LE MAGASIN DES SUICIDES, de Domitille Collardey & Olivier Ka
Adaptation du roman homonyme de Jean Teulé
Ce roman de Jean Teulé est très populaire en ce moment = d’abord un livre qui a eu un grand succès, paraît-il, et pour l’instant un film d’animation qui rencontre également un certain succès, même si d’aucuns estiment que le réalisateur se prend pour Tim Burton et rate son coup.
Moi, ce qui m’a attirée, c’est la couverture du roman graphique = la Maison Tuvache ressemble presque à la Maison Cauchie à Bruxelles ; je pensais donc, dans mon infinie candeur, qu’il s’agissait d’un « petit polar en images dont l’histoire se situait dans la belle maison art déco » bruxelloise.
J’ai comme excuse de n’avoir pas du tout entendu parler du roman de Teulé (et j’entends déjà tout le monde dire « mais comment est-ce possible » !).
Je le reconnais = comment est ce possible car un tel moment d’humour noir était pourtant bien fait pour me plaire.
La famille Tuvache est une famille comme les autres = père, mère, fils anorexique et qui s’isole du monde, fille ado mal dans sa peau.
Et un petit dernier qui va flanquer la pagaille dans tout ça !
Pourquoi ? c’est simple, lorsque j’écris que les Tuvache sont « comme tout le monde », j’exagère un peu = ils sont particulièrement plus dépressifs que la moyenne des gens et dans leur magasin ils vendent absolument TOUT pour réussir son suicide. Leurs clients sont encore plus dépressifs qu’eux, pour autant que ce soit possible.
Et ce petit dernier alors ?
Il a reçu pour prénom « Alan », du nom d’une homosexuel britannique célèbre qui mit fin à ses jours pour incompréhension totale de la part de ses contemporains.
Cette même incompréhension se retrouve dans les relations des 4 Tuvache aînés à l’égard de ce craquant petit Alan, toujours souriant, toujours de bonne humeur, toujours un mot gentil pour tout le monde, y compris pour les clients ! Horreur, ça risque de les faire fuir estiment les parents, qui rabrouent sans cesse le petit bonhomme, qui ne s’en préoccupe pas. Au contraire, il leur laisse sans cesse des petits mots gentils, écoute des chansons du style « Yad’la joie ». Mais comment ont-ils pu avoir un enfant pareil !
Je suis encore sous le charme de cette histoire, où l’on montre que dans toute famille il y a un « vilain petit canard », un enfant moins aimé que les autres parce qu’il n’entre pas dans le moule.
Tout le long de ma lecture je me suis demandé si cet adorable Alan allait tenir bon et finir par faire la conquête de tous.
La fin cependant m’a rendue un peu triste, mais je ne regrette nullement avoir découvert cette histoire pleine d’humour vraiment très noir.
Du coté des dessins, tout est en nuances de gris, de beige et sepia, sauf l’adorable Alan qui est tout roux, porte parfois un joli chandail rouge sur son jeans bleu, ou une chemise jaune vif – bref il est le seul à être en couleurs.
Le trait est simple, pas toujours très beau, mais de ce côté-là vous le savez, je suis assez difficile.
Un coup de cœur.