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mon bonheur est dans la ville
15 octobre 2012

LE SQUARE DU SABLON

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(ma chronique est basée, en partie, sur les explications de madame sarah cordier, artiste-historienne d’art et guide, ainsi que sur mes notes personnelles relatives à ce sujet – les photos illustrant la chronique sont ma propriété)

En bordure de la rue de la Régence,  il y a un endroit charmant, très (trop pour moi) visité en été par les touristes car  c’est non seulement un lieu qui nous raconte une histoire, mais aussi un joli jardin où il fait agréable pour lire ou rêver – ou les deux.
Le lieu « complet » comporte le Grand Sablon (avec l’église Notre Dame des Victoires, rebaptisée depuis Notre-Dame du Sablon), quelques rues avoisinantes formant le quartier du Sablon, ainsi que le sympathique petit square.

Le Sablon, nommé ainsi car le quartier comportait pas mal de sablonnières de sable jaune, appartenait à l’hôpital Saint-Jean, propriétaire des terrains dont il fit un cimetière. Celui-ci fut ensuite cédé à la fameuse guilde des arbalétriers qui décida d’y construire une église, dont la réputation alla grandissant surtout lorsqu’une statue de la vierge fut ramenée d’Anvers par Béatrice Soetkens, une femme du peuple à qui la vierge serait apparue en rêve.
De nombreuses familles de l’aristocratie s’y installèrent aux 16ème et 17ème siècles, ce qui donna au quartier toute sa splendeur à l’époque. Quelques beaux immeubles leur appartenant ne résistèrent malheureusement pas au percement destiné à la rue de la Régence.

Parenthèse historique = C’est dans l’une de ces demeures que fut signé le Compromis des Nobles, et pour supprimer toute trace de cet acte de révolte, le tristement célèbre duc d’Albe fit raser la demeure où eut lieu la signature.
Ce fameux compromis était en réalité un acte d’alliance de la petite noblesse de ce qui à l’époque étaient les Pays-Bas d’Espagne, et qui demandait une plus grande tolérance pour la nouvelle croyance, le protestantisme, considérée comme hérésie par le très catholique (intégriste) Philippe II d’Espagne. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les signataires du compromis ne furent pas uniquement des protestants, mais au contraire parmi eux figuraient des catholiques qui estimaient qu’il fallait respecter toutes les croyances. Tout ce que demandaient les signataires était un adoucissement des réglementations. Parmi les signataires = les fameux comtes d’Egmont et Hornes.
Lamoral d’Egmont était un neveu du roi d’Espagne par sa mère, chevalier de la Toison d’or et ambassadeur.
Il fut nommé au conseil d’état, avec Guillaume d’Orange et le comte de Hornes. Tous trois s’unirent pour plaider la cause des citoyens des provinces «basses », demandant le respect des cultes, mais aussi le respect des libertés économiques.
Faux-cul comme pas deux, le roi Philippe II déclara qu’il réfléchirait à la question, et très rapidement après cela, le duc d’Albe fit route vers les Pays-Bas.
Le prince d’Orange fuira,  mais Egmont et Hornes décidèrent de rester afin de défendre leurs points de vues.
Ils en perdirent la tête. On les décapita sur la grand-place deBruxelles, devant la maison du Roi – cet événement marquera le début de la guerre de 80 ans. Aussi nommée "la Révolte des Gueux".

Parenthèse historique refermée, reparlons de notre square du Sablon dans le haut du petit Sablon, un ruisseau prenait sa source – comme beaucoup de ruisseaux bruxellois, il rejoignait la Senne. C’est le ruisseau qui donna paraît-il sa forme au quartier, les immeubles étant construits en fonction de son parcours.
Longtemps aussi, il y eut – à l’angle de la place du Petit-Sablon et de la rue aux Laines – une auberge où Jean Cocteau aimant venir lorsqu’il était de passage à Bruxelles. 

Le square du Petit-Sablon est l’œuvre de l’architecte Henri Beyaert. Il est en style neo-renaissance ; c’est Beyaert qui fut à l’origine de la restauration et transformation en musée de la Porte de Hal (remise à neuf il y a 3 ans).

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plan_du_petit_sablon

Les statues qui bordent le square sont au nombre de 48 – 2 d’entre elles ont définitivement été détruites = celles de la corporation des passementiers et celle des ébénistes (détruites par le temps et le manque d’entretien). Une petite statue, cachée dans les feuillages fut abîmée par une voiture qui rentra dans le muret du square.
A chaque entrée du square figure une statue plus grande que les autres – celle représentant la corporation des métiers des quatre couronnés été sculptée à l’effigie d’Henri Beyaert.

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Les dessins des statues furent confiés à Xavier Mellery, artiste qui fut souvent l’hôte du célèbre Groupe des Vingt.
Avoir été choisi pour établir les cartons de dessins ne lui valut pas que des amis, les architectes furent très mécontents de ce choix de la part de Beyaert, dont Mellery était un ami.

Le dessin de chaque colonne sur laquelle figure une statue est également différent – je n’ai cependant pas photographié les 48 colonnes – tout comme les dessins de la grille ornant le square sont également tous différents.

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Les statues représentent les corporations médiévales suivantes = (il y a toutefois un certain anachronisme dans les vêtements de certaines statues = les pantalons bouffants ne sont guère médiévaux mais de la renaissance – erreur commise probablement par le style neo-renaissance du square) =

Métier des quatre couronnés – boulangers – brasseurs - tapissiers – bouchers – marchands de poisson salé – meuniers -  doreurs – gantiers – orfèvres – brodeurs et pelletiers – tonneliers – couteliers – légumiers et scieurs – barbiers et chirurgiens – marchands de drap au détail et chaussetiers – marchands de vin – serruriers et horlogers – peintres, batteurs d’or et verriers – fruitiers – selliers et carrossiers – tailleurs – drapiers et tisserands en laine – bateliers – charpentiers – fripiers – tisserands de toile et marchands de toile – forgerons – merciers – ceinturonniers – teinturiers – tondeurs de drap et marchands de drap – cordonniers – marchands de poissons d’eau douce – savetiers – arquebusiers – fabricants de chaises en cuir d’Espagne et perruquiers – tanneurs – chapeliers, foulons et brandeviniers – tourneurs de chaises, plafonneurs-couvreurs en chaume et vanniers – chaudronniers et fondeurs – blanchisseurs – couvreurs en tuile – étainiers-plombiers – armuriers, heaumiers et fourbisseurs
(les photos de toutes les statues sont dans l’album photos #5 – je ne vous en montre que quelques unes, à titre de documentation)

plafonneurs-couvreurs en chaume et vanniers
(petit panier à ses pieds)

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marchand de poisson d'eau douce   fabricant de chaise en cuir d'espagne
(avec sa nasse)                             (avec une chaise)

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Chaque statue est particulièrement élégante dans sa conception, elle montre l’ouvrier dans une posture noble et fière, tenant les attributs de son métier en main, mais d’autres détails en expliquent les caractéristiques (exemple = le meunier = un petit moulin à ses pieds)

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Dans le square proprement dit, on trouve la grande statue  au fond  représentant les comtes d’Egmont et Hornes, le socle comportant leurs armoiries combinées, elle se trouve au-dessus de la fontaine, il s’agit de la statue qui se trouvait précédemment sur la grand-place, à l’endroit même de leur exécution, et les représente, dans une attitude pleine de dignité,  « en marche vers le lieu de leur martyre ».

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Les deux héros sont entourés de 10 autres statues, en marbre celles-là, disposées en hémicycle. Chaque statue est « logée » dans une alcove de lierre. Elles représentent des personnalités historiques de nos contrées au 16ème siècle (toutes les statues figurent également dans l'album photos "histoires belges n°5) =
Guillaume de Nassau, dit le taciturne (principal acteur de la révolution anti-espagnole)  – Louis van Bodegem (un des architectes de la maison du Roi) – Henri de Brederode (l’un des conspirateurs du compromis des Nobles) – Corneille De Vriendt (sculpteur et architecte) – Rombaud Dodonnée (botaniste et médecin) – Gérard Mercator (géographe, cosmographe et mathématicien) – Jean de Locquenghien (bourgmestre de la ville de Bruxelles, constructeur du canal de Wllebroek) – Bernard Van Orley (peintre) – Abraham Ortelius (géographe, publia le premier atlas du monde) – Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde (diplomate, écrivain et philosophe)

mercator

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bernard van orley                   guillaume d'orange, le taciturne

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Il me reste à vous parler du petit parterre en buis de l’entrée = il représente une couronne (monarchie oblige !) entourée des neuf provinces (pas de photo hélas, car il aurait fallu une échelle pour une vue "aérienne" du sujet).

plan_du_petit_sablon___Copie

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Commentaires
A
:lol: quelle bonne trouvaille ! Je m'entends mieux avec la troisième, celle qui est juste avant moi (c'est tout dire...).<br /> <br /> Plus sérieusement, comme il y a une grande différence d'âge entre elles et moi (17 ans avec l'aînée, 16 avec la deuxième), elles avaient mieux à faire que s'occuper de moi. :-)
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A
Niki, j'ai une histoire à te raconter qui va te faire rire ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis une traumatisée du Sablon. Quand j'avais 3 ans, un jour où mes méchantes grandes soeurs (encore elles, les deux aînées) étaient très pressées d'aller se balader dans le coin et qu'elles étaient chargées de me garder, je me suis retrouvée en collant devant Notre-Dame du Sablon... J'avais perdu mon petit kilt que ces deux pestes avait mal attaché. Finalement, heureusement que j'avais ces collants... et qu'elles ne devaient pas souvent me garder.
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M
Ahah encore une tentation :-P
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M
Je connais peu ce quartier !
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T
Ca doit faire 18 mois et elle me sert aussi pour lire les livres numériques ;)
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