DARK SHADOWS, de Tim Burton
Titre français en Europe = identique
Titre français au Québec = Ombres & Lumières
Scénario de Seth Graham-Smith, adapté du « soap opera » homonyme, réalisé dans les années 1960 par Dan Curtis
Au 18ème siècle les Collins s’en vont pour le nouveau monde, où ils prospèrent au point d’avoir une ville (Collinsport) et un manoir (Collinwood) à leur nom.
Hélas pour eux, leur bonne Angelique (sorcière) est amoureuse du fils de la maison ; or lui ne répond pas à cet amour, il aime la douce Josette.
Le problème avec les sorcières, c’est qu’elles ont très mauvais caractère et sont rancunières. Puisque Barnabus ne sera pas à elle, Angelique fait en sorte de ruiner la famille et tuer son amour. Puis elle transforme Barnabas en vampire. Charmante personne !
Près de 200 ans plus tard, en 1972, Victoria Winters arrive à l’ancien manoir, en qualité de gouvernante pour le jeune David.
Elle est reçue par Elizabeth Collins Stoddard, désormais chef de famille, totalement dévouée à sa famille. Le jeune David tente de l’effrayer en se déguisant en fantôme, mais le soir de son arrivée, elle rencontre le vrai fantôme de Josette, qui annonce qu’ « Il arrive ».
Quelque part, un McDo a envie d’agrandir son parking et les ouvriers déterrent le cercueil de plomb dans lequel Barnabas a été enterré. Sitôt le cercueil ouvert, notre vampire qui est quand même affamé au bout de 200 ans, se précipite sur les travailleurs, puis rejoint Collinwood où il transforme, Loomis le concierge, en son serviteur. Puis fait la connaissance d’Elizabeth, d’abord méfiante. Puis réalise que peut-être ce mythe de la « malédiction des Collins » (sorcière, vampire, fantôme) est peut-être vraie.
Barnabas de son côté a décidé de restaurer la splendeur des Collins, bien que le marché du poisson soit désormais entre les mains d’une certaine Angie, alias Angelique. La sorcière est devenue une célèbre businesswoman. Mais Barnabas arrive peu à peu à remettre la situation des Collins à flots ; du coup, voilà la sorcière qui voudrait bien reconquérir son ancien amant, mais rien à faire = il aime Victoria qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Josette ! Décidément, ce type cherche les problèmes.
Je ne vais pas mentir = j’ai bien aimé ce film qui pourtant n’a pas rencontré tous les suffrages auprès de ceux et celles qui l’ont vu. Ce serait un « Burton mineur », c’est possible – il est vrai qu’on n’est pas ici dans « Big Fish », « Ed Wood » ou « Alice » tous d’excellente mémoire, mais un Burton mineur, ça vaut encore plus que certaines niaiseries américaines actuelles.
Je suis bon public et cette histoire de vampire qui se réveille 200 ans plus tard, avec toutes les petites (parfois bêtes) blagues anachroniques, j’aime bien (j’ai adoré « Hibernatus » avec Louis de Funès).
De plus, la famille Collins actuelle est un bel exemple de famille dysfonctionnelle, avec ce que cela comporte de drôle vu de l’extérieur.
Comme le gris foncé et pluvieux alterne avec les éclaircies, j’ai donc hésité entre un roman de Simenon, qui à coup sûr m’aurait flanqué un bourdon phénoménal et un Patricia Wentworth, j’ai choisi celui-là et je ne le regrette pas – on m’annonçait un « thriller digne d’Hitchcock », oui mais d’un Hitchcock avec une bonne pointe d’humour.
J’avais le choix entre plusieurs films, c’est « Dark Shadows » qui l’a remporté haut la main, parce que l’ambiance du film correspondait parfaitement à la saison (ma soirée halloween).
La série qui a inspiré le film a couru pendant plus de 1200 épisodes – il paraît qu’au départ, pas de monstres, pas de fantômes – je me demande alors ce que cela a bien pu donner, car ce sont les « monstres » qui font tout dans le film.
C’est aussi la 8ème collaboration de deux grands copains = Depp et Burton – j’espère que ce ne sera pas la dernière.
Pour Johnny Depp, jouer Barnabas Collins était un vieux rêve car il adorait la série.
En dehors de Johnny Depp qui a à nouveau l’air de beaucoup s’amuser, comme dans les « Pirates des Caraïbes », on trouve les très belles Michelle Pfeiffer (excellente - mais où est elle restée pendant tout ce temps) et Eva Green. Respectivement la matriarche de la famille Collins et la sorcière-soubrette chez les Collins du 18ème siècle, et femme d'affaires au 20ème siècle, avec un look "poupée Barbie" habillée de rouge).
Helena Bonham-Carter, qui semble déjà autant aimer se déguiser que Johnny Depp, interprète la psychiatre de la famille Collins – elle est d’un roux flamboyant. Elle m'a bien fait rire en psychiatre se prenant très au sérieux (comme tous les psys d'ailleurs).
Bella Heathcote est l’objet de l’amour de Barnabas Collins, passé et présent - mais la jalouse Angélique/Green lui jette un sort. Faut pas rigoler avec les sorcières, on se tue à vous le répéter.
Qui trouve-ton encore chez Les Collins = Carolyn, la fille de la matriarche, une adolescente bizarre (ne le sont elles pas toutes ?) jouée par Chloë Grace Moretz, son cousin David (Gulliver McGrath – oui c’est son nom, ça ne s’invente pas – et je plains le gamin qui doit se coltiner un tel prénom), le frère de la matriarche (Jonny Lee Miller), le concierge du domaine, une gouvernante pour David, etc.
On trouve même Alice Cooper (le musicien) dans une apparition cameo, même chose que Christopher Lee – que serait un film d’horreur sans Mr. Lee ?
Question effets spéciaux, c’est évidemment épatant (enfin, moi je trouve) – par exemple pour rendre un fantôme réaliste, il suffit d’immerger l’acteur dans l’eau – ensuite, on « efface » l’eau par ordinateur et l’acteur (ici l’actrice) flotte dans les airs. J’espère qu’elle ne s’est pas coltiné un rhume en plus. Par ailleurs, il paraîtrait que le scénariste Seth Graham-Smith est un spécialiste de films fantastiques et autres petites plaisanteries vampiresques.
La musique, comme presque toujours chez Tim Burton, est composée par Danny Elfman, mais le film permet aussi d’écouter quelques morceaux fameux des années 1960-70.
Côté décors = la propriété des Collins étant pratiquement un « personnage » du film, il fallait des décors exceptionnels – le manoir de la série d’origine, qui existe réellement aux USA, a été prise pour modèle aux constructeur de décors qui l’ont « reconstruit » à l’échelle dans les studios Pinewood (façade, mur, cour et fontaine). L'époque des années 1970 est relativement bien respectée côté costumes.
Même si j’ai eu des difficultés à résumer l’histoire qui est tout de même assez tordue, je me suis bien amusée – on ne rit pas tout le temps, mais on sourit beaucoup car l’interprétation est épatante. Même chez les revenants on a des problèmes familiaux !