Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
27 janvier 2013

J.M.W. TURNER, d'Alain Jaubert

jaquette_dvd_turner

jpg_JAUBERTAlain_200409_17_2

Turner_selfportrait

Surnommé « le peintre de la lumière » mais aussi
 "le précurseur de l’impressionnisme"

Petite introduction personnelle = à  ce documentaire présenté (entre autres) par Alain Jaubert, (ne fait par partie de la collection Palettes),  je n’ai qu’un reproche à faire = lorsqu’un commentaire est fait par Ian Warrel, conservateur de la Tate de Londres, plutôt que d’avoir des sous-titres en FR, son commentaire est traduit en français et la voix off couvre les paroles du conservateur.
Comme j’ai horreur de cela, j’ai écouté la version anglaise, et je suis tombée de Charybde en Scylla ; ici aucun souci pour comprendre Ian Warrel – car toute la version anglaise est parfaitement compréhensible, tant l’élocution est belle – par contre, lorsque l’on interroge le conservateur du Louvre, on se retrouve avec le problème à l’envers = commentaire en français couvert par la voix off en anglais.
J’ai poursuivi mon écoute en anglais parce que j’aime ça et que Mr. Warrel intervenait nettement plus que le conservateur du Louvre, mais franchement on ne me fera pas croire qu’il soit si compliqué de mettre des sous-titres !

(Chronique basée et résumée du texte d’Alain Jaubert - commentaires personnels en italiques entre parenthèses)

En 1851 à Londres, sur les bords de la Tamise, décède à l’âge de 76 ans,  John Mallord William Turner, le peintre le plus célèbre de son époque – sa sépulture se trouve à St-Paul’s Cathedral, avec d’autres grands peintres britanniques. Il légua le contenu de son atelier à son pays, stipulant que ce que rapporterait la vente de ses œuvres devrait servir à construire une galerie lui consacrée mais également créer une institution destinée à aider les artistes. Après inventaire, on ne dénombra pas moins de 32.000 œuvres dans l’atelier, consistant en nombreuses aquarelles, peintures à  l’huile, matériel (pinceaux, boîtes de couleurs) et une quantité énorme de carnets d’esquisses.
Les héritiers contestèrent, mais sans succès. Par ailleurs, J.M.W. Turner était un homme fort secret concernant sa vie privée, l’ouverture du testament révéla que le peintre vivait depuis 15 ans, maritalement, avec la veuve de l’un de ses amis musiciens, mais aussi qu’il avait deux filles d’une précédente relation.

 Turner01

Turner naquit en 1775 et vécut sa jeunesse dans le quartier de Covent Garden, lieu privilégié des artistes, où se mêlaient toutes les couches de la société. Compte tenu de ses origines modestes (son père était perruquier-barbier), il aurait pu ne rester qu’un artiste-artisan. Au lieu de cela, son père détecta très rapidement le talent de son fils, il l’encouragea et exposa ses tableaux et dessins dans les vitrines de sa boutique, attirant rapidement l’attention de ses riches clients.
Le jeune garçon montre très rapidement un grand intérêt pour l’architecture, proposant même des dessins où les immeubles en construction étaient « achevés », soumettant ainsi aux architectes ce à quoi ressemblerait leur travail une fois terminé.

800px_A_View_of_the_Archbishop_s_Palace__Lambeth

Cet intérêt pour l’architecture conduisit naturellement le jeune Turner vers des études artistiques, encouragé par son père, qui lui instillera aussi un certain sens des affaires.
L’académie n’étant pas tellement éloignée de Covent Garden, Turner eut rapidement envie de faire partie du pinacle. L’adolescent de 14 ans se montrant particulièrement doué, il fut immédiatement admis à la Royal Academy of Fine Arts. Pendant 4 ans, il y suivra les cours, copiant les reproductions en plâtre de sculptures célèbres, copiées de l’antiquité, puis se lança dans le modèle vivant.
A côté de ses cours académiques, Turner continuait à vendre des dessins, découvrant en même temps le plaisir et la valeur de l’aquarelle.
Le Dr Monroe, dont il suit les cours en atelier, était très connu dans le monde de l’art et de l’aquarelle en particulier.
Turner découvre l’aquarelle dont les pigments se mêlent si joliment à l’eau, offrant un effet lumineux qui séduisit le jeune homme.
Bien vite il devint un véritable expert dans ce medium auquel il donna ses lettres de noblesse, car jusqu’alors l’aquarelle était considérée comme un medium à peindre plutôt mineur – seulement destiné aux esquisses et ébauches, qui seraient ensuite traduites en tableaux à l’huile.
Turner, au contraire, la travaillait au maximum de ses possibilités, retirant des effets en manipulant le papier entre autres ; il donna ainsi à ses aquarelles l’intensité que jusqu’alors on apportait à une œuvre à l’huile.

 Turner_LlandewiSkyrrid_1792

Voyager fut l’une des pierres angulaires du travail de Turner. Il revisita les lieux que visitèrent Rembrandt, Van Dijck, Canaletto,  Le Lorrain et tant d’autres. Claude Lorrain et ses paysages eurent une grande influence sur Turner ; il copia plusieurs tableaux du Lorrain à la perfection – l’artiste anglais conserva cette admiration et resta fidèle à l’esprit du Lorrain toute sa vie.

J.W.M. Turner déclara toujours n’avoir aucune envie de prendre des « vraies » vacances car son travail sur le terrain, tout au cours de ses voyages, était ses vacances.
Pendant que les guerres napoléoniennes faisaient rage sur le continent, il voyagera à travers l’Angleterre, l’Ecosse, le Pays de Galles. Il n’emportait qu’un bagage réduit à sa plus simple expression – privilégiant son matériel (carnets, crayons, encre, pinceaux et boîtes de couleurs).
(Ses carnets de croquis me laissent rêveuse par leur accomplissement, leur finition parfaite.)

 Turner_s_sketchbook

La notoriété du jeune Turner allant grandissant, son père devint à la fois son assistant et son homme d’affaires.
A 26 ans, âge précoce pour un artiste,   il fut élu membre de la Royal Academy, ce qui fait de lui le plus jeune artiste de tous les temps à être élu membre de cette institution.
L’exposition annuelle de l’académie, toutefois, ne suffit pas à l’ambitieux Turner qui, 3 ans plus tard, ouvrit sa propre galerie à côté de son atelier.
L’ambiance à l’académie laissait souvent à désirer au moment du choix des œuvres à exposer pour le salon annuel. Turner désirait avoir le choix d’exposer en toute indépendance ce qu’il désirait montrer et non le choix des administrateurs.

L’un des principaux mécènes de Turner, devenu également son ami, Walter Fawkes, membre du parlement, l’invitait régulièrement dans sa propriété du Yorkshire. Lord Fawkes rédigea une encyclopédie sur les oiseaux, superbement et complètement illustrée par Turner.

La guerre sur le continent étant terminée, Turner put enfin découvrir le Louvre et les maîtres anciens, il put assister au célèbre Salon annuel de l’académie, où David régnait en maître, néanmoins la peinture de paysage  devenait très à la mode.
Encore à la recherche de son style propre, Turner découvrit toutefois à Paris une manière de peindre qu’il pourrait intégrer à son style à lui.

turner25

Au cours de son grand périple sur le continent, le peintre fut fasciné par les montagnes. Bien qu’il ne fût pas exactement intrépide, mais il appréciait les sensations ressenties par son corps face aux sommets et précipices. Il adorait aussi la mer et ses tempêtes, la furie des éléments naturels exerçant une fascination certaine sur l’artiste.
(Pour moi, Turner est l’homme des éléments = air, eau, feu, rochers, nuages, brouillard, tempêtes – il leur confère une magie à nulle autre pareille.)

 Joseph_Mallord_William_Turner_066

24_Turner_Coast_of_Yorkshire__near_Whitby

Turner aimait expérimenter la manière de rendre la couleur – ses reflets sur un paysage, sur l’eau, il appelait cela « faire vibrer la peinture ».
Contrairement aux aquarellistes actuels pour qui une couleur ne peut absolument pas être appliquée pure sur le papier, Turner, au contraire, les utilisait totalement pures et les mélanges se fignolaient dans le dessin même, leur conférant un éclat, une lumière exceptionnels.
(Une technique que j’applique grâce à lui, et qui m’a systématiquement valu des critiques de la part des professeurs dont j’ai suivi les ateliers – sauf mon amie aquarelliste qui m’y encourageait.)
 

La technique la plus magistrale de J.M.W. Turner fut de parvenir à appliquer et traduire dans la peinture à l’huile la transparence de l’aquarelle – tecnique qui fut vivement critiquée par les critiques d’art de son temps estimant qu’il ne respectait pas les techniques mises au point par les grands maîtres.

Parmi les œuvres (dessins et peintures) de Turner on trouve énormément de mises en abyme, tableaux où il se représente dans son atelier ou sa galerie d’art, expliquant une œuvre à d’éventuels acheteurs, des visites au salon de l’académie, etc., des petits bijoux d’humour et d’autodérision.

 800px_Joseph_Mallord_William_Turner_088

Ma conclusion =
Dois je dire que j’ai particulièrement apprécié ce superbe document – l’exposé en était nettement plus long encore, fort intéressant est il besoin de l’ajouter, tant au point de vue visuel que didactique (dans le bon sens de ce mot).
Les explications des différents commentateurs permettent, aident, non seulement à la découverte mais également à une certaine réflexion sur ce qu’était la vie d’un peintre – ici à succès – dans les siècles passés.
En un temps où l’art devient pratiquement une marchandise – ne dit-on pas le marché de l’art ? (mes cheveux se dressent sur le crâne lorsque je pense aux sommes astronomiques que vaut un tableau de Van Gogh, ayant vécu et mort dans la misère) – il est bon de revoir la vie de quelqu’un qui ne vivait que pour cette passion et où les mécènes n’acquéraient pas nécessairement un tableau en tant qu’investissement, mais au contraire parce que c’était tout simplement beau et qu’ils aimaient cela.

 img_9_242_131

Publicité
Publicité
Commentaires
A
J'aime beaucoup, beaucoup ce peintre (il y avait eu une superbe expo à Charleroi il y a déjà longtemps) et je me suis offert le DVD sur Hopper dans la même collection (pas encore pris le temps de le regarder...)
Répondre
C
Je suis d'accord avec toi : les carnets de croquis sont magnifiques. Je ne connaissais que la dernière toile que tu mets (je ne suis pas très peinture non plus). C'était intéressant de lire tout cela.
Répondre
:
Une émission, qui, malgré quelques petits défauts de langage ;) semble aussi passionnante que l'univers de Turner, touot comme ton post ! Merci
Répondre
N
Je n'avais vu que quelques marines dans un musée et d'autres toiles dans un livre sur les Impressionnistes, et poussée par la curiosité( et toi aussi :-) ) je suis allée sur Internet à la recherche de quelques unes de ses toiles. J'ai découvert ses peintures " en fusion"!... Ses incendies, son éruption du Vésuve et d'autres toiles qui " brûlaient" littéralement. Très beau! <br /> <br /> Je dois reconnaître que les couleurs et la lumière ressortent mieux sur mon écran que dans les pages de livres... un régal!<br /> <br /> Merci de ta chronique qui m'a permis de passer un petit moment agréable un dimanche (très froid...)
Répondre
T
Le portrait est magnifique !!! La tempête j'aime beaucoup aussi, pour les autres c'est variable.<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi il n'y a pas de sous-titres ? Parce qu'une majorité de gens ont la flemme de les lire ... et pourtant c'est tellement plus enrichissante quand on entend la langue d'origine même si on ne comprend pas toujours tout, voir rien du tout. ;)
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 192
Archives
Derniers commentaires
Publicité