MOGAMBO, de John Ford
Titre français = identique
Scénario de John Lee Mahin, d’après la pièce de Wilson Collison
Victor Marswell, chasseur au Kenya pour différents zoos ou collectionneurs privés, a la stupéfaction de découvrir dans SON bungalow et sous SA douche la très belle Eloise Kelly, surnommée Honey Bear à New York. La superbe créature a quitté son New York natal pour suivre un maharadjah lui ayant fixé rendez-vous chez Victor.
Entretemps, un coup d’état semble menacer le royaume, le maharadjah est donc reparti aux Indes sans plus se soucier de la belle.
Qui râle sec, elle qui est plutôt habituée aux night-clubs, elle se retrouve entourée de toutes sortes d’animaux dont quelques lions, girafes, singes ainsi que Victor Marswell, son sympathique et très rondouillard adjoint surnommé « Brownie » et un assistant chasseur nommé Boltchak. Et ce ne sont pas les lions les plus dangereux, mais la belle ne s'en laisse guère conter.
Marswell ne développe pas un grand respect pour Eloise (appelez moi Kelly), au contraire de Brownie qui adore son humour satirique, tellement newyorkais.
Il faut dire que Kelly a la langue bien pendue et remet Marswell à sa place. Au point qu’il revient un peu sur son opinion préconçue qu’elle serait « de mœurs faciles ».
Le camp attend la venue des Nordley, un jeune couple dont le mari est anthropologue, assisté de sa gracieuse épouse Linda, ils viennent étudier les gorilles.
Le bateau qui doit les déposer est déjà arrivé, plus tôt que prévu – tant mieux pour Kelly qui pourra repartir plus rapidement.
Marswell ne réalise pas que la jeune femme est tombée amoureuse de lui, ce qu’elle cache avec fierté d’ailleurs.
La voilà donc en partance et revenue le soir même !!! le bateau du « Skipper » a heurté la berge (faut dire que le Skipper est aussi imbibé que le fleuve sur lequel il navigue, mais pas vraiment d’eau).
Kelly réalise très vite que Victor Marswell est tombé amoureux de la ravissante et guindée Linda, qui répond à ses sentiments, mais est torturée par le remords compte tenu de la gentillesse de son époux.
Linda n’a aucune sympathie pour Kelly, elle a même un certain mépris pour cette femme qu'elle trouve "vulgaire", malgré les efforts de cette dernière pour atténuer le conflit.
Lorsque le mari de Linda est rétabli d’un accès de fièvre, toute la troupe se met en route ; Kelly pourra attendre au poste du chef de district un bateau pour retourner vers la civilisation pendant que le reste de la troupe ira chez les gorilles. Malheureusement des braconniers ont blessé le responsable et les tribus environnantes semblent particulièrement hostiles aux Blancs.
Il ne reste à Eloise Kelly qu’à suivre toute l’équipe, au grand déplaisir de Linda dont les nerfs sont de plus en plus tendus, et dont le mari ne se rend strictement compte de rien, lui.
Alors que c’est évident pour toute l’équipe. Notamment pour Boltchak qui va prendre un malin plaisir à flanquer la zizanie.
Ce remake de « Red Dust », interprété également par Clark Gable en 1932, est un beau moment d’évasion, car contrairement à « Red Dust » qui était tourné « tout studio » pour figurer la Malaisie, ici on découvre de magnifiques paysages africains.
Ce drame romantique mettant en scène un triangle amoureux m’a un peu surprise par son « audace » car en 1953, il n’était pas très bien vu de montrer une histoire où une femme est infidèle … mais bon, tout cela est encore très loin de ce qu’on nous propose actuellement !
Toutefois, dans l’Espagne franquiste, le mari devint un frère, car le régime de Franco trouvait cette histoire indécente.
J’aime énormément Clark Gable, et bien qu’il soit un Victor Marzwell touchant, surtout à la fin, je l’ai trouvé trop vieux pour le rôle.
Le couple Nordley, interprété par Donald Sinden et Grace Kelly ne m’a pas totalement convaincue ; lui est d’une gentillesse à toute épreuve, ce qui est fort charmant, mais la très belle et un peu glaciale Grace Kelly ne joue vraiment d’une manière naturelle.
Je suis désolée pour tous ceux qui l’admirent, mais je la préfère de très loin dirigée par Alfred Hitchcock, qui parvenait à tirer le meilleur parti de sa beauté et de son talent (que je trouve quand même très limité).
Par contre, je n’ai que des louanges (dithyrambiques) à l’égard de la somptueuse Ava Gardner – en fait, tout le film repose sur ses épaules, car honnêtement le scénario ne casserait pas trois pattes à un canard boiteux = je t’aime, tu m’aimes, je t’aime pas, je t’aime quand même, si c’est comme ça je t’aime plus !!! – sur fond de gorilles, lions, bébés éléphants (je n’ai pu m’empêcher de penser à « Hatari » d’Henry Hathaway à ce propos, tourné bien plus tard).
Sans Ava Gardner, ce film n’est rien du tout, même le talent de Clark Gable n’y suffirait pas.
Elle est à fois radieuse, émouvante, drôle, parfois énervante, mais toujours, toujours sympathique.
Et belle en plus d’être intelligente. Pas à dire, c’était une grande dame du cinéma américain.
Les autres acteurs = Philip Stainton est « Brownie » et Eric Pohlmann le peu amène Boltchak.
J’ai eu des difficultés à reconnaître Laurence Naismith dans le rôle du « Skipper » toujours très imbibé – cet acteur interprétait le « Judge » dans « Amicalement vôtre ».
Croyez-moi, il est loin du personnage tiré à quatre épingles de la série télé. Néanmoins, ses rares apparitions dans « Mogambo » sont bien amusantes.
Toutes les musiques africaines dans le film sont interprétées par les tribus africaines. Cependant, il n’y eut jamais de gorilles au Kenya, on peut faire confiance à John Ford pour détourner certains faits (déjà je ne l’apprécias pas des masses pour la manière dont il a dépeint les Amerindiens dans ses premiers films, mais en plus je sais qu’il adorait la chasse et qu’il en a profité d’être en Afrique pour jouer au « grand chasseur blanc »).
Il semblerait que le mot « mogambo » signifiât « passion » en swahili.
Malgré le faible scénario, j’ai vraiment aimé revoir ce film découvert dans ma jeunesse (celui ou celle qui a dit « ya longtemps » sort !) – un agréable moment de romance, d'humour et d’évasion dont j’ai bien besoin en ce moment.
En tout cas, je ne vois pas trop ce que cela aurait pu donner en pièce de théâtre, mais il est vrai que le texte original se passait dans une plantation en Malaisie et ne portait que sur les relations entre personnages, alors qu’ici on a quelques belles images de régions africaines.
Un très bel article sur la superbe Ava Gardner sur le blog la plume et l'image.