AMANTI & REGINE, IL POTERE DELLE DONNE, de Benedetta Craveri
Titre français = Reines & Favorites – Le pouvoir des femmes
La Renaissance fit perdre aux femmes tous les droits qu’elles possédaient au moyen-âge, qui étaient relativement plus nombreux que l’on pourrait l’imaginer (métiers importants comme apothicaire, tisserande, sculptrice, peintre de vitraux, etc.)
Par contre, la renaissance mit fin à tout cela estimant que la famille serait désormais le fondement sur lequel devait être basé la société et l’état.
Quelque part on exhiba une prétendue loi salique, barrant le trône aux femmes – sauf en cas de minorité du roi.
C’est ainsi qu’à partir de Catherine de Medicis jusqu’à Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, les femmes régnèrent tout de même, avec plus ou moins de bonne fortune.
Dans la vie quotidienne, le statut de la femme devint celui d’une assistée, d’une mineure incapable de se prendre en charge, sans statut juridique propre, sans liberté – pratiquement le même statut que la femme romaine de l’antiquité.
A partir de là, la femme sera totalement soumise à l’homme, veuve elle devra solliciter le droit d’un parent mâle afin d’exercer un travail ou disposer d’un bien – même ses biens personnels apportés par mariage deviennent la propriété du mari, avec son droit à lui d’en disposer autant qu’il le souhaite quitte à la ruiner.
Quant à étudier, si certaines femmes de la noblesse eurent le droit et les moyens d’apprendre, de mettre leurs qualités intellectuelles en valeur, il est évident que la femme du peuple sera corvéable à merci.
Les femmes proches du pouvoir mettront leurs charmes à leur service personnel ; érudites, belles (ou non), elles tenteront de réaliser leurs ambitions jouant sur la faiblesse masculine (à la guerre comme à la guerre).
Parfois, lorsque le roi se lasse d’elles et les renvoient à un mari qui fut, un temps, complaisant dans son intérêt personnel, elles subiront un sort parfois similaire à la mort.
L’une des maîtresses de François Ier, par exemple, renvoyée dans ses foyers, fut enfermée par son époux, pouvant enfin de venger de ses « humiliations », dans une chambre noire jusqu’à ce qu’elle y meure.
Cet essai biographique sur les reines et maîtresses royales de la renaissance à la révolution de 1789 est totalement passionnant à lire pour qui aime l’histoire, et pas nécessairement par le petit bout de la lorgnette car Benedetta Craveri y résume en plusieurs chapitres – dont j’ai beaucoup apprécié les titres – la vie de certaines de ces dames qui firent la France. Avec plus ou moins de brio, certaines se laissant entraîner par leur ambition démesuée, leur égocentrisme, leur manque total de réalisme. Le tout sur fonds d’alliances, de trahisons, d’assassinat, de soif de pouvoir.
Catherine de Medicis, una Italiana alla corte di Francia, Le ragioni della Politica
Diane de Poitiers, la bellezza come mito
La reine Margot, la corona perduta
Gabrielle d’Estrées, a un passo dal trono
Marie de Medicis, une nuova regina fiorentina, la passione del potere
Anna d’Austria, una seduzione infinita
Marie Mancini, la vita come un romanzo
Maria Teresa d’Austria, una regina nell’ombra
Louise de La Vallière, quella piccola violetta che si nascondeva nell’erba
Athénaïs de Montespan, una bellezza trionfante, l’affare dei veleni
Madame de Maintenon, l’istitutrice di Francia
Maria Leszczynka, la regina polacca
Le sorelle Mailly-Nesle, amori in famiglia
La marchesa di Pompadour, una borghese al potere
Madame du Barry, l’angelo dei bassifondi
Maria Antonietta, la regina martire
Fort bien documentée = Benedetta Craveri s’en réfère régulièrement dans son livre à des auteur(e)s biographes de ces dames (Stefan Zweig, Eliane Viennot, Simone Bertière, Ivan Cloulas, André Castelot, entre autres) mais aussi aux documents des différentes époques en question (Brantôme, Madame de Sévigné, Madame de la Fayette, Saint-Simon, les Mémoires de Luynes, Mémoires de Madame Campan, notamment).
Ces listes ne sont pas exhaustives, une importante bibliographie suit un essai où rien n’a été laissé au hasard.
Benedetta Craveri, professeur d’université en Italie, spécialiste de la France des XVIIème et XVIIIème siècles élabore clairement ses théories sur le pouvoir et ses erreurs, dont les femmes comme les hommes ne sont pas exemptes.
Si je l’ai trouvée indulgente à l’égard de Marie-Antoinette, elle ne semble pas cacher non plus son admiration pour Catherine de Medicis – elle n’occulte néanmoins pas les défauts de ces 2 reines.
En aucun moment le livre n’est ennuyeux, il ne contient aucun de ces détails croustillants auxquels on a souvent droit dans des biographies romancées, mais raconte avec clarté des situations historiques avérées. Dans une langue italienne très séduisante, comme le sujet, mais claire et belle à lire.
J’ajoute avec plaisir à ma chronique ce petit complément découvert sur le site d’hérodote (l’histoire en ligne) concernant l’expression populaire = un trône ou un héritage qui tombe en quenouille.
C'est-à-dire qui tombe entre les mains d’une femme comme la quenouille dont elle se sert pour filer la laine (quoique dans le cas des reines et des favorites, je doute fort qu’elles aient su ce qu’était une quenouille !).
la couverture du livre en italien est joliment illustrée par
une partie du portrait de Madame de Pompadour par François Boucher