LE CHINOIS, Henning Mankell
Titre original suédois = Kinesen
Titre anglais = The man from Beijing
Une froide journée de janvier 2006. Rien ne prépare jamais à l’horreur, c’est ce que se disent les policiers de la petite ville d’Hesjövallen où ils découvrent les cadavres des 18 habitants, tous très âgés, assassinés d’une manière brutale, qui ne laisse aucun doute sur les souffrances endurées. Apparemment, tous les habitants possédaient un lien familial, même éloigné, les uns avec les autres. Selon la police il s’agit d’un crime de psychopathe, mais un homme seul peut-il réellement assassiner 18 personnes sans attirer l’attention. Or on le sait les psychopathes travaillent toujours seuls.
Birgitta Roslin est juge à Helsingborg ; elle a quelques problèmes relationnels avec son époux et elle est au bord du burn-out.
Lorsqu’elle apprend par les journaux les crimes monstrueux et qu’elle lit la liste des personnes assassinées, quelle n’est pas sa surprise de découvrir que parmi les victimes figurent un couple de personnes âgées auquel elle est lointainement liée par sa mère. Ayant reçu des jours de repos pour tension artérielle dangereusement élevée et symptômes évidents de burn-out, Birgitta Roslin se rend dans le nord de la Suède, à Hesjövallen où elle n’est pas vraiment accueillie à bras ouverts.
L’inspectrice chargée de l’enquête la considère comme une mêle-tout et le lui fait sentir ; toutefois réalisant que Roslin souhaite comprendre, elle accepte de l’emmener sur les lieux du crime.
Malgré les réticences de l’inspectrice Vivi Sundberg, la juge Roslin reçoit les carnets personnels de son lointain parent, dans lesquels elle découvre une filière chinoise.
Cela ne lui attire que des ricanements de la part des policiers, aussi décide-t-elle de poursuivre une petite enquête personnelle bien que l’inspecteur Sundberg le lui ait formellement défendu. Cela l’amènera même jusqu’en Chine, car pour Birgitta il ne fait aucune doute que c’est par là qu’il aurait fallu commencer.
Birgitta Roslin va apprendre à ses dépens qu’on ne s’attaque pas impunément à des assassins protégés par de hautes instances.
« Le Chinois » (lu en néerlandais - titre = "De Chinees") – thriller hors Inspecteur Wallander (comme le Cerveau de Kennedy) - m’a tenue en haleine dès la première page. Roman impossible à lâcher, le suspense y va grandissant de page en page.
Henning Mankell enfourche avec ce passionnant roman son dada préféré – qui n’est pas sans rappeler celui de John Le Carré - = le crime et la manipulation organisés à échelle internationale.
Ce thriller angoissant, juste ce qu’il faut pour tenir les lecteurs en haleine, n’est jamais insupportablement glauque comme la plupart des polars nordiques actuels, malgré la violence des crimes commis en début de roman.
Voilà une lecture que je recommande vivement, qui alterne à la perfection le récit de l’histoire pathétique du passé, les difficultés existentielles du couple Roslin au présent ainsi que le mystère de l’enquête menée par la juge, qui ne rencontre aucune oreille sympathique de la part de la police, sans oublier l’accent mis sur la société suédoise qui est tout sauf ce modèle qu’on nous a toujours soumis.
C’est aussi, et c’est l’une des parties (pour moi) la plus émouvante du roman = le questionnement de Birgitta Roslin sur ses espoirs, ses idéaux et luttes de jeunesse, face à ce qu’elle a fait de sa vie.
Un autre billet sur ce roman chez meloe