MON EXPERIENCE CINEMATOGRAPHIQUE, 3 - JOUR 2
lionel, kenny, patrick, anne
TEMPERANCE
Un court-métrage écrit et réalisé par Kenny Ozier-lafontaine
JOUR 2
J’arrive TOP à l’heure et je comprends tout de suite que l’ambiance est particulièrement électrique = le retard pris est considérable, aujourd’hui c’est au finish = le film doit être dans la boîte (façon de parler car tout est enregistré informatiquement).
Pas question de ne pas terminer ce vendredi – n’ayant rien de prévu, je peux rester comme on le veut, par contre Pascale stresse fort, elle devrait partir vers 19 heures.
La tension sur le plateau est à son comble, les nerfs sont à vif (nervosité typique de jeunes n’ayant pas pris de petit déj et étant en hypoglycémie), Kenny le réalisateur est très pointilleux mais mal organisé, cela pose problème.
Derniers raccords pour les scènes entre Eve et Marc, ensuite quelques raccords entre Maria et Samael, puis les scènes entre Samael et Eve. Tout le monde est à pied d’œuvre, enfin « à pied d’œuvre » est un grand mot = on prend surtout position et on recommence 10 fois la même scène. Tout autour de nous, les machinos et les électros s’agitent sous les ordres de la photographe. Et sans arrêt les raccords maquillage, on vient nous tapoter de la poudre blanche, je commence à avoir l’impression d’un masque de plâtre sur le visage.
L’après-midi, l’ambiance est nettement plus détendue = toute cette sympathique jeunesse a mangé. Barbara, l’une des figurantes qui est la maman de la régisseuse Valentine, a même apporté de quoi faire des hot-dogs, c’est du bonheur pour tous.
L’ambiance me plaît, je reste donc détendue en coulisses, je papote, je vais m’aérer, je bois un peu de café (bonjour l’insomnie !), cela court toujours partout et en fin de journée, la tension remonte d’un cran car il FAUT terminer, on en est loin il paraît. J’avoue que je trouve parfois le temps long, mais comme aujourd’hui je n’ai pas d’heure, je reste zen. Par contre ce maquillage de pâte et poudre blanche et rouge commence à me tirer le visage – j’ai envie de me gratter, mais heureusement l’adorable Fernando m’a donné un truc. Je suis en coulisses, avec Pascale très énervée, Yvan et Lionel lisent dans un coin. J'avais aussi emporté de quoi lire, mais je suis trop excitée à regarder ce qui se passe autour de moi = réglage incessant des éclairages (ma petite belle court dans tous les sens), re-positionnement des pièces du décor pour un meilleur résultat à l'image
Valentine la régisseuse a eu le courage d’affronter le concierge de l’école et lui a demandé de pouvoir rester jusqu’à 21 h ; il se fait d’abord tirer l’oreille, mais c’est un brave homme et il nous donne 21 h « dernière limite ! ».
On maquille les corps de Samael et Eve en bleu – rigolade du genre « tiens des schtroumps ! », ou moi « on se croirait dans Avatar ».
Ensuite, tous les figurants se mettent en place autour des corps bleus entourés d’un mélange d’eau, sirop d’airelles et autre couleur figurant le sang.
Pendant que les figurants se rhabillent et se démaquillent (OUF !), une immense OVATION se fait entendre = ça y est, on y est arrivé.
C'est un moment vraiment très émouvant, tout le monde se tombe dans les bras, applaudit, taquine le réalisateur (sentimentale comme je suis, j'en ai des larmes de joie - pour eux - dans les yeux).
Matthieu l’ingénieur du son, me remarque soudain sans maquillage et se saisit – nouvel éclat de rire général, moi la première – je le taquine en disant « je te fais peur hein, non maquillée ? » - le pauvre chou ne sait plus où se mettre, le script Baudry rigole et en rajoute une couche.
Il est 20 h 45, on emballe tout ce qui doit encore être mis sous clé, le décor doit être vide, le plateau doit être laissé en état (presque) impeccable pour d’autres tournages. On emporte les accessoires. Le concierge nous attend gentiment à la porte pour nous l’ouvrir.
L’expérience est terminée, on a tous un petit serrement de cœur car pendant deux jours on a été solidaires ; c’était merveilleux d’observer tous ces jeunes gens motivés, enthousiastes à leur travail pratique pour leur 2ème année d’études en cinéma, avec quelques coups de gueule mais surtout beaucoup d’énergie positive. Cela réchauffe le cœur d’observer cette entente, de sentir à quel point ce projet compte pour eux.
J’ai adoré rencontré cette jeune équipe où tous, absolument tous, étaient d’une grande gentillesse.
J’ai appris que lorsqu’on dit « Silence » c’est à peine si on peut encore respirer, car le moindre bruit perturbe une scène – ainsi il fallut reprendre lorsqu’une porte claqua dans l’immeuble, lorsqu’un tram passa dehors, lorsque quelqu’un descendit les escaliers, etc.
Et encore, ce Jour 2 étaient sans les autres élèves dans les classes et les couloirs.
Pour rien au monde je n’aurais voulu rater ça (merci à ma petite Lauren et à Fernando pour la barbe).