EDOUARD & CLEOPATRE
(le scarabée, ou bousier sacré = emblème de l'égypte pharaonique,
consacré à Khepri - dieu du soleil levant
emblème de l'exposition - illustration du site de la fondation Boghossian)
Egyptomanies depuis le XIXème siècle
(Une partie de cette chronique est basée sur le catalogue de l’exposition, mais également sur des notes personnelles sur ce sujet - la plupart des photos illustrant ma chronique sont également ma propriété, sauf lorsqu la source est mentionnée)
collier géant en verre de murano, créé pour l'exposition
C’est avec ce sympathique clin d’œil à « Antoine & Cléopatre » que la fondation Boghossian-Villa Empain expose, jusqu’en février 2013, une superbe collection d’objets, dans les domaines les plus divers, en rapport avec cette égyptomanie, née au 19ème siècle, suscitée par l’engouement tout d’abord de la campagne de Bonaparte (18ème s.), puis par l’ouverture du canal de Suez et l’essor de l’orientalisme, qui séduisit écrivains et autres artistes.
L’art égyptien surtout fascinera, lorsque l’archéologie aura mis au jour les riches tombes des pharaons, leurs bijoux somptueux, leur mythologie qui fascinait.
L’exposition propose, entre autres, des objets de la section d’histoire égyptienne de notre musée d’art & d’histoire – elle est organisée sous l’égide de Mr Eugène Warmenbol, professeur à l’ULB.
Mais d’abord = pourquoi « EDOUARD » & Cléopâtre ?
Parce que le père de Louis Empain (constructeur de la villa Empain) se nommait Edouard Empain, fondateur d’une dynastie industrielle, fils d’instituteur, ingénieur puis administrateur de plusieurs entreprises.
Parmi ces entreprises, il y eut celle qui se consacra aux transports en commun (réseau des tramways bruxellois, métropolitain parisien que sa Compagnie exploitera jusqu’en 1945).
Comme beaucoup de ses contemporains, il fut passionné d’égyptologie à laquelle il se consacra assez sérieusement – il construisit, dans la banlieue du Caire, la ville d’Hélipolis du Caire (à ne pas confondre avec l’Héliopolis antique, située dans le delta du Nil).
(source des illustrations = wikipedia)
L’égyptomanie est une fascination qui ne se dément pas – l’archéologie a permis de se faire une idée de l’Egypte ancienne, sa mythologie, son architecture – certains jardins zoologiques (Anvers, Berlin, entre autres) abritèrent certains de leurs animaux (girafes, éléphants) dans des lieux aux allures de temples égyptiens.
Flaubert, Théophilie Gautier, Giuseppe Verdi, Sarah Bernhardt, pour n’en nommer que quelques uns et unes, n’échappèrent pas à la mode. Que l’on retrouvera en un temps plus moderne avec Edgar P. Jacobs et son « Mystère de la grande pyramide », Hergé et « les Cirages du pharaon », Uderzo & Goscinny avec « Astérix & Cléopatre ».
dessins des costumes d'aïda, représentation de 1880
Mais aussi « La reine soleil » dessin animé de Philippe Leclerc, d’après Christian Jacq, le grand passionné d’égyptologie du 20ème siècle, journaliste et auteur de nombreux romans autour du sujet.
N’oublions pas non plus la mode du « peplum » au cinéma, où dès le muet déjà, l’Egypte fut mise en scène à la manière megalomaniaque des studios hollywoodiens (au risque d’être ruinés, comme la Fox au 20ème siècle, avec la « Cléopâtre » de Joseph Mankiewicz à laquelle la superbe Elizabeth Taylor prêta son talent).
figurines "barbie" de collection à l'effigie d'elizabeth taylor
(film cléopâtre)
L’art déco y puisa, après l’ouverture de la tombe de Touthankamon en 1920, de multiples idées pour la création de mobiliers, bijoux, objets décoratifs, horloges, vaisselle, dont l'oeil du spectateur se régale dans cette exposition.
Toujours plus près de nous, Michael Jackson s’inspira de tous les clichés de l’égyptomanie kitschissime pour son clip « Remember the time », réalisé par John Singleton (1992), où il est un magicien amoureux de la reine (interprétée par la sublime Iman, avec un Eddie Murphy très amusant en pharaon jaloux (je me ferai un plaisir de le mettre en ligne, il en vaut réellement la peine).
J’ai eu le plaisir de découvrir ce clip à l’exposition. La chorégraphie de Michael Jackson est bluffante.
Un autre clip, très connu, est celui des Bangles « Walk like an egyptian », sans oublier Madonna et sa « folie » pour le superbowl.
L’exposition propose d’ailleurs de visionner tout ou extraits de dessins animés, mais aussi d’autres films sur le sujet.
Le styliste John Galliano proposa trois originales reines d’Egypte pour l’un de ses défilés.
Mon avis sur cette exposition = A voir absolument – de merveilleux bijoux, des peintures, des dessins, une maquette, des objets d’artistes contemporains, inspirés par l’Egypte – car fidèle à sa vocation, la fondation Boghossian offre toujours une place de choix aux œuvres contemporaines inspirées par le sujet d’une exposition, mélangeant ainsi arts moderne et ancien.
Un dernier petit mot personnel = Le père de l’égyptologie en Belgique est le professeur Jean Capart, égyptologue de terrain, mais aussi professeur d’archéologie et histoire de l’art à Bruxelles, détenteur de nombreux prix et reconnaissances internationales, totalement mérités, pour un homme totalement dévoué à sa passion – et dont le physique particulier inspira à Edgar P. Jacobs le personnage de l’égyptologue haut en couleurs = le docteur Grossgrabenstein, qui n’apparaîtra malheureusement pour les lecteurs que dans « le Mystère de la grande pyramide ». De con côté, Hergé s’inspira aussi du physique de Jean Capart pour créer le professeur Hippolyte Bergamotte, l’ami du professeur Tournesol, qui apparaît dans « les 7 boules de cristal ».
(source = photothèque google)
(quelques photos illustrent ma chronique, mais l’ensemble des photos se retrouvera dans l’album « Villa Empain-Fondation Boghossian, dès que je l’aurai mis à jour)
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