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mon bonheur est dans la ville
22 mars 2013

YVES SAINT LAURENT, VISIONNAIRE

ysl

Chronique basée sur les explications de la visite organisée par la guide-historienne d’art Sarah Cordier (et sur quelques informations personnelles que je possédais déjà)
Illustrations de ma chronique = photothèque Google (sauf la 1ère page du programme), la fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent ayant exigé qu’aucune photo ne soit prise

L’exposition a pour but de mettre en exergue ce côté visionnaire de l’œuvre de cet artiste.
C’est ce titre de « visionnaire », qui me poussa en tout premier lieu à aller voir l’exposition – mais pas uniquement évidemment.
Aussi le fait que je considère la mode comme un art à part entière, qui a son histoire, sa mythologie avec ses dieux et déesses.
Avec ses codes  stricts pendant de longues années – notamment pour les femmes riches (bien sûr – les femmes du peuple n’avaient que 2 robes = l’une pour la semaine, l’autre pour le dimanche) => on ne mettait pas 2 fois la même robe dans la journée, et certainement pas deux fois une robe du soir, pour ceux qui avaient une position en vue dans la haute bourgeoise, l’aristocratie.
On commence enfin à concéder  à la mode un certain caractère artistique puisqu’on l’associe aux peintres (la Mode & les Impressionnistes).

Associer le terme « visionnaire » à un créateur de mode m’intriguait tout particulièrement, et pourquoi justement à Yves Saint Laurent ?
Parce qu’il fut le tout premier à penser aux femmes un peu moins riches que celles qui hantent les salons de la haute couture.
Pour elles il créa sa "Rive Gauche".

Dans les années 1960 les femmes sortent enfin des carcans – elles quittent le foyer pour un emploi.
Yves Saint Laurent veut coudre pour ces femmes-là, leur proposer une mode pratique mais féminine, féminisant les tenues masculines, proposant ainsi une nouvelle image des femmes = une ravissante androgyne. Dont son célèbre smoking, « chipé » aux hommes mais permettant de partir en voyage avec un seul bagage, dans lequel ce smoking peut se porter de jour avec un petit pull, ou un chemisier, et le soir à même la peau, avec un foulard ou un bijou. Il fut particulièrement apprécié par Catherine Deneuve et Françoise Hardy.

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Il aime le mélange des styles = le caban de marin, féminisé – la saharienne – la petite veste de cuir qui fit scandale en haute couture (portée par Catherine Deneuve dans « Belle de Jour »).
Il aime aussi le mélange des cultures = le patchwork qui est généralement utilisé par les femmes défavorisées pour créer un nouveau vêtement. Une robe élégante avec un petit bonnet tricoté main.

Yves Saint Laurent a, à propos de SA mode, des idées bien arrêtées, il est obstiné car il est un génie créateur à qui le temps donnera raison il est un jeune créateur inspiré par la jeunesse et les Sixties.
Il a pour égérie, en dehors de Catherine Deneuve, celle qu’il a appelée « son autre moi-même, ma soeur jumelle », la très belle Betty Catroux (à sa gauche sur la photo).

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Betty Catroux est un mannequin français, était célèbre pour sa longue chevelure blonde et son allure androgyne. Elle raconte avoir rencontré Yves Saint Laurent au cours d’une soirée chez Régine et ils furent amis jusqu’au décès du créateur.

L’exposition suit un parcours précis = 1. La modernité des années 1960 et 1970 – 2. L’art du voyage avec Saint Laurent (un minimum de bagages pour un maximum d’élégance) – 3. L’explosion des couleurs – 4. Le changement des codes – l’alchimie des styles – 5. Saint Laurent Rive Gauche – 6. L’art en mouvement

Eléments de biographie pour Yves Saint Laurent =

Il est né en 1936 en Algérie et eut une enfance très heureuse, entouré des femmes de la maison – à commencer par sa mère qu’il adore. Son adolescence s’avérera bien plus pénible ; il prend conscience de son homosexualité, et cette révélation sera très dure à vivre pour lui dans un institut scolaire catholique, parmi des condisciples qui non seulement se moquaient de lui mais le harcelaient physiquement et moralement. Il se cachait jusqu’à être le dernier à sortir de l’école, afin de ne pas être malmené en rentrant chez lui.

Pour « oublier » ces moments très difficiles, il s’amuse à découper des mannequins dans les revues de mode de sa mère, et dessine des « poupées » de papier qu’il habille de robes découpées dans les revues. Sa mère lui a réellement passé sa passion pour la mode.
Le visiteur peut s’amuser d’ailleurs à jouer à la poupée dans la section « La Maison de Couture de Papier », où de nombreuses tenues « new look » peuvent habiller le mannequin que l’on fait bouger.

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En 1955  il entre chez Christian Dior – celui-ci décède en 1957 et Yves Saint Laurent reprend la maison. Il est lancé !
Il sera malheureusement remplacé par Marc Bohan durant le service militaire obligatoire, ce qui lui donnera l’impulsion nécessaire à la création de sa propre maison de couture.
Il sera de tous les excès – drogue, alcool, médicaments pour ce perfectionniste sombrant souvent dans la dépression.

Ce que j’ai le plus apprécié (mais pas seulement cela) est le « Couloir aux croquis » - toute la création d’Yves Saint Laurent s’y trouve, des robes de jour aux robes du soir, des tenues décontractées aux robes de « l’art en mouvement », où Saint Laurent (bien avant Castelbajac) mit Van Gogh, Mondrian, Braque, le pop art, en robes. Ce ne sont pas mes tenues préférées, mais il est évident qu’il fallait oser.
Et Saint Laurent osait, cela m’a vraiment fascinée en découvrant l’exposition.
J'apprécie particulièrement les personnes qui ont l'audace d'aller au bout de leurs rêves, même les plus fous.

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Yves Saint Laurent ne travaillait jamais sur mannequin de bois, il préférait travailler sur une personne vraie, afin de voir comment bougeait sa création.
La salle du « processus » créatif nous propose aussi quelques éléments de décor du vêtement = boutons, perles, broderies (tous venus de la fondation Bergé-Saint Laurent, tous objets authentiques avec lesquels il travailla).
Dans cette salle particulière, il y a des « stockman », mannequin à la taille exacte d’une cliente connue, n’ayant pas toujours envie de se déplacer pour une robe. A côté de cela, le vêtement en coton blanc, qui lorsqu’il sera au point, sera entièrement décousu et reporté sur patron-papier afin de donner vie à la robe définitive.

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Aimant provoquer, bien qu’il créa très peu (quasi pas du tout) de robes de mariée, il y a celle de 1965 qui fit scandale – tout en tricot – fait main, et dans laquelle le mannequin ne put pratiquement pas avancer, ce qui découragea les clientes assistant au défilé. La jeune femme y paraît comme « emprisonnée » - était-ce une manière pour YSL de critiquer l’institution du mariage ? à l’époque on interpréta le modèle d’un tas de manière = de la « momie » au cocon, en passant par la poupée russe et le phallus. Une robe comme une sculpture. (déjà le simple fait qu'elle ait été tricotée à la main suffit à me dresser les cheveux sur le crâne !)

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Yves Saint Laurent regrettait ne pas pouvoir suffisamment voir les amis qu’il aimait, pour cause de manque de temps – aussi à chaque fin d’année, il leur envoyait une carte fait-main, la célèbre carte « LOVE » - dont on peut admirer tout un mur dans le parcours.
Tout comme les célèbres accessoires de Loulou de la Falaise, mannequin devenue créatrice de bijoux, décédée 2 ans après lui. C’est en 1972 qu’elle entrera à son service, apportant beaucoup de fantaisie et de couleurs dans ses collections.
Yves Saint Laurent (décédé en 2008) prend sa retraite en 2003 et Loulou de la Falaise tentera l’aventure seule en créant sa marque.
Le créateur poursuit sa passion jusqu’à la création de parfums – le célèbre Opium dont le slogan publicitaire  fit scandale lui aussi et pour lequel il posa d’ailleurs – très bel homme, très photogénique.

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Yves Saint Laurent citait 4 créateurs de mode qui l’ont inspiré = Dior, Chanel, Schiaparelli et Madeleine Vionnet.
Dans les robes exposées, on retrouve 2 robes nettement inspirées par le 19ème siècle et par Proust, l’écrivain préféré d’Yves Saint Laurent (ce qui me rend Saint Laurent encore plus sympathique puisque j’adore Marcel Proust).

Oui la mode est un art, oui elle a une histoire – et pour peu qu’un créateur les aime, elle rend les femmes si jolies. Yves Saint Laurent aimait les femmes, il se voulait leur ami, leur confident.

Lisez aussi l' intéressant billet chez textes&prétextes, sur le même sujet.

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Commentaires
M
Que de belles illustrations ! J'avais vu une expo à Paris sur Yve Saint Laurent mais je 'navais pas autant d'explication ! J'avais adoré !
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M
Qu'il était doué! J'aimais beaucoup ses créations! Des silhouettes nettes! De beaux défilés! Encore un beau billet, Niki!
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S
bonjour marc lef, bienvenue chez moi -<br /> <br /> je vois qu'yves saint laurent fait l'unanimité non seulement sur son génie créateur mais aussi sur sa personnalité :)
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M
C'est vrai que c'était un vrai génie de la mode! Je ne connais pas très bien sa vie, mais cela me donne envie d'aller me procurer une biographie...
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T
Heureuse que l'expo t'ait plu, Niki, j'ai beaucoup aimé la revisiter au fil de tes explications. Le couloir de croquis m'a fascinée aussi, le coup de crayon et hop, une silhouette et un mouvement ! (Merci pour le lien vers T&P)<br /> <br /> J'ai rattrapé mon retard en passant par Bruges et ta belle aquarelle qui nous change de la froidure ambiante. Bonne soirée.
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