FILMS SUR L'ART - 1, de François Levy-Kuentz
FRANCOIS LEVY-KUENTZ est un réalisateur français né en 1960, qui fut assistant réalisateur de Marcel Bluwal, Claude Chabrol, Frédéric Mitterand, entre autres. Vivement intéressé par la peinture, il réalisa un premier film consacré à Man Ray ; il a collaboré à des émissions de télévision sur France 2 et 3. Pour ces chaînes il a réalisé plusieurs portraits d’artistes et ou écrivains. Cet intérêt pour l’art l’a amené à réaliser des documentaires sur l’art, comme j’ai pu le découvrir via 4 moyens métrages, consacrés à Yves Klein, Piet Mondrian, Marc Chagall et Alexander Calder.
Selon le rédacteur de la revue Flagey, le film sur l’art est un genre capricieux, difficile à dompter.
François Levy-Kuentz a découvert l’alchimie reliant peinture, sculpture et cinéma ; il l’a mise en œuvre à travers des films qui sont considérés comme des modèles du genre. Chacun de ses films se voit et se vit comme une.
En collaboration avec le Centre du Film sur l’Art (CFA), Cinergie et la cinémathèque de Belgique-Flagey, ont décidé de proposer au public quatre des films documentaires de ce réalisateur et qui ont la particularité d’être présentés à la première personne par l’article sur des textes de Stephan François-Levy.
Appréciant l’art et aussi les films sur l’art qui permettent de découvrir un artiste au-delà de son œuvre, j’ai eu très envie de découvrir ces documentaires pas comme les autres.
ALEXANDER CALDER, SCULPTEUR DE L’AIR
Egalement surnommé le « Daumier du fil de fer ».
Calder, que sa famille et ses amis appelaient « Sandy » (1898 – 1976), était né au sein d’une famille d’artistes, son père et son grand-père étaient tous deux sculpteurs, au style académique. Le jeune Sandy avait l’habitude de réunir dans ses poches tout ce qui lui tombait sous la main,(bouchons, ficelles, cailloux) avec lesquels il fabriquait des objets. Objets qui le menèrent directement vers la construction du célèbre « Cirque Calder ». Fasciné par le cirque Calder passa d’ailleurs pas mal de temps à croquer sur le vif les personnages qui l’inspireront plus tard pour son cirque. Commencé au début des années 1920, avec seulement quelques petites pièces, il finira par en comporter 120.
C’est tout jeune aussi que Sandy commença à tordre le fil de fer dans tous les sens, jusqu’à plus tard réaliser des visages – que l’on peut éventuellement qualifier de caricatures, mais qui en réalité étaient l’expression même de l’admiration de l’artiste pour les personnes qu’il rencontrait (il apprécia particulièrement le nez de Kiki de Montparnasse).
Alexander Calder partit jeune pour Paris, et plus particulièrement à Montparnasse, lieu de tous les artistes. Marcel Duchamp apprécia particulièrement le jeune Américain et c’est à lui que Calder doit l’expression « mobile » pour ses créations. Parmi les jeunes artistes qu’il fréquentait à Montparnasse, on trouve Joan Miro, Fernand Léger, Piet Mondrian, entre autres.
Calder et son épouse partagèrent toujours leur temps entre les USA et la France. Après les petites créations, les petits mobiles où Calder expérimentait le défi aux lois de la pesanteur, l’artiste s’attela à des œuvres gigantesques, qu’il qualifia lui-même de « stabiles ». Dans la création des mobiles, d’abord en noir et blanc, Calder introduisit le rouge qui était sa couleur préférée.
le mobile "Whirling Ear" créé pour l'expo universelle de 1958 à Bruxelles
qui décore désormais le mont des arts
YVES KLEIN OU LA REVOLUTION BLEUE
Particulièrement en avance sur son temps, probablement beaucoup trop hélas, Yves Klein traversa la vie comme une météorite = il aimait les medias, qui ne l’épargnèrent pourtant jamais, le qualifiant de clown, parfois d’escroc, estimant que ses expositions étaient des arnaques, surtout lorsqu’il exposa ses monochromes. On le considère actuellement comme le créateur de l'art conceptuel, mais je ne pense pas qu'il aurait apprécié cette étiquette, car il détestait toutes les étiquettes.
Et pourtant, quel talent, quelle originalité. On peut ne pas aimer qu’il ait transformé le corps des femmes en pinceaux vivants, on peut sourire ou se sentir attaqué par ses provocations lorsqu’il « vendait des zones de sensibilité picturale », mais on ne peut que s’émerveiller de son audace artistique.
C’est un artiste qui me touche beaucoup par son humour, même si sa personnalité narcissique et égocentrique devait être difficiles à vivre.
Il avait pour amis de jeunesse le sculpteur Arman et Claude Pascal ; il noua une amitié de longue date avec le critique d’art Pierre Restany, le seul à vraiment le comprendre, avec Jean Tingely. C’est Pierre Restany qui créa le mouvement du « nouveau réalisme », qui fut scellé par les signatures de multiples artistes avant-gardistes, dont Tingely, mais aussi Daniel Spoerri, César, Niki de Saint-Phalle et bien d’autres.
Malgré cela, Yves Klein – se voulant libre et indépendant – rompra ses liens avec ce mouvement.
François Levy-Kuentz a constitué cette biographie à partir d’images d’archives, recréant l’univers de ce phénomène surprenant, dont j’ai trouvé la personnalité particulièrement émouvante. Guy Béat chantait « le premier qui dit la vérité, doit être exécuté ».
C’est une véritable exécution en règle, au festival de Cannes où il était invité, que subit Yves Klein, qui sous le choc, fit un malaise, suivi d’une crise cardiaque qui l’emporta à 34 ans.
le célèbre BLEU KLEIN (IKB)