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mon bonheur est dans la ville
13 mai 2012

PRIDE AND PREJUDICE, de Robert Z. Leonard

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1940_studio_shot

Version 1940 en noir et blanc

Adaptation pour l’écran d’Aldous Huxley & Jane Murfin, complètement basée sur l’adaptation théâtrale d’Helen Jerome (qui s’était tout de même inspirée du roman de Jane Austen)

Titre français = Orgueil et Préjugés

Je suppose que tout le monde connaît désormais les tribulations de la famille Bennet, avec ses 5 filles à marier, leur mère hystérique et leur père préférant sa bibliothèque. L’obsession de leur mère est de les marier, vu que les femmes au 19ème siècle ne pouvaient hériter et que lorsque Mr. Bennet décèdera, le domaine ira à Mr. Collins, un cousin jamais vu.
Lorsqu’il débarquera, il propose le mariage à Lizzie, qui n’en voudra pas. Il y a deux hommes qui ont l’intérêt de la mère-marieuse = Bingley et son ami Darcy, ils sont vraiment très riches – et il y aura des rebondissements dramatiques avant que les amoureux Jane & Bingley, et Lizzie & Darcy soient réunis.
Notamment les problèmes avec Wickham et Lydia la plus jeune des filles. Sans oublier Mrs. Catherine de Bourgh, la sœur de Bingley, etc. Je ne m’étendrai plus sur les détails. 

Cette adaptation-ci de 1940 tournée en noir et blanc, fut la toute première adaptation du roman de Jane Austen – les suivantes furent des adaptations télévisées, et l’autre seule adaptation cinématographique est celle de Joe Wright. Je suis seulement fort triste qu’Aldoux Huxley ait accepté de participer à ce massacre littéraire.
Mais faites confiance aux Américains pour transformer le portrait caustique d’une société anglaise du 19ème siècle, en comédie romantique loufoque – car c’est exactement ce que le réalisateur Robert Leonard en a fait, en étalant des fleurs tout au long ; aux dires de l’une des comédiennes = il faisait toujours beau sur les tournages de Leonard, il exigeait du beau temps, des petits oiseaux gazouillants, des petites fleurs et des jolies filles (avec « le tout studio », c’était pas compliqué).

En toute sincérité, j’hésite entre la déception et le plaisir de retrouver une histoire qui me fait à la fois vibrer, sourire et réfléchir au triste sort des jeunes filles des siècles passés.

Dans la distribution on trouve Greer Garson, actrice très populaire et grande star de la MGM dans les années 1940 ;  qui est, à mes yeux, beaucoup trop âgée pour le rôle – elle est en principe la 2ème des filles Bennet, ici elle pourrait passer pour leur mère, si on ne découvrait pas l’insupportable maman Bennet sous les traits de l’actrice Mary Boland. Je l’ai prise en grippe immédiatement, mais de toute façon, je déteste Mrs. Bennet.

 The_Bennet_sisters_in_Pride_and_Prejudice_1940

Pride_and_Prejudice_1940

Jane, la plus douce – qui ici flirte ouvertement avec Charles Bingley – est jouée par Maureen O’Sullivan (maman de Mia Farrow) – on la croirait sortie tout droit de son rôle de Jane Parker, où là aussi elle fait la coquette avec Tarzan.
Les autres sœurs Bennet sont interprétées par Ann Rutherfort (l’insupportable Lydia), Marsha Hunt (Mary) et Heather Angel (Kitty).
L’hautaine et snob Caroline Bingley est jouée par Frieda Inescort, fort bien probablement puisque j’ai eu sans cesse envie de lui flanquer des claques.
Les producteurs avaient choisi des actrices très célèbres à la scène comme au cinéma dans ces années 1930-40.

Afin de poursuivre leur œuvre iconoclaste, les producteurs – suivant le canevas de la pièce de théâtre d’Helen Jerome –  ont supprimé le rôle de Georgiana, sœur de Darcy
Et ont transformé Catherine de Bourgh en personnage sympathique à la fin, mais je reconnais que j’ai été conquise par l’interprétation d’Edna May Oliver, une comédienne spécialiste des rôles de personnage n’ayant pas sa langue en poche.

 lady_catherine

Côté masculin c’est un peu mieux = pour le choix de Darcy  Laurence Olivier, tout auréolé de son personnage romantique de « Wurthering Heights », est très valable en Darcy ; il en a la raideur nécessaire, mais aussi le charme.
Par contre Edward Ashley en George Wickham et Bruce Lester en Mr. Bingley ne me laisseront pas un souvenir d’interprétation marquante.
Cependant, tout comme j’ai apprécié Edna May Oliver en Lady Caroline, j’ai beaucoup aimé le charmant Edmund Gwenn, spécialiste des rôles de « vieux monsieur sympathique » en Mr. Bennet.
Citons encore Melville Cooper en Mr Collins ; il est excellent comme Edmund Gwenn,  il interprète à merveille son rôle de l’obséquieux hypocrite.

Mr_Bennet_played_by_Edmund_Gwenn_in_Pride_and_Prejudice_1940

 Mr_Collins_in_Pride_and_Prejudice_1940

Une scène dans le film a été voulue symbolique = celle où les dames Bennet et les dames Lucas (Charlotte qui épousera Collins et sa mère) se font la course en calèche devait symboliser la chasse au mari, que les producteurs ont retenu du roman.

 Carriagerace

Côté costumes, c’est à pleurer – les réalisateur, producteur, costumier ont délibérément considéré le style « regency » comme peu compatible avec l’idée qu’ils se faisaient de l’histoire (c’est à se demander s’ils avaient lu le livre) ; ils optèrent donc pour un style ressemblant à celui d’ « Autant en emporte le vent », plus proche de la mode des années 1840 = crinolines, manches gigot et les chapeaux ! – avec une touche de 1930 en ajoutant des « petites cravates » par exemple à Elizabeth Bennet.
Et les chapeaux ! vous avez vu les chapeaux ? on dirait les coques que les vétérinaires mettent à nos petits compagnons pour les empêcher de se blesser.

C’est vraiment malheureux ! On peut vraiment compter sur le cinéma américain de films historiques années 1940-1950 pour se ficher complètement du public.
Il paraît même que le célèbre Adrian, à l’origine de ces costumes, a eu beaucoup de difficultés pour produire des costumes valables en raison du noir et blanc (pauvre petit chou !).

Le choix des costumes donc fut volontaire = pour en mettre plein la vue au spectateur, lui réjouir les yeux et le détourner d’une histoire que les producteurs trouvaient finalement assez banale. Il est vrai qu'avant qu'elles ne se "réveillent", c'était le propre des femmes américaines = trouver un mari, riche de préférence.

first_glimspe_of_bingley

C’est de manière délibérée aussi que la production du film ressemble à une « screwball comedy » (comédie loufoque), d’où le choix de la mode à crinolines, afin de pouvoir ajouter des effets très comiques dans certaines scènes.
De ce côté-là c’est assez réussi = les femmes ressemblent à des grosses cocottes caquetant tout le long de l’histoire – surtout Mrs. Bennet, déjà qu’elle est un personnage insupportable, mais ici elle décroche le pompon !
De plus, les femmes se déplacent comme si elles « glissaient » sur le sol, avec des minauderies ridicules.

Enorme resserrement temporel aussi dans le film, quitte à « effacer » des moments importants de l’intrigue comme la rencontre à Pemberley. Ici point de moment de vacances avec les Gardiner (oncle et tante), et pas de Georgiana.
Ce ne sont pas les seules modifications au roman, mais il est vrai qu’un scénario se doit de condenser un peu. 
Néanmoins, le film réalisé par Joe Wright ne comportait aussi que deux heures, mais au moins il respectait le roman. 

Cette adaptation évoque aussi une certaine nostalgie – pour les Américains – de l’Angleterre rurale… c’est sûrement pour cela qu’ils ont tout filmé en studio, y compris le village de Meryton. Rien absolument rien, n’a été tourné en extérieur.

J’ai lu quelque part que le film était très amusant lorsqu’on « oublie Jane Austen », ce doit être pour cela que j’ai été déçue = j’avais trop le roman et ses adaptations télé et cinéma en tête.
Dommage car je me réjouissais, en cinéphile,  de découvrir enfin cette toute première version.

Comme si on pouvait "oublier Jane Austen" !

QUIZ_Jane_Austen_3450

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Commentaires
N
super de te retrouver ici ! :D<br /> <br /> <br /> <br /> oublie jane austen dans ce film ! c'est totally USA :roll:
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M
Je ne connaissais pas cette adpatation et malgré les libertés visiblement prises (les costumes m'ont immédiatement choqué, et ensuite j'ai décovert le contenu de ton billet), je suis quand même curieuse parce que Jane Austen.
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N
j'ai trop le livre en tête, ainsi que la version BBC, pour avoir fait abstraction de l'originalité de jane austen - mais bon, j'avais très envie de la (re)voir cette version-ci (je ne me rappelle toujours pas si je l'avais vue ou non du temps où j'avais le câble télé) ;)
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J
J'avais vu cette "adaptation" en même temps que toutes les autres et la libéralité qu'elle prenait avec le roman est effectivement décevante ! On n'y retrouve plus son essence et son atmosphère mais si on fait abstraction du livre, ça peut passer plus facilement ;)
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N
je te comprends ;)
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