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mon bonheur est dans la ville
2 avril 2012

FLANER, CA ME DIT - LA FONDATION VAN BUUREN - 2

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2. LA MAISON-MUSEE DE DAVID & ALICE VAN BUUREN

(chronique basée sur les explications de l’historienne d’art-artiste Sarah Cordier, avec qui j’ai déjà eu le plaisir de faire de belles découvertes)

La maison où vécurent le banquier-mécène David van Buuren (né en Hollande en 1886) et son épouse Alice Piette, est depuis 1973  un musée. Madame van Buuren établit une fondation en 1970 = « Les Amis du Musée David & Alice van Buuren », à laquelle elle légua la maison et TOUTES les œuvres d’art qui s’y trouvent, ainsi que le jardin et un patrimoine afin d’en assumer l’existence.
Actuellement, la maison-musée située dans la périphérie bruxelloise - commune d’Uccle, avenue Leo Errera – accès facile en transports en commun – est ouverte au public.

Le prix de ces visites, ainsi que des dons privés et une très minime participation de la part de la région Bruxelles-Capitale (comme toujours = de l’argent pour les armes, pas pour l’art) permettent la conservation et l’entretien de la villa.
Maison et jardins se visitent tous les jours de 14.00 à 17.30 (pour les jardins, 17.00 pour la maison). Le jardin peut aussi se visiter seul.
La maison est également disponible pour des réceptions = communions, mariages, repas d’entreprise. En été, le jardin se prête  à des garden-parties, poursuivant ainsi la tradition des van Buuren, qui recevaient énormément. 

David van Buuren s’établit à Bruxelles en 1909, afin de travailler dans une banque dont il resta un pilier tout au long de son existence. En 1922, il épousa sa secrétaire, Alice Piette ; le mariage durera plus de 30 ans, jusqu’au décès de David van Buuren.
Celui-ci était un passionné d’art et d’architecture, aussi dessina-t-il avec son neveu les plans de la villa. L’extérieur est apparenté au style de l’école d’Amsterdam = briques rouges rejointoyées en creux telles les villas hollandaises. L’extérieur donne une impression de discrétion, voire de banalité, contredisant la superbe décoration Art Déco, ainsi que la magnifique collection d’œuvres d’art des van Buuren.

Pour rappel, l’Art Déco vit le jour en 1925, alors qu’il était prévu qu’il prenne la relève du moribond Art Nouveau, vers 1914. Tout était déjà prévu pour une grande exposition Art Déco en 1915, à laquelle la première guerre mondiale mit fin avant qu’elle ne voit le jour.

L’Art Déco, comme son nom le dit, est fait uniquement pour décorer. Le fonctionnel en est exclu.

Salle à manger = c’est là que les van Buuren recevaient leurs prestigieux invités et que se tiennent actuellement les réceptions pour qui le souhaite.
Les œuvres d’art collectionnées par David van Buuren – ce fut surtout lui qui décida de tout – ne furent pas des acquisitions de « spéculation », mais bien des peintures et objets qui lui plaisaient et dont il voulait s’entourer. Toutes les œuvres d’art furent acquises par amour de l’art, tout ce qui se trouve sur les murs est authentique !

On y trouve des natures mortes de Gustave van de Woestijne, l’un des pionniers de la communauté artistiques de Laethem-Saint-Martin (Flandre orientale). Ce peintre sera l’un des grands amis de David van Buuren et ce sera surtout grâce à ce dernier, jouant à fond la carte du mécénat, que l’artiste pourra vivre et se faire connaître.
Dans la salle à manger se trouvent des natures mortes de cet artiste.

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Les fenêtres comportent des découpes à l’orientale, avec de grands plafonniers dans le style de l’école d’Amterdam. Un faux plafond en crépi bleu ciel apporte une touche légère à l’ensemble.
Les tapis forment un ensemble, dit « galerie botanique » en 5 parties, au graphisme épuré et aux couleurs contrastées.
Des petites vitrines offrent au regard des corbeilles de Wedgewood (18ème), des couverts en argent de la maison Wolfers, des petites pièces de Delft (17 & 18ème). Lorsque les van Buuren recevaient, la table se couvrait de cristaux de St-Louis, ainsi que de porcelaine de Limoges et de l’argenterie créée par Philippe Wolfers.
De 1929 à 1960 cette salle à manger a vu défiler des personnalités internationales et des artistes prestigieux.

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Les chaises sont en crin de cheval véritable, tandis que la table et la marqueterie murale est en bois précieux = ébène de Macassar, palissandre du Brésil et sycomore de Jerusalem.

Dans le salon, avec son « cosy corner » (le nom du modèle du fauteuil donne son nom au salon) où le chien avait sa place sur un coussin assorti au divan, se trouvent des fauteuils bas à accoudoirs de style dit « bien aimé », tandis que d’autres fauteuils sans accoudoirs sont des « fauteuils-traineau », c'est-à-dire que l’on pouvait les traîner à travers toute la pièce.
Au sol, des tapis rappelant les motifs des coussins créés par Delaunay. On y trouve également un vase Lalique et d’autres peintures de Gus van de Woestijne.

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Au-dessus de la cheminée figure une « Marine nocturne » de Constant Permeke, qui noircit au fil du temps parce que le peintre a incorporé du bitume dans sa peinture, il est à craindre qu’un jour le tableau soit complètement noir et il n’existe pas, actuellement, de méthode pour le nettoyer en raison de l’utilisation du bitume.
Petit détail = la cheminée a été conçue pour recevoir le tableau, acheté avant la construction.

A un autre mur = une « Chute d’Icare » de Pieter Brueghel l’ancien – à propos de ce nom que l’on trouve parfois écrit « Bruegel », lorsque le peintre devint un « maître », il laissa tomber le « h », celui-ci se conservant dans le nom de ses fils.
Cette « Chute d’Icare » n’est probablement pas de la main de Pieter Brueghel l’ancien car des analyses du tableau peint sur bois, prouvent avec les méthodes actuelles, que le bois est postérieur au décès du peintre. Il est donc probable qu’il s’agit d’une œuvre peinte par l’un de ses fils, qui étaient tous des apprentis du père.

Dans le salon de musique attenant au grand salon, se trouve le piano d’Erik Satie que Mr van Buuren acquit juste après le décès du musicien. Il est recouvert d’une tapisserie de Gidding.
C’est dans ce joli salon que fut créé le célèbre « Concours Reine Elisabeth », ses premières sessions s’y tinrent longtemps, la reine Elisabeth de Belgique étant une amie personnelle d’Alice van Buuren. 

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Parmi d’autres artistes invités régulièrement chez les van Buuren figurent les noms de Jacques Prévert, René Magritte, Raoul Dufy et bien d’autres.

A la mort de son époux, Alice van Buuren dont les goûts artistiques tendaient plus aux motifs floraux, acquit des petits tableaux de Henri Fantin-Latour.

Dans un coin, un très joli Kees van Dongen. Ailleurs, une esquisse au fusain, par Vincent van Gogh,  ce dessin  sera incorporé dans son tableau « les Mangeurs de pommes de terre ».

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Dans la cage d’escalier, on trouve sur la balustrade une œuvre de Georges Minne, sculpteur flamand, ami de David van Buuren – et au mur un grand portrait des 5 enfants de Gustave van de Woestijne = quatre filles et un petit garçon, dont le prénom est évidemment David.

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(photo trouvée dans la photothèque google - toutes les autres photos sont les miennes)

A l’étage se trouvent la chambre des van Buuren et une salle de bains – toutes deux fermées au public.

Le bureau de David van Buuren (meuble) a été dessiné par lui et est également en bois précieux avec une incrustation en galucha, c’est-à-dire de la peau de requin blanc. Un joli vitrail se trouve dans un coin à côté de la cheminée.

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A côté de ce bureau se trouve l’atelier de David van Buuren dont le passetemps était le dessin et la peinture. Son talent est celui d’un peintre du dimanche, mais Alice van Buuren y a exposé sa palette et sa valisette d’artiste.

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Au mur deux portraits de David van Buuren = un autoportrait en peintre, et son portrait nettement plus austère en banquier, peint par Gustave van de Woestijne.

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Pendant la 2ème guerre mondiale, David et Alice van Buuren durent fuir la Belgique, après avoir aidé pas mal de Juifs à échapper à l’envahisseur nazi. Toutes les œuvres d’art  furent  confiées à des amis du couple, personnes de confiance, tandis que les nazis occupèrent la villa. 

La Maison-Musée David & Alice van Buuren est désormais telle qu’elle le fut du vivant de ses créateurs.
Plus d’images  dans mon album photos Gand, Bruxelles.

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Commentaires
N
j'ai été heureuse de découvrir cette maison, très célèbre à bruxelles et où je n'avais jamais mis les pieds, mais très sincèrement je n'ai pas sauté d'enthousiasme - je crois que je m'attendais à autre chose<br /> <br /> l'ensemble était assez petit et ramassé, sauf le grand salon avec le cosy corner
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N
c'est logique - les séries poirot utilisent ce type de mobilier comme décor ;)
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A
J'aime bien visiter les intérieurs de maison de cette époque là, même si je n'aimerais pas y vivre. On sentait une vraie envie de changement.
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M
Je ne sais pas pourquoi mais ce genre de déco me fait penser à certains épisodes de la série Hercule Poirot.
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N
il était issu d'une famille hollandaise très aisée - en ce qui concerne alice piette, je l'ignore - mais comme sa famille appartenait à la bourgeoise francophone anversoise, ça ne devait pas être des petits pauvres non plus
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