DRACULA, de Tod Browning
Titre français = identique
Version 1931
Scénario de Garrett Ford d’après la pièce de théâtre homonyme de Deane & Balderston, d’après le roman de Bram Stoker
Une diligence arrive à bride abattue dans un petit village, il faut arriver avant la nuit car c’est la nuit de Walpurgis, celle où sortent tous les démons. Un voyageur souhaite poursuivre jusqu’à Borgo Pass où un fiacre l’attend. L’aubergiste le lui déconseille vivement mais devant l’insistance du voyageur, la diligence repart ; la femme de l’aubergiste lui a toutefois mis un crucifix autour du cou afin de le protéger. Le jeune homme arrive dans un château étrange, tout en haut des Carpathes. Pendant ce temps, dans la crypte, 4 cercueils se sont ouverts = le comte et ses épouses.
Le jeune homme en question est un certain Renfield, notaire de son état ; il apporte les papiers faisant du comte le propriétaire de Carfax Abbey. Pendant la nuit, Renfield est attaqué par les épouses de Dracula, puis par le comte en personne. Renfield est désormais l’esclave de Dracula, mais a aussi totalement perdu l’esprit. Il est le seul être vivant sur le bateau qui a amené Dracula en Angleterre – tout l’équipage est mort, il fallait bien que le comte se nourrisse.
Renfield est envoyé à l’asile.
Au cours d’une soirée théâtrale à Londres, le comte fait la connaissance du dr Seward, sa jolie fille Mina, son amie Lucy et John Harker, le fiancé de Mina. Lucy est fascinée par le comte et bientôt elle tombera elle aussi victime de ses canines.
Pendant ce temps, Renfield qui ne se nourrit que d’insectes est observé par le professeur Van Helsing, qui analyse son sang. Il découvre ainsi que Renfield est la proie des vampires.
De son côté, Mina a reçu la visite de Dracula au cours d’une nuit et il l’a mordue dans son sommeil. Elle parle de ce qu’elle pense être un rêve. Réalisant que Dracula n’a pas de reflet dans un miroir, Van Helsing en conclut qu’il est donc bien le vampire.
Mina de son côté commence à réagir bizarrement, vu qu’elle a été mordue une 2ème fois. Elle est emportée vers Carfax Abbey mais Van Helsing et John sont sur leurs traces. Arriveront-ils à temps pour la sauver et débarrasser Londres de l’emprise de Dracula ?
Connaissant surtout les multiples films « Dracula » interprétés par Christopher Lee pour la Hammer, ainsi que le film de Francis Ford Coppola, je me suis dit qu’il était temps que je remonte un peu aux sources, à savoir l’interprétation de l’acteur Bela Lugosi, le premier Dracula de l’histoire du cinéma ; cet acteur fut marqué dans ce genre de rôle, en partie en raison de son accent lorsqu’il parlait anglais. Il avait interprété le rôle du comte-vampire à Broadway dans la pièce de théâtre homonyme qui remporta un immense succès.
Le film de Tod Browning lui apporta la célébrité bien qu’au départ ce fut Lon Chaney (père) qui aurait dû obtenir le rôle.
Malheureusement, ayant refusé d’interpréter le monstre de Frankenstein, le rôle alla à Boris Karloff et celui-ci devint le « chouchou » des studios Universal.
Bela Lugosi fut catalogué acteur de films d’horreur, ce qui le désola toute sa vie, s’estimant capable de bien autre chose. Il devint un grand ami d’Ed Wood (celui qu’on catalogua « pire réalisateur de l’histoire du cinéma »). Il devait tourner un film ensemble mais l’acteur mourut d’une crise cardiaque.
La carrière de ce comédien fut malheureusement sujette à des hauts et des bas dus à des changements de direction dans les studios Universal.
Edward Van Sloan interprète le professeur Van Helsing – cet acteur est apparu dans « Frankenstein » ainsi que dans « The Mummy » (versions avec Boris Karloff).
Il reprit également pour le film le rôle qu’il interprétait dans la pièce de théâtre.Helen Chandler est la belle Mina, fiancée de John Harker, joué par David Manners.
Dwight Frye interprète Renfield.
Lucy, l’amie de Mina qui est la "mordue" de Dracula est jouée par Frances Dade et le docteur Seward est joué par Herbert Bunston.
Tous ces noms m’étaient totalement inconnus avant que je ne me lance dans mes petites enquêtes sur les films du passé. On les retrouve néanmoins dans d'autres films d'horreur (The Mummy, Frankenstein).
Par contre le nom du réalisateur Tod Browning ne m’était pas inconnu, puisque j’ai eu le plaisir de découvrir son film « Freaks », un émouvant hommage à « ceux qui sont différents ». Ici il semble qu’il n’ait guère apprécié que son ami Lon Chaney n’est pas été choisi pour l’interprétation du comte Dracula, et du coup montrait un total manque d’intérêt pour son film, laissant à son assistant Karl Freund pratiquement tout le travail de mise en scène – Freund n’est cependant pas mentionné dans la distribution en qualité de metteur en scène, mais bien responsable de la photographie.
Mise en scène faite pour accentuer les effets gothiques de l’histoire = beaucoup de brouillard, des décors fantasmagoriques (le château du comte), des loups, des rats, des chauves-souris, etc.
Les décors des Carpathes sont carrément peints !
Comme l’histoire est située au moment du tournage (1931), les costumes sont contemporains de cette époque, on ne peut donc pas parler de leur originalité.
La bande sonore originale comportait très peu de musique pour des raisons techniques (manque de place), on trouve donc quelques extraits du « Lac des cygnes » et des « Maîtres chanteurs de Nurenberg ». Toutefois, lors de la restauration du film en 1998 pour mise sur dvd, le compositeur Philip Glass fut sollicité afin d’écrire une B.O. pour le film, qui est interprétée par Kronos Quartet.
Ce film fait désormais partie de ce que l’on appelle le « Canon des Films d’Horreur des studios Universal » et parmi ceux-ci figurent bien sûr « Frankenstein », « A Bride for Frankenstein », « The Mymmy », « The Wolf Man » « The Invisible Man ».
Dire que j’ai été « morte de peur » serait très exagéré – cela a tout de même vieilli malheureusement, dû surtout au jeu peu naturel des acteurs.
Cependant, je reconnais que j’ai « marché » avec les jeux d’ombres et de lumières, rendant certaines situations assez inquiétantes (le chateau de Dracula p.ex.).
Contrairement à la Hammer, dont les films étaient en couleurs très vives (sa marque de fabrique), ici les canines du comte ne dégoulinent pas de sang comme celles de Christopher Lee - l'accent est mis sur les yeux et le pouvoir hypnotique de Dracula.