1. INGRES, d'Hector Obalk & 2. OLYMPIA AU CHAT NOIR, d'Edouard Manet
LES MARDIS DE L'ART
dans le cadre de la thématique 2012-2013 =
une petite histoire du corps dans l'art # 2
(deuxième partie)
2. OLYMPIA AU CHAT NOIR, d’Edouard Manet
Il semblerait que l’on ait demandé à plusieurs reprises à Edouard Manet de peindre des nus, ce qu’il n’aimait pas particulièrement. Il décida donc d’en peindre 2 = « La Baignade, rebaptisé plus tard « Le déjeuner sur l’herbe » et "OLympia au chat noir".
Alain Jaubert, bien connu des adeptes de l’excellente émission « Palettes », commence par « décortiquer » le tableau, parlant tout d’abord des multiples détails qui entourent la belle Olympia = bijoux, grand châle de soie, mules, puis les personnages « noirs » destinés à mettre la belle en valeur, la servante et le chat dressé sur ses pattes. Le bouquet est là pour parfaire le tableau.
Inutile de dire que ce tableau fut très mal reçu = l’air provocant de la belle odalisque, qui regarde droit vers le spectateur, comme si elle l’invitait littéralement d’entrer dans le tableau, a été considéré comme « obscène » - je me demande parfois quelld poubelle est l’esprit humain pour tirer de telles conclusions sur un aussi joli tableau (il est vrai que je ne suis pas un homme).
Cette Olympia ne fut rien d’autre qu’une prostituée aux yeux des critiques d’art, au point que Manet préféra la conserver dans son atelier pendant 2 ans.
Ce qui choqua particulièrement était cette main qui cachait le sexe, mais que l’on considéra comme geste impudique, car il « tentait » littéralement le spectateur, comme le regard.
La jeune femme qui posa pour le tableau est Victorine Meurant, elle fut très fréquemment utilisée par Edouard Manet. Elle décida de se lancer également dans la peiture, elle devint la protégée d’Alfred Stevens, lui-même grand peintre des femmes (voir ma petite chronique à son sujet ici).
Après un mystérieux passage aux Etats-Unis, la vie de bohème de Victorine Meurant se termina tristement dans l’alcool.
Cette ravissante rousse au teint très pâle – très bien rendu par Manet - figure dans le « Déjeuner sur l’herbe », dans « le Chemin de fer » en jeune mère de famille et en torero.
Le tableau fut défendu par Emile Zola, grand ami de Manet, ainsi que par Charles Baudelaire, qui venait d’être condamné pour ses « Fleurs du mal ».
Par contre, de la part des opposants au tableau, il y eut une avalanche de sarcasmes et caricatures. Certains la qualifièrent de « gorille femelle ».
Ce nu d’Edouard Manet n’était pas suffisamment académique pour plaire, comme une certaine Venus – Olympia est une femme bien réelle, qui semble vivante. Edouard Manet déclarait à propos de son tableau, d’un air faussement modeste mais vraiment ironique = « j’ai peint ce que j’ai vu ! »
Non seulement le nu ne répond pas à la manière académique de l’époque, mais qui plus est, la forme d’Olympia couchée semble indiquer que Manet la peignit assis, ce qui était aussi une rupture évidente avec la tradition – les peintres peignaient debout.
Comme le tableau n’était pas apprécié en France, un collectionneur américain comptait l’acquérir, mais Claude Monet écrivit un lettre afin qu’il soit exposé au musée du Louvre ; il fut ensuite exposé au musée du Luxembourg, pour terminer enfin au musée d’Orsay
Pour le réalisateur de ce film, la référence à deux tableaux de la Renaissance ne fait pas de doute = Edouard Manet avait découvert « la Nymphe » de Giorgione et « la Venus d’Urbino » du Titien ; il n’a jamais caché s’être inspiré de ces tableaux, il les avait d’ailleurs copié lors de son séjour à Florence.
Gustave Courbet, après avoir vu « Olympia » décida de peindre ce qu’il appelait un « vrai nu », trouvant que la peinture de Manet était plate.