SUR UN LIT DE FOUGERES, de Margarete Jennes
CONTE DE FEES PAS COMME LES AUTRES
INTERPRETE PAR ERIC DRABS
Dans une ancestrale et sombre forêt, une bête – un monstre ! est abandonné par sa famille au moment de partir en vacances… Pourquoi ? Il en est bien triste notre soi-disant monstre au cœur tendre, qui aime tant les croûtes de fromages.
En explorant SA forêt, puisque désormais ce sera là qu’il habitera, il découvre une pierre philosophant et bien chauffée par le soleil, ce qui lui permet de s’offrir des œufs et des petits oiseaux cuits à point…
Plus loin, c’est une fontaine oubliée qui se lamente un peu de n’avoir pour seul compagnon qu’un vieux saule … et pleureur encore bien ! Pourtant elle était belle au temps où l’on s’occupait un peu d’elle.
Arrive soudain, inopinément, une duchesse claudicante – elle a perdu une chaussure en quittant le bal précipitamment – c’était d’un ennui, et toute cette foule à ses pieds … Mais là dans cette partie de son duché, cette forêt laissée un peu à l’abandon = elle y a déchiré aux ronces les jolis falbalas de sa soyeuse robe d’apparat, et son chignon est resté accroché aux branches d’un arbre, mais bon cela fait du bien d’être un peu à l’aise du côté vestimentaire.
Mais où va-t-elle bien pouvoir dormir ? La bête lui propose un lit de fougères où elle sera bien pour dormir et rêver.
Le lendemain matin cependant « où suis-je ? » se demande notre belle duchesse qui a fait un rêve délicieux où une belle bête lui léchait les pieds etc…
Arrive son miroir, son beau miroir à qui elle demande où elle est, et cet idiot lui répond qu’il réfléchit ! C’est malin pour un miroir !
Arrive aussi, en retard, sa belle cassette magique, où l’on trouve le strict nécessaire pour s’installer = table, fauteuil, etc. Deux petites araignées lui proposent bien de lui tisser un joli costume, mais non ! notre duchesse trouve cela un peu dégoûtant tout de même.
Faudra-t-il que notre duchesse retourne à la réalité ?
Ou la longue lignée des Lusignan et leur jolie Mélusine pourront-ils la garder au sein de cette forêt ?
Je n’ai jamais caché, depuis que je la connais, l’admiration que je porte à la dramaturge Margarete Jennes, qui jongle sans bornes avec les mots et les phrases comme une vraie magicienne de l’écriture.
Une fois encore j’ai été éblouie par son imagination – et aussi par l’interprétation sans faille d’Eric Drabs, qui mime, bruite, récite le texte avec drôlerie, tendresse, passant par tous les stades de voix et de mimiques que peut exprimer l’excellent comédien qu’il est.
J’avais vu une première fois « Sur un lit de fougères » en décembre dernier, aussi lorsque j’ai appris que cet original monologue serait donné une dernière fois afin de clôturer la saison du théâtre de la Montagne Magique, j’ai sauté sur l’occasion de le revoir. Entretemps, Eric Drabs a encore bonifié son jeu, il est époustouflant d'originalité, sans décor autre qu'un banc, sans costume particulier.
Le texte et sa brillante interprétation contribuent tous deux au plaisir du spectateur dans cette jolie récupération très personnelle de toutes sortes de contes et légendes.
C’est éblouissant de verve et de drôlerie.
(source des photos = images google)