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mon bonheur est dans la ville
18 novembre 2012

IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE, de Nuri Bilge Ceylan

Once_Upon_a_Time_in_Anatolia

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Titre anglais = Once upon a time in Anatolia 

Titre original turc = Bir Zamanlar Anadolu’Da

Le film commence par quelques images de 3 hommes dans un vieux garage délabré, un homme sort pour nourrir son chien.
Plus tard, on ignore combien de temps plus tard, 3 voitures roulent la nuit dans les plaines d’Anatolie ; dans la première des voitures, le commissaire Naci, le docteur Cemal, deux policiers et un homme qui s’avère être l’un de ceux aperçus dans le garage.

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Dans une autre voiture, le frère de cet homme, le procureur Nusret et d’autres policiers. L’homme assis entre le médecin et un policier aurait confessé avoir tué le propriétaire du garage et avoir enterré le corps quelque part près d’une  fontaine et d’un arbre dont le feuillage formait une « boule ».
La nuit, on le sait, tous les chats sont gris – il en va de même pour le paysage et après 5 arrêts où le suspect ne reconnaît pas les lieux, le commissaire décide que l’on attende le jour dans la ville la plus proche, ses nerfs sont à vif à ce commissaire, non seulement il en a assez d’être « trimballé » par un probable assassin mais, de plus, il a arrêté de fumer.
Dans la petite ville où la troupe s’arrête, l’électricité est coupée à cause de l’orage ; le maire en est marri, tout le monde est de plus en plus à cran – sauf les assassins qui semblent vivre sur une autre planète.

Once_Upon_A_Time_In_Anatolia_Film_Review_Doctor_Cemal_Muhammet_Uzuner

La ravissante fille du maire vient offrir le thé ou le café, à la lumière d’une lampe à pétrole, tout cela sans un seul mot – cette adorable apparition déclenche chez le procureur une sorte de « confession » auprès du médecin =  un cas qu’il aurait rencontré il y a quelque temps déjà d’une jeune femme qui aurait prédit sa mort après la naissance de son enfant.
Et elle est effectivement morte, alors qu’elle était en excellente santé. Etonnement du médecin, sceptique – on ne meurt pas « comme ça » lorsqu’on ne souffre d’aucune maladie, le procureur reste silencieux.

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Le lendemain matin, la troupe retourne sur la route traversant les plateaux et s’arrête enfin au bon endroit – on retrouve le corps du garagiste, la paperasse peut commencer, ainsi que l’autopsie.

Avec ce film, le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan dit avoir voulu tourné un film « le plus dépouillé possible » - il poursuit en affirmant « de manière générale, je  n’ai pas envie de m’inscrire dans la norme, je sais que cela peut rebutter certains spectateurs mais je sais aussi que cela en attirera d’autres, ceux qui apprécient une proposition de cinéma différent ».
Je ne peux que lui donner raison sur toute la ligne = son film est tellement dépouillé que pendant une heure et demie (le film dure 2.30 h), il ne se passe strictement rien. Sauf quelques rares dialogues, dans le premier véhicule, avec le commissaire râleur – et comme on le comprend ! se trimballer en pleine nuit, sous le vent, l’orage, sur les plateaux à la recherche d’un corps, dont on ne sait même plus où on l’a enterré, il y a de quoi ! 
Au bout de cette heure et demie,  on en apprend un petit peu plus, et le dénouement, à la morgue, surprend.

L’interprétation est bonne = Yilmaz Erdogan est un commissaire râleur parfait, on comprend que son adjoint-chauffeur  lui présente un paquet de cigarettes, histoire de le calmer !
Le procureur est joué par Taner Birsel, avec une pointe d’humour au moment de l’écriture du rapport, mais aussi une certaine tristesse lorsqu’il évoque la jeune femme morte (j’ai fini par conclure qu’il parlait de sa situation personnelle – mais c’est ma conclusion, le film ne le dit pas).
Quant au médecin, il est interprété par Muhammet Uzunur. Son interprétation m’a beaucoup fait penser à celle de Muzaffer Özdemir dans « Uzak » de ce même réalisateur. Tout comme le photographe, le médecin est un homme de très peu de mots, son mutisme est même perturbant pour les autres, il leur paraît comme absent.
Le principal suspect, l’homme qui a déclaré avoir tué son ami le garagiste dans une dispute causée par l’alcool, est joué par Firat Tanis.

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Toute l’interprétation m’a beaucoup plu et la photographie m’a réellement séduite, les plateaux photographiés de nuit ou de jour, les maisons éclairées aux lampes à pétrole dans le village privé d’électricité, tout cela on le sent est très recherché, ce qui n’a rien de surprenant lorsqu’on sait que Nuri Bilge Ceylan est photographe.
Tous les interprètes sont des acteurs ou des réalisateurs très connus dans le monde du cinéma turc.

Le bémol que j’ai à l’égard du film est cette longueur = une heure et demie où il ne se passe pratiquement rien, cela surprend et dérange. Ensuite, comme par hasard, en une heure tout doit « bouger ».

Le réalisateur se dit proche de ses personnages, ayant grandi dans une petite ville provinciale où il ne se passait pas grand-chose et où tout est toujours soumis à la pression de la hiérarchie.
Le film nous offre quelques instants (très rares) d’humour noir – lorsque le corps est découvert, lorsque le rapport est établi, à la morgue, tout cela pour prouver au spectateur sur dans les pires circonstances, on peut trouver de quoi rire ou du moins sourire (très oriental comme philosophie).
Lorsque l’histoire se termine, on n’en sait pas beaucoup plus = ceci est une décision délibérée de la part du réalisateur.
Au spectateur de décider de ce qui s’est réellement produit, s’il en éprouve le besoin.

L’histoire serait basée sur des faits réels – l’un des co-scénaristes, qui a une formation de médecin,  a dû travailler pendant 2 ans dans la petite ville où se situe l’action ( !!!) du film et il s’est inspiré d’une histoire semblable pour le scénario.

Le titre fait bien sûr penser à Sergio Leone et son « Once Upon a time in the west », où effectivement rien ne se passe pendant un certain laps de temps (ça ne dure quand même pas une heure et demie !).
J’aime les films d’auteur, ils sont intéressants à découvrir – mais je ne comprends pas  ce qui a poussé le réalisateur à donner une telle durée à son histoire – qui normalement faisait TROIS heures et demie.

Ce film a obtenu le grand prix au festival de Cannes 2011. Il était aussi le film le plus long en compétition (tu m’étonnes !)

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Commentaires
T
tout comme Lounima, il ne me dit trop rien. Non pas que j'ai besoin d'action à tout prix mais ce n'est peut-être pas le film que je prendrai plaisir à regarder en ce gris automne ;)
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L
Une heure et demi à regarder alors qu'il ne se passe RIEN ?? Oh, là, là, je passe, malgré tes éloges sur la photographie... ;-)
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:
Comme souvent, malgré tes réserves, tu me rends curieux et me mets l'eau à la bouche ;)
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