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mon bonheur est dans la ville
28 mai 2012

MISS CHARITY, de Marie-Aude Murail

Miss_Charity

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Illustrations de Philippe Dumas 

Charity Tiddler est une petite fille comme il y en a tant à l’époque victorienne = éducation puritaine, pas le droit de s’exprimer, reléguée dans la « nursery » avec sa bonne personnelle, Tabitha, dont les histoires qu’elle conte à la petite fille au moment de s’endormir, sont toujours profondément dramatiques voire sanglantes. Pour Tabitha, Miss Charity est possédée du démon, ce qui quelque part amuse la petite fille.

Un jour apparaît dans la nursery une petite souris que Charity adopte. Elle sera la première d’une longue série d’ « adoptés », que la petite fille nourrit, tente d’apprivoiser mais surtout dessine.
Lorsqu’elle a 9 ans, sa mère décide de la confier à une gouvernante afin qu’elle apprenne le français, le chant et le piano. Ce que l’adorable Blanche apprendra surtout à sa petite élève c’est l’aquarelle. Ce sera pour l’enfant, une réelle révélation.
Mais il est écrit quelque part que les bonnes choses ne peuvent durer dans la vie de Charity ; lorsqu’une tante « bien intentionnée » confie à Madame Tiddler mère que la gouvernante de sa fille se promène avec le précepteur de son fils, c’est le scandale et le renvoi, au grand chagrin de notre petite amie.

Ainsi, de membres de la famille aussi déplaisants que les parents et les cousines Bertram, en rencontres amusantes comme Bernard Shaw et un certain Kenneth Ashley, Charity Tiddler grandit, peut-être pas en beauté, mais certainement en esprit et en indépendance.

« Miss Charity » est un livre « charmant » avec des illustrations « charmantes » -  si le ton sur lequel j’écris ces mots paraît quelque peu condescendant, ce n’est nullement fortuit.
C’est un livre charmant certes mais, à mes yeux, assez artificiel et en toute sincérité je ne comprends pas très bien l’engouement qu’il a suscité.

Il s’adresse à la jeunesse … à partir de quel âge ? ce n’est mentionné nulle part et je ne suis guère convaincue que cela en attire beaucoup de la jeunesse, car c'est un gros pavé (bien aéré d'accord, mais un pavé quand même), peu pratique à manipuler, pas très confortable pour la lecture.

J’ai eu quelques difficultés à entrer dans l’histoire, puis je me suis habituée et j’ai eu envie de le terminer (j’hésiterais presque à écrire = à EN terminer, car ce fut l’effet suscité).

Je ne tiens cependant pas à totalement dénigrer le livre, au contraire = j’ai apprécié les références littéraires (clins d’œil à Shakespeare, à Oscar Wilde, à G. Bernard Shaw, Charles Dickens - j'y ai même vu un clin d'oeil à "Jane Eyre" et l'horrible pensionnat Lowood lorsque Miss Blanche parvient à se trouver un nouvel emploi) et l'humour caustique.
Il propose également un œil intéressant sur la société victorienne, où les enfants ne comptaient pas pour grand-chose dans la vie de certains parents (pas tous heureusement).
On y découvre les difficultés d’une petite fille, puis d’une jeune fille, ne trouvant guère sa place dans un monde de convenances, sans cesse critiquée par sa mère – qui s’échappera de cette influence toxique par un intérêt bien réel pour la nature, les animaux, le dessin et l’aquarelle.
Dans son envie de découvrir le monde, d’y participer, elle ne pourra compter que sur sa force de caractère et sur une indépendance financière que lui vaudront ses contes illustrés.

Aurait-elle sombré dans la folie comme le laissent  sous-entendre certains commentaires ? je ne le crois pas, sa personnalité – même si réprimée – était bien présente et je suis convaincue qu’elle s’en serait sortie de toute façon de cette vie coincée sur lequel elle porte un regard caustique, identique à celui qu’elle porte à ses animaux.
Tous les enfants  ont des amis imaginaires, Miss Charity en eut simplement un peu plus que d’autres.

Je ne rejette pas « Miss Charity » car il comporte une galerie de personnages parfois bizarres, comme Tabitha, sa bonne personnelle, totalement frappadingue.
Ou l’Ecossais Duncan, qui n’en fait qu’à sa tête, ne tenant nullement compte des desiderata des parents Tiddler. Il y a aussi la douce gouvernante française, la gentille Blanche qui tombera, pour son malheur, amoureuse du précepteur des cousins de Charity – heureusement son histoire, qui aurait pu très mal finir, trouve une heureuse conclusion.
Même heureuse (et amusante) conclusion que la vie de Miss Charity Tiddler, qui épousera enfin l’homme de son choix.

Pour ce qui est des illustrations de Philippe Dumas, elles sont traitées sur le mode « croquis », à la fois naïves et amusantes. Cela aurait cependant mérité un peu plus de soin.

L’histoire écrite par Marie-Aude Murail s’inspire, paraît-il, de la vie de Beatrix Potter – c'est le cas, même si fort romancé.
Miss Potter vivait aussi sous la coupe de ses parents, tentant de vivre une vie autonome et trouvant une consolation à écrire des histoires pour les enfants. Elle trouvera, finalement, sa liberté et son bonheur en achetant des fermes dans la région des grands lacs et épousant après de longues fiançailles le notaire Will Hellis.
Pour les parents Potter, une jeune fille de bonne famille était destinée à s’occuper de ses parents, elle n’avait pas réellement droit à une vie personnelle.
Quant au mariage, il ne s’agissait surtout pas de s’intéresser à un « homme qui travaillait » - dégradant, vraiment! 

En conclusion = une histoire  qui ne m’a pas totalement convaincue. Qu'est ce qui m'a échappé ?
Je crois que je  préfère les "Cottage Tales Mysteries of Beatrix Potter", par Susan Albert Witting.

D'autres avis, nettement plus positifs  chez george,  fondantauChocolat, clarabel, cuneipage,  ys, brize,  flo, leiloona, fashion, theoma, maggie, karine  (celles qui l'ont lu et que je ne mentionne pas m'excuseront, je n'ai pas trouvé le lien, mais n'hésitez pas à me le communiquer).

D'autres billets sur des romans de marie-aude mural chez violette (ici) et (ici)

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Commentaires
N
tu adoptes la bonne attitude ;)<br /> <br /> les commentaires tellement positifs m'ont tellement influencée que j'en attendais autre chose :?<br /> <br /> mais comme je le dis, on n'est pas obligé de se laisser influencer par moi :D
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J
Il est dans ma PAL car le sujet m'attirait beaucoup mais j'étais déjà dubitative sur l'attirance qu'un tel pavé pouvait avoir sur les ados ! J'essaierai de prendre un peu de recul quand je le lirai et ne pas forcément m'attendre à un coup de coeur ... j'aurai ainsi moins de chance d'être déçue :)
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N
je crois que c'était la bonne méthode - au départ c'était aussi mon intention, mais le ton superficiel m'a vite lassée
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K
Pour ma part, j'ai beaucoup aimé, comme tu as dû le voir dans mon billet. Mais j'ai abordé ma lecture avec l'envie de lire exactement ce genre de chose. Du coup, ça a fonctionné pour moi.
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N
certaine :D<br /> <br /> d'ailleurs relis plutôt tous les avis positifs, cela te redonnera certainement envie de le lire ;)<br /> <br /> moi je ne le relirai pas, ça c'est certain :P
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