BALADE OSTENDAISE - 1
J’ai profité de mon court séjour à la mer du nord pour remonter les chemins de mon enfance - j’ai donc (littéralement) sauté dans le « Tram de la côte », qui vous emmène d’un bout à l’autre de la côté belge, en s’arrêtant dans les multiples stations balnéaires, dont Ostende – en flamand OOSTENDE – qui fut longtemps surnommée « La Reine des plages », mais aussi « la plus britannique ville de la côte», par les Anglais qui y viennent en grand nombre.
la gare (où généralement tout voyage commence et finit
et avec ma veine habituelle = en travaux !)
Au départ existait une île devant la côté dont Oostende/Ostende était le village le plus à l’est (« oost » en flamand), « ende » étant une ancienne manière de dire = fin, extrémité. Il y avait aussi un village nommé Westende (station balnéaire qui existe toujours) – « west » = ouest. Et pour ne peiner personne, il y avait aussi un village au milieu des 2 « ende » = Middelkerke (« middel » = milieu, « kerke » église) ; Middelkerke existe toujours également.
Ter Streep était le nom de l’île où se situaient ces villages ; à l’époque le bras de mer s’étalait entre l’île et la côte, jusqu’à ce que celui-ci ne s’ensable. Elle était la propriété du comte de Flandre qui la donna à l’abbaye St-Pierre de Gand.
De l’origine d’Ostende on ne sait pas grand-chose, sauf ce village sur l’île au large de la côte.
C’est Marguerite de Constantinople, au 13ème siècle, qui fit du village une ville, qui dut être déplacée quelque peu au 14ème siècle, pour construction de digue, vu que la ville était fortement menacée par la mer. Au 15ème siècle elle fut pillée par les troupes de Maximilien d’Autriche et devint un bastion protestant au cours de la guerre des 80-Ans ; afin de protéger la ville, les célèbres « Gueux » rasèrent une partie des dunes afin que la mer s’engouffre et creuse un chenal qui est encore aujourd’hui l’entrée du port.
Là je fais un petit bond dans l’histoire et je passe au 18ème siècle lorsque naquit en Angleterre la mode des bains de mer. Un aubergiste anglais reçut la permission de construire sur la « Groot-Strand » (la Grande Plage), un petit pavillon où il proposait des rafraichissements aux baigneurs. Ainsi débuta la vocation de la station balnéaire qui connut son essor au 19ème siècle = les Anglais venaient visiter les lieux de la bataille de Waterloo et s’arrêtaient à Ostende.
La famille royale belge témoigna alors de l’intérêt pour la station balnéaire, la reine Louise-Marie y décéda.
Ostende devint ensuite la résidence d’été du roi Léopold II, à qui le sculpteur Alfred Courtens dont j’ai eu le plaisir de vous parler (ici) érigea un monument.
Les galeries royales sont l’œuvre de l’architecte Girault, sur une idée et ordre du roi Leopold II qui était féru d’architecture.
Toujours « grâce » à Léopold II, celui-ci fit démolir les pavillons de son père Léopold, premier du nom, pavillons situés dans les dunes Il y fit construire un nouveau pavillon en bois, le « Chalet royal », auquel fut ajouté un pavillon similaire destiné à la reine. Le projet du roi était, en fait, d’y construire un palais prestigieux – projet qui ne se fit pas. Le chalet fut fortement abîmé lors de la seconde guerre mondiale et reconstruit en 1953. Cela devint une résidence pour la famille royale dans ce que l’architecte Antoine Dujardijn considère comme un style « typiquement flamand ».
Le frère du roi Leopold III y résida longtemps, ensuite la villa fut mise en donation à l’état belge, qui « laissa aller » (tu m’étonnes !). (Source de la photo ancienne de la villa)
Depuis, la villa royale a été rachetée et est devenue depuis les années 2000 un centre de thermalisme, avec restaurant et espace artistique.
Ostende doit, je suppose, son surnom de « reine des plages » au fait que toute la noblesse et les riches bourgeois belges se faisaient un point d’honneur d’y « prendre les eaux » (au palais des Thermes) – bref c’était « the place to be » au 19ème siècle.
Le musée d’art moderne, actuellement « Mu-Zee », né de la fusion de 2 musées des beaux-arts, situé rue de Rome, comprend un vaste choix d’œuvres d’artistes belges depuis les années 1800 = James Ensor, l’enfant du pays – Willy Finch – Leon Spilliaert, Constant Permeke, Jean Brusselmans et Paul Delvaux (entre autres).
La maison natale de James Ensor est d’ailleurs un musée digne d’un détour – ce jour-là je ne m’y suis pas rendue, destinant cela à une prochaine balade.
le monument à James Ensor dans le joli parc Léopold
Le casino-kursaal est le plus grand de Belgique, on y donne des spectacles, on peut y perdre tour son argent – tout comme à l’hippodrome. Le duc de Wellington y donna le départ de la toute première course.
la tribune royale de l'hippodrome
L’église Sts-Pierre & Paul qui fut détruite dans un incendie a été reconstruite dans un style néo-gothique que personnellement je trouve affreux.
D’autres « enfants du pays » en dehors des peintres James Ensor et Leon Spilliaert = le cinéaste Henri Storck, fondateur de la cinémathèque de Belgique, le chanteur Arno, le cinéaste Raoul Servais, le caricaturiste Kamagurka (entre autres).
J’ai été contente de me promener dans ces lieux où j’ai passé toutes les vacances de mon enfance, qui à l’époque avait encore un côté très convivial. Toutefois, OSTENDE/OOSTENDE s’est fortement développée, est devenue une (presque) grande ville et a perdu une grande partie de son charme à mes yeux – cela me confirme qu’il n’est jamais bon de regarder en arrière.
Ce qui n’empêche pas de passer un agréable moment de promenade.
Comme dans le parc Léopold, où se trouve l’horloge florale, dont j'aurai le plaisir de vous parler une prochaine fois.
(si cela vous intéresse, vous pourrez découvrir d’autres photos d’Ostende dans l’album MER DU NORD)