LA DERNIERE ENQUETE DU CHEVALIER DUPIN, de Fabrice Bourland
Edité comme « livre » alors qu’il s’agit en réalité d’une longue nouvelle d’une petite centaine de pages, j’ai terminé ce court roman (novella) en l’espace d’une soirée, et il m’a fallu le relire le lendemain pour que je puisse me convaincre d’avoir bien compris. J’adore être « baladée » par un auteur, mais ici Fabrice Bourland frappe fort.
Dans ce pastiche, en hommage à Edgar Allan Poe et son chevalier Dupin, l’auteur (Bourland) s’amuse avec le principe du « double », habile jeu de miroirs sur la personnalité double qui est en chacun de nous, sur les anagrammes des noms et sur notre corps astral qui nous accompagne partout.
La nouvelle est également une double mise en abyme, puisque non seulement il s’agit d’un livre dans le livre de Bourland, mais qui plus est un manuscrit trouvé dans les affaires d’Andrew Singleton, c’est ce manuscrit qui fait l’objet principal de l’histoire.
Comme la plupart des aventures d’Andrew Singleton et son comparse James Trelawney, le livre commence par une fausse vraie note de l’éditeur fictif ayant reçu un jour tous les manuscrits de Singleton, ce qui lui permet d’éditer leurs aventures.
Lors de sa visite à Paris, Andrew Singleton avait l’intention d’enquêter sur la mort mystérieuse du poète Gérard de Nerval, mais ne put poursuivre pour cause d’aventures (« Les Portes du Sommeil »).
Parmi tous les textes contenus dans la malle aux manuscrits, se trouve un texte traduit de l’anglais, mettant en scène Charles Auguste Dupin et son ami américain Carter Randolph (tout comme dans les enquêtes de Dupin écrites par Edgar Allan Poe, mais où l’on ne cite jamais le nom de cet ami).
Charles Auguste Dupin s’était attelé à la tâche de découvrir si la mort de Nerval était bien un suicide ou, plus grave, un assassinat.
Il est question d’Alexandre Dumas, convaincu du suicide de son ami Nerval, de daguerréotypes dévoilant le « double astral », parlant d'une secte, ayant réellement existé, d’une momie (là je me suis totalement fait piéger = j’étais déjà toute contente à l’idée d’une momie maléfique jouant un rôle dans cette histoire ; en fait elle est simplement dans la vitrine d’un antiquaire)...
La 4ème de couverture était un peu trop enthousiaste par rapport à cette nouvelle plus qu’insolite, mais je n’en tiendrai pas rigueur à l’auteur puisque j’aime l’insolite.
Ceci dit, j’ai trouvé les théories de Fabrice Bourland, à travers le chevalier Dupin, fort bizarres et finalement assez peu crédibles même si j’ai marché à fond en lisant la nouvelle.
J'ajouterai que Bourland s’amuse à tirer ses théories en longueur avant d’en arriver au coup de théâtre final (« Bon sang mais c’est bien sûr ! »).
Conclusion = une lecture intéressante et déroutante, mais pas indispensable non plus.