DO EAT, de Dominique Bréda
Mise en scène de Dominique Bréda
Costumes C. Kleinermann & T. De Coster
Décor Vincent Maffessoni
Avec Nathalie Uffner, Laurence Bibot, Jean-François Breuer, Julie Duroisin
(photos illustrant la chronique prises sur le site du TTO)
Nous sommes désormais dans une société d’obèses – être gros est un signe de progrès et de réussite, même les médecins préconisent l’obésité.
Annie, très très ronde, début de la cinquantaine arrive chez sa généraliste et lui dit qu’elle souhaite maigrir. Etonnement, discussions sur le pourquoi et le comment et prescription pour se rendre chez une psychiatre.
Qui immédiatement lui demande d’où lui vient cette tendance agressive, pourquoi veut-elle maigrir, c’est quoi ce délire … comme dit Annie « 15 ans d’études pour en arriver à ça ! ».
En route vers chez elle, Annie se cogne involontairement à une jeune femme sympathique et mince, vivant un peu en marge de la société. Annie est une femme généreuse qui emmène la jeune femme chez elle. Surprise du fils, 28 ans, toujours chez ses parents et qui bouffe tout le temps. Il est ironique à l’égard du « petit oiseau perdu », une habitude qu’à sa mère de ramener des âmes en peine chez elle. Pourtant le fils tombe amoureux mais la jeune femme le repousse.
Annie de son côté reconsulte la psy, qui pète littéralement un câble. Du coup, notre gentille obèse qui est tout de même arrivée à perdre 3 kilos – malgré son fils à qui la nouvelle « lubie » de sa mère fait peur, malgré la généraliste et la psy qui la prennent pour une folle.
Peu à peu, Annie perd ses repères, sa confiance en elle – Sophie la psy s’est installée quasi à demeure dans sa maison, pour faire une thérapie familiale avec le fils qui mange encore plus depuis le rejet de la sympathique vendeuse de chaussures – qui s’est mise à grossir de plus en plus ! Et Annie se retrouve en plein cauchemar.
La fin de « Do Eat » est une énorme surprise – jeu de mot idiot sur une pièce consacrée à l’obésité; cette pièce qui m’avait plutôt fait rire par son humour noir, grinçant, se termine sur une note si dramatique que du coup, j’étais presque triste. C’est malin !
Dominique Bréda nous avait déjà régalé (oui je sais, autre jeu de mot sur la nourriture) avec son « Purgatoire », vrai petit bijou d’humour noir, que j’avais adoré. Ici la fin est tout de même un sacré bémol.
Par contre, l’évidente critique sur les psys et la médecine m’a réellement beaucoup amusée, je ne sais pas si Bréda à un œuf à peler avec cette catégorie, mais c’est réussi.
Quant à l’interprétation et la distribution = elles sont impeccables – Nathalie Uffner est une Annie émouvante, gentille et caustique à l’égard des psys et autres médecins.
Laurence Bibot est à la fois la généraliste et ensuite Sophie la psy, rôle nettement plus long.
Jean-François Breuer est assez pathétique en fils obèse, effrayé par l’envie de maigrir de sa mère et dépressif après le rejet de la jeune femme rousse installée désormais chez eux; son numéro de danse destiné à la séduise est époustouflant.
Celle-ci est jouée par la sympathique Julie Duroisin, vraiment épatante elle aussi.
Quant aux costumes, ils sont très amusants, ces comédiens étant tous plutôt minces, les voir ainsi bedonnants, avec des bourrelets partout, c'était assez surprenant.