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mon bonheur est dans la ville
13 janvier 2013

DEUX HOMMAGES POUR UN TRINOME

Popular_Film_Producers

Deux documentaires à 25 années d’intervalle – le premier =

THE WANDERING COMPANY

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réalisé par Humpfrey Dixon, d’après un scénario de John Pym – d’après son livre homonyme.
Commentaires dits par l’acteur Robert Powell qui jouait dans « Jane Austen in Manhattan ».

 

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Celui-ci nous propose les 25 premières années de collaboration entre le metteur en scène James Ivory, le producteur indépendant Ismael Merchant et la romancière-scénariste Ruth Prawer Jhabvala.

Ivory comme Merchant nous parlent de leurs pères respectifs, tous deux acceptant que leurs fils ne suivent pas leurs pas dans les mêmes affaires qu’eux, ce qui leur permit de se réaliser totalement dans la branche choisie.
Ivory poursuivait des études d’art et architecture ; son intention était de participer aux décors d’un film mais lorsqu’il termina ses études à l’université de Californie « School of Cinematic Arts », il comprit que ce qu’il souhaitait vraiment était  faire plus que les décors.
Il écrivit et réalisa le documentaire destiné à sa thèse de fin d’année "Venice – Theme and variations", qui lui valut bien des éloges.
C’est en recherchant de la documentation pour son documentaire de 1959 « The Sword and the Flute » que James Ivory « rencontra » l’Inde – le coup de foudre fut immédiat. 

Ismael Merchant de son côté était issu d’une famille de négociants textiles. Il arriva aux Etats-Unis afin de suivre des études à la New York University ; afin de pouvoir subsister, il travaillait comme messager pour les Nations Unies et en profita pour suggérer aux représentants de l’Inde de subventionner ses projets cinématographiques. Comme il le disait lui-même = « je ne suis pas un homme timide, je ne connais pas la peur,  avec la peur on n’arrive à rien ».
C’est ainsi qu’un jour, alors qu’il avait vu la pièce « Sweet bird of youth » dans laquelle Paul Newman bouleversait les spectateurs, Merchant décida de lui rendre visite dans sa loge afin de lui témoigner son admiration.
Newman, un homme qui eut toujours le respect des autres et de son public, discuta un peu avec ce jeune audacieux ayant prétendu avoir un rendez-vous – à la sortie, il le revit et comme tous deux habitaient Washington Square, Newman reconduisit Merchant en moto.
En 1990, soit près de 30 ans plus tard, Ismael Merchant et James Ivory discutaient avec les Newman-Woodward pour finaliser leur projet « Mr & Mrs. Bridge » - Merchant  dit alors à Newman qu’il ne se souvenait probablement pas de lui, ce à quoi Paul Newman répondit = « bien sûr que je me souviens de vous, vous étiez ce dingue d’Indien que j’ai raccompagné à moto ! » 

La première réalisation et production d’Ismael Merchant est un court métrage intitulé « The Creation of Woman », projeté au festival de Cannes (1961) et nominé aux oscars.

Ruth Prawer Jhabvala de son côté, toujours fort discrète, comme retirée dans un monde bien à elle, s’amuse toujours beaucoup de ce que racontent les deux hommes – appuyant parfois qu’elle ne se souveint pas vraiment de telle ou telle anecdote.
Elle aime aussi à taquiner James Ivory qui découvrit grâce à elle de nombreux romans  de Jane  Rhys, Henry James ou E.M. Forster – non pas que le réalisateur n’ait pas connaissance de ces romans et leurs auteurs, sans oublier ses propres livres à elle, mais comme Ruth laissait trainer ses livres un peu partout, James Ivory y jetait un coup d’œil et finalement y trouvait bien des inspirations – dont elle écrira alors les scénarios, pour lesquels elle remporta très souvent un prix.

Le documentaire d’Humphfrey Dixon-John Pym relate les premières 25 années des réalisations, de « Shakespeare Wallah » aux « Bostonians », avec des commentaires des sœurs Kendal, Jennifer et Felicity, ainsi que de Shashi Kapoor et Madhur Jaffrey – 2 comédiens fétiches du réalisateur.

Le deuxième documentaire, réalisé 25 ans plus tard, par Caroline Berge fut terminé en 2005, mais hélas Ismael Merchant n’eut pas l’occasion de participer au visionnage final, il venait d’être emporté par la maladie.

TROIS FLEUVES SACRES (THREE SACRED RIVERS)

Ecrit et réalisé par Caroline Berge

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c’est Ismael Merchant, toujours aussi extraverti, qui explique que l’association qu’il forme avec Ivory et Prawer Jhabvala (« Jhab » pour les amis) est un étrange mariage de plusieurs cultures =
James est un protestant américain, avec du sang irlandais, Ruth est une juive allemande, mariée à un Indien et moi-même je suis un Indien musulman, naturalisé américain ! On nous a parfois nommé « un dieu à 3 têtes », mais je trouve qu’on aurait aussi pu nous appeler « un monstre à 3 têtes ».
Nous sommes comme ces 3 fleuves sacrés en Inde qui se rejoignent en un point que l’on nomme « Sangama », c’est à  dire « confluent ».
Ce point de rencontre = c’est nous !
(Les trois fleuves sacrés, en Inde, sont le Kabini, le Kaveri et le Hamavati – leur point de rencontre – confluent – est Srirangapatna) 

Dans ce documentaire-ci, on retrouve certains extaits du docu « The Wandering Company », mais  l'on aborde la période  "post-The Bostonians" (Maurice, Howard's end, A Roome with a view, etc.) avec des témoignages supplémentaires d’Emma Thompson, Vanessa Redgrave, Simon Callow, Anthony Hopkins, Christopher Reeves, Ralph Fiennes, Sam Waterston, Helena Bonham-Carter, tous acteurs ayant travaillé avec James Ivory, louant sa manière très courtoise de traiter les acteurs, leur laissant une grande marge de liberté quant à leurs interprétations.
La seule avec qui James Ivory eut des problèmes fut Raquel Welch, qui comprit mal un commentaire sur son jeu, décida de quitter la production du film et ne revint qu’avec des excuses quasi publiques. Comme le dit Ivory, mon film était plus important que ma fierté.

On y apprend qu’Ismael Merchant n’était pas seulement un homme d’affaires des plus avisés, un producteur indépendant farouchement épris de sa liberté d’action, mais aussi un excellent cuisinier qui adorait inviter ses amis et leur préparer de savoureux repas inspirés par la cuisine de son pays d'origine.

Ce documentaire se termine sur de belles images mélancoliques, hommage à Ismael Merchant qui laisse désormais un grand vide non seulement dans la vie de ses amis mais aussi dans le  monde du cinéma.
Ce qui m'a vraiment émue est de constater, au fil de ces deux documents, était la grande complicité, la grande amitié qui liait ces 3 personnes. C'est ce qui est réellement le plus émouvant dans ces 2 documentaires.

(Plusieurs documentaires et courts métrages des débuts du trinome se retrouvent dans les bonus des dvds. Sauf « The Wandering Company », qui fait partie de ma collection personnelle,  mais qui n’est plus très facile à trouver dans le commerce.)

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Commentaires
T
J'ai beaucoup aimé les films d'Ivory comme "Chambre avec vue", "Howards End" et "Les Vestiges du jour" - il est un des rares cinéastes qui m'aient poussée à lire des romans non lus avant de voir le film. Mais j'ignorais tout de l'équipe que tu nous présentes, formidable.
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S
je crois qu'il a un nouveau projet en chantier, mais c'est vrai qu'après ses grand succès, on ne parle plus beaucoup de lui - je crois aussi qu'il a traversé un temps de deuil après le décès d'ismael merchant - celui-ci, malgré ce qu'il racontait en riant à propos des réalisations qui lui "coûtait sang et cauchemars" - produisait les films de james ivory, cela fait certainement aussi une différence car à présent james ivory doit trouver des producteurs qui lui laissent carte blanche, comme son ami - et dans le monde du cinéma où le moindre penny doit rapporter le quintuple, ce n'est certainement pas simple
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A
On ne parle plus guère d'Ivory maintenant et c'est bien dommage. J'ignorais à peu près tout de ce que tu expliques dans ton billet, c'est très intéressant.
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A
C'est toujours un plaisir de lire tes billets. On apprend plein de choses ! Bonne année Niki.
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T
Tu carbures à l'Ivory à plein tube en ce moment ;) <br /> <br /> <br /> <br /> Bon dimanche :)<br /> <br /> <br /> <br /> bisous
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