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mon bonheur est dans la ville
14 février 2012

LA POUDRE NOIRE DE MAITRE HOU, de Tran-Nhut

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3ème enquête du Mandarin Tân

Une pagode est attaquée par des pirates au large de l’île des Tombeaux,  et  quels pirates = de véritables morts-vivants – se seraient-ils échappés des tombeaux de l’île ? L’équipage ne va pas attendre la réponse et face au piège tendu par les pirates, abandonne le bateau.
Pendant ce temps, le mandarin Tân et son ami et assistant, le lettré Dinh, discutent avec leur ami français, un jésuite venu de Chine – c’est d’ailleurs en langue chinoise, classique que les trois amis conversent, notamment de l’histoire des velléités chinoises de vouloir assouvir le Dai-Viet. Mais petit pays ne signifie pas petit courage, et grâce à l’un de leurs rois, le Dai-Viet est libre … pour l’instant. Car des comptoirs commerciaux hollandais, portugais et français s’installent un peu partout en Orient et du port de Faifo transitent beaucoup de matières premières.
Le jésuite est très attiré par les sciences et le savoir de Chine, il compile ce qu’il apprend dans un petit livre car il est soucieux de prouver à l’Occident qu’il se trompe en prétendant qu’à l’Orient ce ne sont que des « sauvages ». 

Le mandarin Tän, informé par les rescapés de la pagode attaquée, apprend que l’on y a découvert le corps de deux femmes, vidées de leur sang, qui auraient porté des traces de bubons – dans ces contrées, les risques d’épidémie sont très forts et rien n’a été fait pour tenter de secourir les malheureuses, ce qui choque le mandarin.
Alors qu’il va commencer l’enquête sur cette attaque et la mort des deux passagères, on lui signale au mandarin qu’un gang inconnu vole les pierres tombales dans les cimetières de la ville. Dans une contrée où le culte des morts est fort respecté, ce sacrilège doit être puni – le problème est que les voleurs semblent aussi être des morts-vivants et en conséquence, tous les sbires du mandarin paniquent  à l’idée d’une telle enquête = être « touché » par un mort-vivant, c’est se vider de sa vie également.

Pour couronner le tout, le comte Diem, un des notables de la ville, a été assassiné alors qu’il se trouvait sur son balcon. Pourquoi avoir tué vieillard, connu pour sa vie particulièrement licencieuse, grand amateur de fêtes très particulières. Un mari jaloux à retardement ? Une femme offensée durant une de ces fêtes ? l’éventail est vaste. D’autant plus que la mort du comte est cousue de fil blanc (je n’ai pu m’empêcher cette « fine » astuce vu qu’un fil blanc a été trouvé dans un arbre à côté du balcon !)

Voilà notre mandarin et ses assistants, le lettré Dinh et le docteur Porc (à la fois médecin et légiste dans ce Vietnam de 17ème siècle) se retrouvant avec 3 affaires sur les bras, à résoudre un même temps. Il semblerait cependant qu’il y ait un lien commun entre ces affaires = la belle Madame Aconit, devenue la gardienne de la prison locale après avoir rejoint le monde des "errants".
Ces « errants » sont en réalité des hommes et des femmes qui refusent la société qu’ils considèrent comme injuste et vont de ville en ville, sans attache, recevant parfois pour un an un bout de terrain sur lequel ils peuvent installer des baraques de fortune.
Madame Aconit les a rejoint après avoir été accusée du meurtre de son richissime mari, mais à l’étonnement de tous a refusé cette fortune et est devenue « errante ».
La jeune femme est en fait une disciple des théories de Mo-tseu, un ancien disciple de Confucius qui s’est détourné de celui-ci estimant qu’il prônait une société injuste.

Bien qu’attiré par l’intelligence et la beauté d’Aconit, le fait qu’elle soit une moïste choque notre mandarin, confucéen convaincu.
Ce qui la relie à ces histoires est que son défunt mari était le frère du propriétaire de la pagode attaquée ; son emploi actuel de directrice de prison elle le doit à l’eunuque Clémence, directeur du port,  par qui transitent toutes les marchandises qu’il doit répertorier.
Et cet eunuque Clémence – marié au demeurant à la superbe Madame Libellule (mariage de raison qui arrange tout le monde) – est le frère du comte Diem. 

Une enquête très compliquée pour notre jeune mandarin, qui se rendra même en Chine afin d’obtenir certaines réponses car son ami le jésuite est aussi mêlé d’assez près de son enquête  par le fait qu’il était aussi l’ami de Madame Aconit. Les plaies qu’il porte sur le corps sont surprenantes, même le docteur Porc s’en étonne.

J’avais déjà apprécié le premier roman policier que j'avais lu des sœurs Tran-Nhut, qui ont écrit quatre enquêtes du mandarin Tân ensemble – à présent, l’une d’elles seulement poursuit l’écriture des romans policiers.
"L'Esprit de la Renarde" n'étaIt toutefois pas le premier volume de la série, celui-ci non plus d'ailleurs. Je crois que j'ai le premier volume dans ma PAL.

Ce personnage du mandarin Tân est bien sympathique, il est jeune et particulièrement intègre, ce qui gêne souvent les riches commerçants habitués à son prédécesseur qui fermait les yeux moyennant petite rétribution personnelle. Rien de tout cela n’est possible avec Tân.
Son seul défaut dans la cuirasse sont les jolies femmes, il parvient toujours à être attirée par celle qu’il ne faut pas, ce qui amuse beaucoup son ami le lettré Dinh, qui pour sa part adore les beaux atours mais pas trop les déplacements à cheval.
Tân est aussi un confucéen convaincu jusqu’à en être assez rigide dans ses convictions, il méprise les principes de Lao-Tseu et également de cet ancien disciple de Confucius, à savoir Mo-Tseu.

Il y a beaucoup d’humour dans les enquêtes du mandarin et ses acolytes, ses joutes verbales avec son ami le lettré, qui n’a absolument pas le même sens de la discipline que son chef. Par ailleurs, le personnage du docteur Porc – dont je n’ai pas de souvenance dans « L’Esprit de la Renarde », est un complément amusant.

Le roman est également riche en détails historiques sur les philosophies et histoire du Vietnam du 17ème siècle,  mais d’une manière qui s’imbrique parfaitement dans le récit, sans que ce soit fastidieux à lire.

Un beau moment de dépaysement, tant dans l’espace que dans le temps, une lecture délassante que j’ai eu envie de poursuivre dès que je l’eus entamée.

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Commentaires
N
très dépaysants en effet - et je savais que ce ne serait pas pour toi, j'ai déjà une autre victime :lol:
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M
Ces romans ont l'air intéressants, instructifs et dépaysants mais pas pour moi :-P
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N
:lol: non je pense surtout que les superstitions autour de la mort ont influencé une partie de son jugement
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T
Pas malin le mandarin :lol:
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N
c'est vrai, cela surprend - mais j'avais tout compris dès le départ, par contre il a fallu pratiquement tout le roman au mandarin pour qu'il comprenne ;)
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