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mon bonheur est dans la ville
20 octobre 2012

LES MISERABLES DE VICTOR HUGO, dans une adaptation du Théâtre du Parc à Bruxelles

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Mise en scène = Thierry Debroux

Scénographie = Catherine Cosme

Créations vidéo = Eve Martin

Costumes = Saïd Abitar & Catherine Cosme

Avec la participation, pour la figuration, des étudiants stagiaires du Conservatoire de Bruxelles

(source des illustrations de ma chronique = le site du théâtre)

A l’occasion de l’anniversaire de 150 ans de la 1ère parution du roman « Les Misérables », Bruxelles a mis certains de ses théâtres à la disposition d’adaptations théâtrales, dont celle-ci.
Le théâtre du Parc à Bruxelles rend ainsi hommage à l’un de ses spectateurs illustres = Victor Hugo en personne.

Un peu d’histoire (adapté du programme du théâtre) = On y joua une pièce de son fils Charles Hugo en 1861 – Hugo père résidait à l’époque à Waterloo, où il achevait l’écriture de ce roman fleuve. On créera dans ce même théâtre du Parc de Bruxelles une pièce qu’il avait écrite durant son séjour à Guernesey.

C’est aussi au théâtre du Parc que Juliette Drouet y avait joué quelques rôles (de fin 1828 à début 1829) – l’entrepreneur des spectacles la recommanda ensuite à Victor Hugo pour un rôle dans sa « Lucrèce Borgia » - une idylle naîtra alors qui dura 50 ans.
(Petite parenthèse à propos de la Lucrèce d'Hugo = il en fait une gourgandine, exactement le contraire de ce que fut la vraie Lucrèce Borgia - Dumas et lui ont vraiment sali cette jeune femme qui ne  méritait pas ça).
A quelque distance du théâtre du Parc – angle de la rue Royale et de l’impasse du Parc (l’actuelle rue des Colonies) – les éditeurs Lacroix & Verboeckhoven convièrent l’auteur et 80 convives au fameux « Banquet des Misérables » de septembre 1862, afin de célébrer l’immense succès du roman, qui rendit les éditeurs très riches, tout comme l’auteur lui-même – le paradoxe de ce roman consacré à la misère humaine. Il en acheta du coup quelques actions supplémentaires de la banque nationale de Belgique, faisant de lui l’un des principaux actionnaires de ladite banque !
(la pauvreté des uns a toujours fait la richesse des autres, rien de changé sous le soleil – ndlr du blog).

Cet événement (Banquet des Misérables) a fait l’objet d’une reconstitution-spectacle  en mai 2012, dans la galerie du Roi à Bruxelles (dans le cadre de « Brusselicious ») – en costume d’époque, sous l’égide de Florian Hugo, arrière-arrière-arrière petit-fils de l’écrivain.

La pièce = Je ne le cacherai pas = je suis allée voir cette adaptation théâtrale avec énormément de scepticisme, bien que j’aie vu plusieurs adaptations cinéma & télé et que je sache donc que ce roman de Victor Hugo s’adapte très facilement malgré ses 4.000 pages. 
Je suis sortie du théâtre complètement conquise par l’adaptation, par l’interprétation, par la scénographie – un peu moins par les costumes.
Par contre, la scénographie musicale m’a énormément plu – que ce soit la chanson d’Anjolras, ou l’ambiance générale.

Ce que racontent « Les Misérables » =  le forçat Jean Valjean est libéré – avec un énorme mépris par le directeur Javert - après avoir passé 19 ans au total au bagne de Toulon – d’abord condamné à 5 ans, mais peine prolongée pour tentatitves d’évasion. Il arrive chez l’évêque Myriel, la bonté même, qui lui offre le gîte et le couvert ; mais Jean Valjean n’a pas l’habitude de la bonté humaine et fuit en emportant l’argenterie ; ramené par les gendarmes, l’évêque confirme qu’il fut son hôte et que toute l’argenterie en sa possession, c’est lui qui le lui a donné. Lorsque Valjean s’en va, libre, l’évêque lui dit = je t’achète ton âme en t’offrant ces chandeliers, change de vie à présent ! 
Et quelle âme devient notre ancien bagnard – sous le nom de Monsieur Madeleine, il a une usine où l’on traite correctement les ouvrières, il a créé une école et un hôpital. Le sort toutefois s’acharne sur lui sous la forme de Javert – devenu inspecteur de police, il est nommé dans la ville où Mr Madeleine est maire.

Hélas, dans son usine, Fantine, une jeune ouvrière, fille-mère, est renvoyée à cause d’une autre ; et pourtant comme elle a besoin de cet argent, Fantine – son enfant Cosette – a été confiée à des aubergistes qui n’arrêtent pas de réclamer de l’argent. Mr Madeleine la retrouve au commissariat où elle a été emmenée pour avoir troublé l’ordre public,elle a vendu ses cheveux et ses dents, désormais elle vend son corps ;  lorsqu’il apprend ce qui lui est arrivé, Mr Madeleine l’emmène à l’hôpital et promet de retrouver sa petite Cosette. Mais Javert a dénoncé Mr Madeleine en qui il est convaincu d’avoir reconnu Valjean – un autre a été arrêté à sa place, mais Valjean est devenu trop droit, trop honnête pour laisser un autre payer à sa place. Il arrive à fuir et se retrouve dans la forêt, retrouve la petite fille chez les abjects Thénardier qui la maltraitent. Finalement, ils vendent l’enfant mais Javert étant sur ses traces, il doit fuir avec la petite fille.

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On le retrouve plus tard sous les traits de Monsieur Fauchelevent, Cosette a 15 ans et quitte le couvent. Ensemble ils font le bien autour d’eux, mais c’est cette générosité qui va lui coûter à nouveau de devoir fuir – mais cette fois, c’est Thénardier qui veut le faire chanter car il l’a reconnu. Cosette, de son côté, est tombée amoureuse du beau Marius, élève en droit, qui fréquence le café ABC et un groupe de révolutionnaires. Lorsqu’éclate l’insurrection, on retrouve Marius et ses amis face aux gendarmes qui donnent l’assaut. Jean Valjean qui supporte mal de perdre Cosette mais réalise qu’il la perd de toute façon en l’empêchant d’aimer et vivre sa vie,  sauve Marius blessé.
Il a aussi sauvé la vie de Javert qui s’était mêlé aux révolutionnaires et a été reconnu par Gavroche comme mouchard. Valjean ne veut pas le tuer, lui laisse la vie sauve en lui faisant comprendre que tout n’est pas blanc et noir, qu’un pauvre homme, un pauvre forçat peut devenir un honnête homme – jamais lui Javert ne pourra comprendre cela. Javert le laisse mettre Marius à l’abri et puis va se jeter dans la Seine.

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Marius et Cosette se marient,  Jean Valjean s’efface, ce que souhaite d’ailleurs Marius qui ne voit en lui qu’un brigand – c’est Thénardier qui va lui faire comprendre son immense erreur = son sauveur était cet homme qu’il méprise. Il va tenter de se racheter en menant Cosette assister aux derniers instants de son « père ».

Olivier Massart est un Jean Valjean exactement tel qu’on se l’imagine en lisant l’histoire, humain, bon, malheureux (il est digne de l’interprétation de ses précédesseurs = Jean Gabin, Lino Ventura, Liam Neeson, Gérard Depardieu).
Celui qui m’a bluffée cependant est Benoît Verhaert en Javert – un homme totalement obsédé par le respect de la loi, rigide jusqu’à en mourir le jour où Jean Valjean bouscule ses convictions et fait voler ses certitudes en éclat.

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Stéphane Fenocchi et Perrine Delers sont des Thénardier tout à fait conformes = écoeurants, odieux, monstrueux. Thénardier est un ancien de Waterloo, qui s’estime lésé parce qu’il n’a pas de pension. Il n’est que trop heureux de subsister par le chantage, le vol, le meurtre.
Fabien Magry m’a séduite en évêque Myriel mais surtout en Anjolras, le révolutionnaire. AntojO est Marius, assez convaincant, par contre Sarah Delforge est une très fade Cosette.
Mahaut Bodson qui est Cosette-enfant était nettement plus naturelle.

Violette Pallaro par contre est une très convaincante et malheureuse Eponine, amoureuse sans espoir de Marius. (Point d’Azelma dans cette histoire). Aussi très convaincant est l’un des jeunes interprètes de Gavroche, ICI c’était le petit Nicolas Bauduin.
Fantine est interprétée avec talent par Tessa Dujardin. Les étudiants du conservatoire de Bruxelles se retrouvent dans les rôles secondaires.

Comme je l’ai dit, j’ai trouvé la scénographie épatante = une arrière-scène divisée en trois étages, qui peuvent à loisir devenir un immeuble à étage, une maison close ou les cellules du bagne.
Ces étages se trouvent derrière une sorte d’écran transparent qui permet aussi aux images vidéo de nous proposer d’autres lieux = la forêt, le parc du Luxembourg où se découvrent Marius et Cosette.

Très peu de décor, juste ce qu’il faut = un petit « fossé » d’eau, pour les égouts de Paris, de gros blocs figurant les barricades,
Peu de lumière sur la scène, beaucoup d’ombres dans une histoire très sombre où il y a peu de bonté dans la nature humaine = Thénardier, le plus ignoble de tous, dont les propos de pauvre sont ceux d’un révolutionnaire, mais son comportement est le pire de tous.
Si Valjean est devenu bon, c’est parce qu’il a eu face à lui un acte de générosité pure, totalement inconditionnelle.

Ce texte de 4.000 pages, dépouillé de toutes ses fioritures hugoliennes-19ème siècle, est totalement actuel = Les Misérables = Nos Indignés, même combat.

On peut très bien réduire « Les Misérables » à deux heures de spectacle théâtral si on en respecte l’essentiel = l’amour maternel, l’amour paternel (père adoptif),  l’amour d’un dieu d’amour et généreux (évêque), et bien entendu le plaidoyer social, l’exploitation de l’homme par l’homme.

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Commentaires
M
Joli intro sur le théâtre d'hugo ! j'aurai aimé être là !!!!
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T
J'ai quand même beaucoup de mal à imaginer que l'on puisse faire tout ça en deux heures de spectacle !! Etonnant !
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S
cecile, je reconnais bien là ton oeil acéré - merci de m'avoir signalé cette faute de frappe que je vais pouvoir corriger grâce à toi
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C
Pareil que Mango. Je l'ai lu en adaptation pour les jeunes quand j'étais petite et depuis plus rien (ni films, ni théâtre). Mais j'ai envie de lire la version pour les grands maintenant que tu en parles.<br /> <br /> Il y a un souci ou je n'ai rien compris car Juliette Drouet ne peut pas avoir joué des rôles de fin 1958 à début 1829. Non ?
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M
Jamais été tentée ni en roman, ni en film, ni au théâtre ;-) Un tort peut-être. Mais bon tant pis !
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