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mon bonheur est dans la ville
11 avril 2013

MRS. JEFFRIES SPEAKS HER MIND, d'Emily Brightwell

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On ne peut pas dire que Miss Olive Kettering ait été fort aimée de ceux qui la connaissaient, ni de son personnel avec lequel elle était d’une dureté sans précédent. Toute sa domesticité la blâme pour le décès de la cuisinière qui se sentait mal depuis quelques jours et lorsque la situation empira, Miss Kettering refusa que l’on fît appel au médecin. La brave domestique mourut le lendemain.
Par ailleurs, depuis quelque temps, Olive Kettering était persuadée que quelqu’un se trouvait dans la maison pendant la nuit – comme il n’y avait nulle trace de qui ou quoi que ce soit le matin, tout le monde est persuadé qu’elle perdait la tête.
Aussi, lorsque tous les domestiques sont partis aux funérailles de leur collègue-cuisinière, Miss Kettering se retrouva seule dans son immense demeure à la merci de qui la menaçait, et soudain a fui dans le jardin, sous la pluie battante – puis est retrouvée morte d’une balle dans la tête.
 

L’inspecteur Gerald Witherspoon, l’as du Yard, arrive sur les lieux du crime – Olive Kettering a été trouvée par son amie Mrs. Fox, amie d’enfance qui loge au-dessus des anciennes écuries aménagées en appartement.
Les Kettering, immensément riches, rachetèrent le domaine aux Fox lorsque ces derniers furent ruinés ; Mrs. Fox est dévastée, si son amie est morte, elle devra peut-être déménager, tout dépendra de qui héritera.
Oui, en effet, qui ? certainement pas sa nièce et son cousin – Miss Kettering désapprouvait leur mode de vie à tous deux. Sa nièce pour avoir épousé un artiste, son cousin pour s’intéresser à la religion chrétienne simple, alors qu’elle s’était tournée vers une secte prônant un dieu de punition. La foi par la peur !
Tout le monde est convaincu que c’est le représentant de cette secte,  le révérend Richards, qui héritera de tout, puisqu’Olive Kettering n’arrêtait pas de dire qu’elle avait déshérité les deux seuls membres de sa famille.
 

L’enquête s’avère difficile, cette dame n’était certes pas aimée de son personnel, les membres de sa famille ont été exclus de son existence,  elle n’avait plus beaucoup d’amis, mais bon, si on se mettait à trucider tous ceux avec qui on ne s’entend pas ou plus, la terre serait vite dépeuplée !

Mrs. Jeffries et toute la maisonnée d’Upper Egmonton Gardens est enchantée = ils ont à nouveau un crime à se mettre sous la dent. Ils vont pouvoir encore une fois jouer aux détectives, rencontrer des éventuels informateurs – bref, tout le monde est sur les dents et malgré tous les renseignements obtenus, l’enquête s’avère plus compliquée qu’il n’y paraissait au début.

J’ai retrouvé avec un immense plaisir toute la maisonnée de l’inspecteur Gerald  Witherspoon de Scotland Yard, devenu l’as du Yard grâce à toute sa domesticité.
Cela commença par un petit peu d’aide lors de sa première enquête, l’inspecteur est un être d’une gentillesse rare aux yeux de ses domestiques, dans  cette ère victorienne où la vie d’un valet, d’une cuisinière ou d’une femme de chambre ne vaut pas grand-chose aux yeux de l’aristocratie ou de la bourgeoise.
Bien peu sont traités avec un minimum de respect ou avec un salaire décent.

C’est dire si Witherspoon est grandement apprécié de tous = du cocher Smythe qui a promis à la richissime tante de l’inspecteur de veiller à ce qu’on ne le gruge pas, jusqu’au jeune Wiggins, adoré du chien Fred et qui de jeune garçon des rues est devenu un valet hors pair qui rêve de devenir détective privé.
Depuis le mariage de Smythe et Betsy, une nouvelle venue (Phillys) aussi mignonne et timide que l’étaient les plus jeunes au début, est venue s’ajouter à la petite bande, dont il ne faudrait pas exclure Fred le basset artésien, qui ne songe qu’à partir en promenade et Samson, le chat roux teigneux qui n’a qu’un amour au sein de la maison, Mrs. Goodge l’excellente cuisinière.
Tous sont sous la houlette bienfaisante de Mrs. Jeffries (Mrs. J, comme la nomme Smythe), la gouvernante, veuve d’un policier du Yorkshire et à l’esprit de déduction acéré.
C’est grâce à elle et ses déductions, basées sur l’aide de toute la domesticité qui glane autant d’indices que possible, que l’inspecteur finit par découvrir le ou la coupable.

Mrs. J et ses « collaborateurs » forment désormais une grande famille, la plupart n’a que peu ou prou de famille, aussi se retrouver au petit déjeuner ou au dîner est un réel plaisir afin de partager les témoignages récoltés,  peut-être nécessaires à l’enquête.
Ils reçoivent également l’aide d’une excentrique et riche Américaine et son butler, dont les échanges verbaux sont plutôt comiques = elle, parfois vulgaire et tout à fait décontractée, lui qui semble avoir avalé un balai et très « old school ».
Tous deux sont reçus dans le tout Londres aristocratique – elle « upstairs » lui « downstairs ».
Le médecin-légiste et le constable assistant de Witherspoon ont aussi compris l’aide précieuse que les domestiques apportent à leur patron, qui n’est hélas pas d’une rapidité particulière dans ses déductions personnelles, aussi ces 2 personnages leur passent-ils également quelques tuyaux.

On y ajoutera Lady Ruth Cannonberry, charmante veuve ayant beaucoup de relations dans le tout Londres elle aussi, qui entretient une jolie amitié avec l’inspecteur et surtout adore se mêler des enquêtes avec ses domestiques.
De plus, Lady Cannonberry est une femme selon mon cœur = elle défend les suffragettes et s’investit dans la cause des femmes du monde entier.

Ainsi la « fine équipe » est-elle au grand complet et est sur le pied de guerre dès qu’un meurtre est commis.

Ce que j’apprécie particulièrement dans ces courts romans, c’est cette ambiance victorienne, où la romancière aborde sans avoir l’air d’y toucher les problèmes de l’époque, les injustices faites aux pauvres par les classes sociales qui s’imaginent leur être supérieures. Pas étonnant que l’anarchie gronde ça et là.

Ceci dit, ce ne sont pas des polars sanglants, ce sont des mystères à l’ancienne, dans le style  « cozy mystery », où interroger les témoins éventuels, les familles de la victime et les déductions de Mrs. Jeffries et son équipe prennent le plus de place.
En dehors de cette étude de l’époque, il y a cette ambiance familiale que j’aime bien et ce roman-ci se termine sur une note particulièrement tendre et  émouvante, après un rebondissement particulièrement dramatique.

Bien sûr, je fais mon intéressante mais j’avais deviné qui était coupable, j’avais aussi deviné une partie de ses motifs ; néanmoins il y a tout de même eu une surprise en forme de coup de théâtre.

Une lecture délassante, amusante, pleine de bons sentiments au sein d’une enquête passionnante.
Malheureusement non traduit.

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Commentaires
A
La seconde déception n'était donc pas celui-là ! :-D<br /> <br /> Il me semblait bien, en lisant le début de ton billet, que ce roman devait te plaire. ;-)
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C
J'ai du louper de tes billets car je n'en avais jamais entendu parler mais cela m'a l'air trop bien ! Je note pour mes prochains achats à Bookdepository. Sur tes conseils, j'ai lu un Agatha Christie en anglais et franchement, dans les transports, c'est le top (assez facile pour pas demander de concentration mais suffisamment intéressant pour ne pas faire attention aux bruits autour). Donc merci, M'dame.
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S
j'allais te répondre que j'avais enfin compris ta fine astuce - comme je le disais "intéressante théorie", mais il y a beaucoup d'autres suspects :P<br /> <br /> (si tu commences à faire comme moi en disant "et si c'était ...", la lecture de rompols va être très différente, crois-moi - certains jours je me dis que c'est une "malédiction" cette propension que j'ai à deviner les coupables MOUARF
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T
Mrs Fox ;)
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T
Je parie pour que c'est le Renard ;)
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