee, frère du réalisateur, reste bien dans le ton de la pièce présentant Richard III comme un monstre assassin, ce qui a systématiquement le don de me mettre bien de mauvaise humeur, car certes Richard de Gloucester était un homme ambitieux, homme de son temps où l’ami d’aujourd’hui devient l’ennemi d’hier.
Robert Lee aurait paraît-il beaucoup lu sur l’histoire d’Angleterre, sans doute mais pas nécessairement les bons bouquins. 
Une chose n’a jamais été prouvée - on tend même actuellement à totalement exonérer de la mort de ses neveux par Richard III, probablement assassinés par des ennemis de l’oncle, faisant ainsi d’une pierre deux coups, ouvrant désormais la voie aux Tudors.

Ne l’oublions pas = Shakespeare était inféodé aux Tudors puisqu’il était commandité par eux pour l’écriture de ses pièces, il n’allait donc pas être « honnête » avec la vérité historique et présenter leur ennemi comme un homme plutôt juste, qui a fait plus pour le peuple que pas mal d’autres rois.
Par ailleurs Richard III était un homme de grande culture, aussi versé en littérature de son époque, éduqué comme tous les princes de sang d’ailleurs, très fort aussi au maniement des armes, imposant beaucoup d’exercices physiques à son corps pour oublier sa difformité.
Je ne dis pas que Richard III était un petit saint, mais de là à en faire un monstre !

Bon, je ne vais pas faire le procès du scénariste puisque l’excellent essai – objectif – sur Richard III de Paul Murray Kendall ne fut publié pour la première fois qu’en 1956, dont je recommande vivement la lecture, car il propose un portrait différent de ce roi, et parle fort bien de la cour d’Angleterre, en butte à tous ceux qui briguaient la couronne.
La guerre des Deux Roses avait déjà mis le pays à feu et à sang. Les cours royales de tous pays ont toujours été des creusets d’ambitions, trahisons, cupidité, méfiance…
Murray Kendall n’est pas le seul défenseur de Richard – Horace Walpole, entre autres,  écrivit un essai sur « Historic doubts of life and reign of Richard III ».

Cette longue parenthèse personnelle ouverte et fermée, je repasse au film = la distribution est excellente – le film est présenté comme un film d’horreur, là je rigole vraiment – c’est juste un film historique, avec des moyens d’époque, c’est-à-dire « tout studio », j’ai même eu l’impression que tout a été tourné dans une seule et même pièce tant l'espace semblait limité.
D’ailleurs, il est bien connu que les scènes de bataille (Bosworth) sont des récupérations d’autres films, ainsi que l’extérieur du château. 

De côté des costumes, ce n’est pas trop mal pour une époque où l’on tendait à ne pas trop respecter la vérité historique des costumes – mais certaines coiffes des dames – inspirées de la réalité – ressemblaient à des orieilles de Mickey Mouse – c’est dire si je n’ai pas arrêter de glousser !

La distribution est impeccable = Basil Rathbone est un superbe Richard III, dont la malformation ne se remarque pratiquement pas ; l’acteur reste toujours imperturbable face aux événements, ce sont ses paroles qui mènent aux actes son homme de main, Mord.

Celui-ci est interprété par Boris Karloff et c’est l’élément vraiment inquiétant du film – d’ailleurs le réalisateur n’a pas hésité à faire photographier Karloff de manière inquiétante, jouant sur les ombres du  noir et blanc – ses yeux surtout sont effrayants, tout comme l’est son ombre projetée sur les murs du château, avec l’accent mis sur le pied-bot !

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Le 3ème larron de ces acteurs que l’on retrouvait souvent dans les productions Universal, dans des rôles de « méchant » est Vincent Price, qui propose ici un portrait geignard et antipathique de George duc de Clarence – pour une fois, la vérité historique a été respectée, car Shakespeare en fait un martyr.
J’aime beaucoup la scène du concours de malvoisie, car Vincent Price y est totalement ridicule mais très drôle (voir la petite vidéo - la scène est devenue "culte" dans l'histoire du cinéma)
Vincent Price interprétera Richard III dans le remake de Roger Corman dont j’aurai le plaisir de parler dans une prochaine chronique.

Ian Hunter et Barbara O’Neil interprètent respectivement Edward IV et Elizabeth Woodville ; il y a quelques scènes de marivaudage entre ces deux-là – humour à l’américaine pour les rendre sympathiques j’imagine. Elizabeth Woodville est présentée ici comme une malheureuse victime, alors que son ambition était démesurée et qu’elle fit tout pour faire tomber Richard III. 

L’autre couple, totalement fictif celui-là, est celui formé par John Sutton et Nan Grey, les malheureux amoureux séparés par le roi qui a exilé le jeune homme qui n’hésitait pas à le braver.
C’est évidemment une amourette à l’américaine, ajoutée pour faire vibrer les cordes sensibles des foules, car il y avait suffisamment d’intrigants à la cour pour faire tomber les rois !

Reste encore à citer la jolie Rose Hobart en Anne Neville, douce et émouvante,  et Leo G. Carroll en lord Hastings.

Je me suis donc bien divertie avec ce film, en ricanant beaucoup malgré tout quant à la vérité historique. Sans oublier les coiffes « à la Mickey » qui m’ont fait glousser.

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Commentaires
S
ps = moins d'assassinats ? pas sûr :lol:
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T
Toujours la soif du pouvoir, le pire est que pas grand chose n'a évolué aujourd'hui ! <br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être juste un peu moins d'assassinats…<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne balade et bon shopping demain Niki ;) et bon amusement outre manche
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