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mon bonheur est dans la ville
27 août 2012

THE CHARGE OF THE LIGHT BRIGADE, de Tony Richardson

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Titre français = La Charge de la Brigade Légère

Scénario  de Charles Wood d’après une idée de John Osborne, basée sur les travaux de  Cecil Woodham-Smith intitulés « The Reason Why »

En Angleterre, sous Victoria, on passe les troupes en revue – pendant ce temps trois jeunes gens se retrouvent, il s’agit de William Morris et sa fiancée Clarissa, ainsi que le capitaine Lewis Nolan. Le mariage de William et Clarissa est célébré peu après.

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Pendant ce temps, dans un Londres sombre, pauvre et sale en raison des industries, des sergents recruteurs font miroiter les « bienfaits » de l’engagement dans l’armée ; beaucoup s’y laissent prendre.
La réalité dans les baraquements est bien différente = entassés dans des lieux peu salubres, humiliations, pas uniquement entre supérieurs et les hommes, mais les soldats entre eux se volent, se disputent. Chez les jeunes officiers, ce n’est pas mieux, le jeune frère de Clarissa fait constamment les frais de sarcasmes et blagues humiliantes de la part d’autres jeunes officiers.

Ensuite, après de nombreuses discussions, le Royaume-Uni entre enfin en guerre contre la Russie bien décidée à annexer l’empire ottoman.
Clarissa, enceinte, ne peut suivre son époux, par contre son amie Fanny Duberly est enchantée de suivre les troupes – elle pourra ainsi être tout près de son cher lord Cardigan.

Sur le terrain, Nolan - que lord Cardigan considère pratiquement comme un ennemi personnel, vu que le jeune homme le conteste constamment - est le seul à dire qu’il faut absolument lancer l’assaut contre Sebastopol, c’est leur seule chance de gagner la bataille. Inutile de dire qu’il n’est écouté de personne. Très bien, dans ce cas il lancera la charge lui-même.

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Le film commence et est entrecoupé par des dessins satiriques de Richard Williams, inspirés de « Punch Magazine ».

La guerre de Crimée fut une guerre entre l’empire de Russie contre une alliance formée par la France de Napoléon III, l’Angleterre, l’empire ottoman et le royaume de Sardaigne. Les causes de la guerre furent l’expansionnisme russe vers l’empire ottoman. Le premier prétexte à la guerre fut religieux, mais il était surtout question d’empêcher le contrôle du commerce de la mer Noire. La France nomma son désastre « la bataille de Sébastopol » ; pour les Britanniques, le désastre se nomma « battle of Balaclava ».

« Charge of the Light Brigade » raconte l’histoire de la bataille de Balaclava et montre avec cet humour noir totalement britannique non seulement l’absurdité de toute guerre, mais aussi et plus particulièrement celle de cette guerre de Crimée, où des généraux rivaux lancèrent des ordres tellement contradictoires que ce fut un vrai massacre parmi les troupes anglaises.

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Le film dénonce également la vanité, l’indifférence aux soldats de la part de leurs supérieurs, nourris comme des rois, alors que les conditions alimentaires et d’hygiène des troupes étaient épouvantables. (Ceci semble être une constante de toutes les guerres, je lis pour l’instant un essai sur Mazarin et Louis XIV = les dames et messieurs de la cour se prélassaient dans leurs carrosses, prenaient des repas pantagruéliques alors que les malheureux soldats se faisaient littéralement massacrer).
Le film alterne d’ailleurs sans cesse les conditions des uns opposées aux autres.
En Angleterre, on oppose par exemple la vie dans les baraquements aux bals donnés par les épouses des officiers supérieurs.

Les officiers de la Brigade, des aristocrates avec très peu ou pas de connaissances militaires – nommés parce que les amis des amis des amis – lançaient leurs ordres au hasard, malgré les conseils de certains membres moins hauts gradés mais s’y connaissant mieux comme le capitaine Lewis Nolan – il était ambitieux, assez hautain, mais au moins il possédait un certain professionnalisme militaire, espérant réformer l’armée britanniques.
Il fut dénigré par lord Cardigan, commandant de la cavalerie, qui prétendit que Nolan agit en électron libre, sans aucun respect pour les ordres donnés. Louis Nolan sera la première victime de la guerre. Toutefois le correspondant du Times de Londres rendit hommage au jeune capitaine Nolan en écrivant = « il n’existait pas plus courageux militaire dans l’armée que le capitaine Nolan, un  cavalier émérite, autant qu’un manieur de sabre expérimenté – il serait honteux qu’une ombre soit jetée sur son courage. »

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L’historien Cecil Woodham-Smith, dont les travaux de recherche (1953) sur ces batailles ont inspiré ce film, n’est pas tendre du tout à l’égard de ceux qui furent reçus comme des héros en Angleterre ; il a sérieusement endommagé les réputations de ces soi-disant grands hommes. Mais comme tout historien est généralement contredit par ses pairs, une autre version (2004) réhabilite les officiers de cette guerre abominable.
Alfred, lord Tennyson, a également écrit un poème narratif en 1854 dans lequel il chante les louanges de la Brigade. 

Le capitaine Nolan est brillamment interprété par David Hemmings. Il est impertinent et rebelle à souhait face à Cardigan qui n’en rate pas une pour l’humilier. Son réquisitoire contre la guerre et son absurdité  fait de ce film un beau morceau d’anthologie anti militariste.

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Les beaux-frères généraux britanniques et rivaux, s’insultant à qui mieux mieux, Lord Cardigan et Lord Lucan sont interprétés avec tout autant de talent par Trevor Howard et Harry Andrews qui pousseront la lâcheté à se renvoyer la balle de la responsabilité. Ils ne seront que trop contents de faire porter le chapeau au malheureux Nolan, tombé en première ligne.
Trevor Howard fait un travail particulièrement impressionnant en ce général Cardigan raciste, qui appliquait des punitions corporelles à qui ne lui obéissait pas, ne ménageant pas ses insultes et moqueries.

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John Gielduld joue lord Raglan, un ancien de Waterloo où il perdit un bras qui trouve ironique de devoir désormais participer à une guerre avec les Français, et qui se fera aussi un immense plaisir à nier toute responsabilité dans la perte de la Brigade Légère, lorsqu’on lui montrera l’ordre écrit qu’il donna, il rejette la faute sur son secrétaire avec cynisme = « pas mon écriture ! » – forcément puisque lui ne peut plus écrire pour cause de perte de bras. 

La magnifique Vanessa Redgrave est Clarissa – à l’époque elle était encore Mrs. Tony Richardson et leurs 2 petites filles, Joely et Natasha apparaissent toutes blondes et adorables, très brièvement, dans le film. Mark Burns interprète William Norris.

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Jill Bennett, une comédienne à la longue carrière théâtrale en UK, joue Mrs. Fanny Duberly, la femme d’un intendant d’armée (interprété par Peter Bowles), qui est follement attirée par ce rustre de Cardigan. Ce personnage est directement inspiré de la vraie Mrs. Frances Isabelle Duberly qui ne fut pas très appréciée par la société bien pensante de son époque, par contre la troupe l’appréciait pour sa gentillesse. Le journal qu’elle tint lors des événements de Crimée fut refusé par la reine Victoria, par contre il rencontra un vrai succès lors de sa publication. 

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Inutile de dire que j’ai particulièrement apprécié cette vision à la fois sombre et satirique d’une guerre – le film sortit au moment de la guerre du Vietnam, ce qui en fit un pamphlet peu apprécié par les conservateurs. 

Cette réalisation britannique est considérée comme un remake d’une production américaine de 1936, mise en scène par Michael Curtiz, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland et inspiré par le poème d’Alfred Tennyson, mais pour ce que j’en sais, je trouve que la version de Curtiz diffère tout de même fort de ce film-ci, sauf concernant le triangle amoureux William-Clarissa-Lewis Nolan.

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Commentaires
N
je te comprends, j'en ai quelques uns dans ma vidéothèque que je dois encore regarder - mais celui-ci me tenait à coeur car il est sorti à une époque où je me mobilisais pour plein de choses et notamment la guerre du vietnam - ce film-ci fit presque scandale, sauf pour nous qui militions contre la guerre ;)
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M
j'ai eu ma période film de guerre mais ça m'est un peu passé ! Ce n'est plus trop ma tasse de thé.
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N
surtout lorsqu'on réalise la petitesse de ceux qui sont en principe responsables des troupes
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T
A quoi bon nourrir la viande à canon ...
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